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Des gilets jaunes pâles ?

Si leur mobilisation faiblit en nombre, les gilets jaunes ont encore de la ressource. Si leur mobilisation faiblit en nombre, les gilets jaunes ont encore de la ressource. [© ERIC FEFERBERG / AFP]

A court de souffle ? Près de trois mois après son premier coup d’éclat, le mouvement des gilets jaunes semble perdre du terrain à mesure qu’il s’inscrit dans la durée.

Environ 58.600 personnes ont en effet défilé dans le pays, samedi, lors de l’acte XII, contre près de 70.000 le même jour, la semaine précédente, selon l’Intérieur. Des chiffres largement inférieurs au record atteint le 17 novembre (300.000 manifestants), preuve que la mobilisation, bien que tenace, tend à s’étioler.

Entre fatigue et détermination

Parmi les raisons possibles de cet essoufflement, l’usure d’être de nouveau dans la rue, après dix semaines de manifestations, mais aussi la désapprobation des violences commises par certains opposants, ou encore la peur face à la répression des forces de l’ordre. Autre cause évoquée, les désaccords internes sur les revendications et la future stratégie à suivre, en particulier autour de la perspective d’une liste gilets jaunes aux européennes, ou de la participation au grand débat national (GDN) lancé par l’Elysée.

Dans un registre plus terre à terre, ce sont aussi le travail de chacun et les impératifs du quotidien qui expliqueraient cette fatigue. Sans compter l’éventuelle satisfaction de certains après les concessions du gouvernement, ou au contraire, l’impression que manifester ne sert plus à rien, dès lors que ce dernier a déjà exclu de changer de cap.

Reste que, si leur mobilisation faiblit en nombre, les gilets jaunes ont encore de la ressource. D’une part, certains sont toujours sur le pied de guerre après des mois de lutte, alors que beaucoup prédisaient qu’ils ne passeraient pas Noël. Du jamais vu, pour un mouvement sans leader attitré, ni relais politique ou syndical. «S’ils sont certes très minoritaires en nombre, il y a un noyau dur qui reste fortement mobilisé», explique le spécialiste des mouvements sociaux Rémi Bourguignon, chercheur à l'IAE de Paris-Sorbonne.

D’autre part, ils imaginent de nouveaux modes de contestation pour se faire entendre : site concurrent au GDN, manifestations nocturnes… Au-delà de la constitution de listes pour les européennes, une «grève illimitée» est ainsi annoncée dès demain, en même temps qu’une manifestation nationale à l’appel de la CGT – ce qui pourrait amorcer une convergence des luttes. «De toute façon, il va falloir apprendre à vivre avec les gilets jaunes jusqu’à la fin du quinquennat», glissait récemment au Parisien une ministre peu optimiste.

Un épilogue par les urnes ?

Face à ce conflit qui évolue, l’exécutif cherche la meilleure sortie de crise. Dernière piste en date, la possibilité d’organiser un référendum le 26 mai, jour des européennes, sur des sujets institutionnels, comme la reconnaissance du vote blanc. Une mesure qui pourrait satisfaire les partisans du référendum d’initiative citoyenne (RIC). «Un référendum est un risque pour Macron, mais peut dynamiser le GDN en lui donnant un enjeu», selon Rémi Bourguignon.

En attendant, l’exécutif mise sur d’autres invitations au dialogue. A l’image de la ministre Marlène Schiappa qui s’est rendue chez Cyril Hanouna, d’Edouard Philippe qui a récemment discuté avec des jeunes en Essonne, ou encore du président, qui va s’entretenir dès ce lundi avec les patrons de partis et les chefs de groupes parlementaires. L’objectif, selon lui : instaurer un «débat permanent». Quitte à ce que l’actualité soit dominée par les gilets jaunes pour encore des mois ?

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