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Le grand bilan du grand débat

Le président a assuré que ses choix ne seraient «ni un reniement de ce qui a été fait, ni un entêtement». Le président a assuré que ses choix ne seraient «ni un reniement de ce qui a été fait, ni un entêtement». [© PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP]

L’heure de l’inventaire. Plus de deux mois après le lancement du grand débat national, Edouard Philippe doit livrer ce lundi, au Grand Palais à Paris, la synthèse des contributions des Français.

Le Premier ministre dévoilera ensuite, mardi devant l’Assemblée nationale, et mercredi devant le Sénat, les mesures qu’il compte en retenir. Un bilan très attendu, auquel assisteront quelque cinq cents personnes – près de la moitié des ministres, les cinq «garants» de la consultation, des maires, mais aussi des citoyens et des figures de la société civile.

L’occasion d’esquisser des premières propositions, mais surtout de préparer le terrain en amont des annonces de l’Elysée, dévoilées au plus tôt mi-avril.

Des mesures réclamées

La masse de contributions ayant donné lieu à 1 500 pages de synthèse, le gouvernement va pouvoir piocher. Si, selon sa porte-parole, Sibeth Ndiaye, «tout est sur la table, rien n’est décidé», certaines pistes ont davantage de chances d’être retenues. Parmi elles, la refonte du barème de l’impôt sur le revenu, pour soulager les classes moyennes, mais aussi la revalorisation des retraites, avec la réindexation des pensions modestes sur l’inflation ou de nouveaux leviers pour financer la dépendance. Autre dossier qui pourrait bouger : la transition écologique, par exemple en facilitant le recours aux transports en commun et au covoiturage.

Certaines propositions, plus institutionnelles, pourraient aussi être reprises, comme un encadrement des salaires des hauts fonctionnaires, un écrémage du nombre de parlementaires, ou une reconnaissance du vote blanc. «Un ou deux actes forts pour la justice fiscale et le pouvoir d’achat pourraient changer la donne», estime Frédéric Dabi, de l’Ifop.

A l’inverse, l’Etat semble avoir déjà tracé des lignes rouges. Les deux ministres coanimateurs du débat, Sébastien Lecornu et Emmanuelle Wargon, ont affirmé dimanche à Ouest France qu’il n’y avait pas «unanimité» sur les «totems», tels que le rétablissement de l’ISF, l’instauration du référendum d’initiative citoyenne (Ric), ou la fin des 80 km/h. Dans le JDD, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a, lui, exclu l’idée d’une TVA à 0 % sur les produits de première nécessité, pourtant plébiscitée par 90 % des Français (Ifop).

«Il n’y aura pas une grande mesure qui mettra tout le monde d’accord», prévient un ténor de la majorité. Un déminage que le président avait déjà amorcé la semaine dernière, en rencontrant des élus en Bretagne, assurant que ses choix ne seraient «ni un reniement de ce qui a été fait, ni un entêtement».

Une sortie à risque

Attendu sur des mesures qu’il a promises «concrètes», l’exécutif va devoir jouer les équilibristes pour espérer sortir de la crise. Car, non seulement le débat est, depuis ses débuts, qualifié aussi bien de «mascarade» que de «campagne déguisée» pour les européennes par l’opposition, mais l’opinion est tout aussi sceptique : 68 % des Français pensent que le gouvernement ne tiendra pas compte de leurs propositions. A charge à Emmanuel Macron de leur donner tort.

«L’enjeu est de faire des concessions sans casser son image de président réformateur», résume Frédéric Dabi. Et «si on ne réussit pas, on est foutu dehors et le pays prend feu», prédit même un ministre au micro d’Europe 1. C’est donc bel et bien l’acte II du quinquennat qui se joue.

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