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La mobilisation s'essouffle, les «gilets jaunes» préparent «l'acte 2»

Des "gilets jaunes" manifestent le 21 novembre 2018 sur un pont au-dessus de la N70 près de Montceau-les-Mines [PHILIPPE DESMAZES / AFP] Des "gilets jaunes" manifestent le 21 novembre 2018 sur un pont au-dessus de la N70 près de Montceau-les-Mines [PHILIPPE DESMAZES / AFP]

Après plusieurs jours de blocages et d'actions à travers la France, les «gilets jaunes» préparent l'«acte 2» de leur mouvement, avec notamment un rassemblement samedi à Paris, pour marquer les esprits et relancer une mobilisation qui montre des signes d'essoufflement.

Après avoir écarté le scénario d'un rassemblement place de la Concorde, le ministère de l'Intérieur a indiqué jeudi que les «gilets jaunes» mobilisés notamment contre les prix du carburant pourraient se réunir sur l'esplanade du Champ-de-Mars, près de la Tour Eiffel. «Ce lieu offr(e) les conditions de sécurité nécessaires», explique le ministère dans un communiqué, ajoutant que plusieurs demandes avaient été déposées en préfecture et qu'un «dispositif de sécurité» sera mis en place pour protéger les «lieux sensibles» de la capitale.

Une mobilisation protéiforme samedi

Mais des «gilets jaunes» ont rapidement rejeté cette hypothèse. «La manifestation n'aura pas lieu à cet endroit», a assuré sur LCI Priscillia Ludosky, l'une des personnes à l'initiative du mouvement en région parisienne. Une annonce sera faite vendredi, a-t-elle affirmé, en évoquant un rassemblement «au coeur de Paris, très certainement au niveau des Champs-Elysées».

Lancé sur les réseaux sociaux hors de tout cadre syndical ou politique, le mouvement veut faire du rassemblement parisien «l'acte 2» d'une mobilisation protéiforme qui a placé l'exécutif sur la défensive et plongé la majorité dans un certain désarroi.

Heurts dans le quartier du Chaudron le 20 novembre 2018 à Saint-Denis-de-la-Réunion [Richard BOUHET / AFP]
Heurts dans le quartier du Chaudron le 20 novembre 2018 à Saint-Denis-de-la-Réunion

«J'espère qu'il va y avoir une véritable marée jaune», affirme Frank Buhler, l'un des initiateurs du mouvement dans le Tarn-et-Garonne et auteur d'une vidéo où il appelait tous les «gilets jaunes» «à pied, à cheval et en voiture [à] parcourir la totalité des rues de Paris». Devant une affluence difficile à estimer -plus de 33.000 personnes se sont déclarées comme «participants» sur Facebook- et face à la crainte de débordements, le ministère de l'Intérieur a prévenu que «la réponse judiciaire sera intraitable en cas de troubles».

Des divisions

Mais ce rendez-vous parisien divise, l'argument financier ou la perspective de violences pouvant décourager certains de s'y rendre. «On va pas gaspiller du carburant, ça serait un peu bête», estime Tristan Lozach, qui coordonne le mouvement dans les Côtes d'Armor. La SNCF a démenti une «rumeur persistante» selon laquelle le port d'un gilet jaune samedi vaudrait titre de transport.

Certains «gilets jaunes» n'appellent pas à rallier le cortège parisien, comme Fabrice Schlegel, 45 ans, meneur à Dole (Jura), qui préfèrera une action «à l'échelle du département»: «D'abord, tout le monde n'a pas 150 euros à mettre pour faire le déplacement et puis on s'inquiète de la violence qu'il peut y avoir». A «la dernière grosse manifestation parisienne, le 1er mai, les 'black bloc' étaient de sortie et il y a eu beaucoup de casse. Je ne veux pas participer à quelque chose comme ça», poursuit-il.

Sur le terrain, le mouvement marquait le pas au sixième jour d'une mobilisation, qui s'est élargie à une contestation plus générale de la baisse du pouvoir d'achat et des taxes. Jeudi, le ministère de l'Intérieur recensait 5.107 manifestants et 268 manifestations en France, contre 15.000 mercredi. Quelques irréductibles continuaient à organiser des blocages épars en métropole, avec des barrages filtrants aux abords des dépôts pétroliers ou sur certains axes routiers dans le Pas-de-Calais, le Gard, l'Hérault, le Vaucluse, le Haut-Rhin ou en Nouvelle-Aquitaine.

Des heurts à la réunion

Les troubles se concentrent désormais sur l'île de La Réunion où, malgré l'instauration d'un couvre-feu nocturne, la situation restait tendue après une flambée de violences urbaines. «Nous serons intraitables car on ne peut pas accepter les scènes que nous avons vues», a réagi mercredi soir le président Emmanuel Macron, en annonçant l'envoi de renforts de gendarmerie.

Bien que moins nombreux, les barrages persistants en métropole désorganisent toujours le trafic. Chez les commerçants, l'inquiétude est «grande, surtout en cette période, avec (les promotions de) 'Black Friday' et les achats pour les fêtes de fin d'année qui débutent», a souligné le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), Jacques Creyssel.

Ces perturbations ont suscité des remous dans plusieurs pays frontaliers. Le ministère espagnol des Affaires étrangères s'est plaint jeudi des «obstacles à la libre circulation des marchandises» à la frontière basque; la circulation des poids-lourds vers l'Angleterre était perturbée à Calais avec le blocage de l'autoroute A16 menant au tunnel sous la Manche.

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