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Saint-Etienne : des micros dans les rues pour lutter contre l'insécurité

Une cinquantaine de capteurs sonores seront installés prochainement dans un quartier sensible de Saint-Etienne (Loire). Une cinquantaine de capteurs sonores seront installés prochainement dans un quartier sensible de Saint-Etienne (Loire). [Philippe HUGUEN / AFP]

La ville de Saint-Etienne (Loire) s'apprête à expérimenter à partir de ce mois-ci, pendant six mois, un système de micros dans un quartier réputé difficile, dans le but de lutter contre l'insécurité. Une première en France.

En cas de bruit anormal (accident, cri, coup de feu, bris de glace, agression...) à proximité de l'un de ces cinquante micros - ou «capteurs sonores» comme préfèrent les appeler les élus stéphanois - installés dans le quartier Tarentaize-Beaubrun-Couriot, le centre de supervision urbaine de la police municipale sera alerté immédiatement, permettant aux forces de l'ordre d'intervenir plus rapidement. Ce dispositif sera utilisé de concert avec les caméras de vidéosurveillance déjà existantes.

Mais la mairie se défend de tout «flicage» des 7 000 habitants du quartier. «Que les gens se rassurent, nous n’allons pas les espionner», ont prévenu au Parisien Jean-Pierre Berger et Jean-Noël Cornut, élus de la municipalité. «Le système ne permet pas d’enregistrer les conversations, ni même de les entendre. Il captera uniquement les alertes», a précisé au journal Sébastien Valla, le directeur des systèmes d’information et du numérique de la ville de Saint-Etienne. Il s'agit en effet de micros «intelligents», capables de faire la différence, grâce à des algorithmes, entre des bruits normaux, comme des conversations, et des sons suspects.

«Pas Big Brother»

«Ce dispositif, ce n’est pas Big Brother. (...) La Commission nationale informatique et libertés (CNIL) a d’ailleurs donné son feu vert pour cette expérimentation», a assuré au Parisien Fabrice Koszyk, dirigeant associé chez Serenicity, la start-up stéphanoise qui a développé la plate-forme digitale par laquelle transiteront les alertes sonores. En effet, «il ne s’agit pas de captations de données à caractère personnel», a expliqué l'organisme au Progrès pour justifier son accord.

Le système profite d'un flou juridique, car il n'existe aucune réglementation légale à propos de la captation vocale dans l’espace public en France, contrairement à la vidéosurveillance. Ainsi, une bande audio peut-être réécoutée sans limites. L'expérimentation comporte donc un volet réglementaire pour fixer les limites de cette pratique.

Un dispositif qui existe déjà aux Etats-Unis

C'est une société américaine, Analog Devices, qui fournira à la ville les capteurs sonores, dont la taille est celle d'une pièce de deux euros. Ils seront placés en hauteur, de façon à avoir un meilleur angle pour capter les sons. Un dispositif à peu près similaire existe déjà aux Etats-Unis, mais les micros y sont paramétrés pour pouvoir reconnaître seulement les coups de feu.

Des questions restent tout de même en suspens, notamment celle de l'information aux habitants. L’emplacement des micros sera-t-il signalé aux riverains ? «La signalétique est une question qui n’est pas encore tranchée», ont répondu au Parisien Jean-Pierre Berger et Jean-Noël Cornut.

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