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L’OCDE se prononce en faveur d’un relèvement de l’âge effectif de la retraite en France

Le rapport de l'OCDE intervient à un moment où le débat sur l'âge de départ à la retraite est très vif en France. [Photo d'illustration / PHILIPPE HUGUEN / AFP]

Dans une étude consacrée à la France publiée mardi 9 avril, l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) plaide pour un relèvement de l'âge effectif de la retraite dans l'Hexagone. De quoi relancer un peu plus le débat en cours, très vif, dans le pays.

Concrètement, l'OCDE, dont la mission officielle est de promouvoir les politiques en faveur du bien-être économique et social partout dans le monde, émet cet avis dans le but d'encourager Paris à diminuer sa dépense publique, celle-ci n'ayant cessé de croître ces dernières années.

D'après France Stratégie, dans un rapport distinct publié le 7 avril dernier, la dépense publique du pays s'élevait en effet, en 2017, à 1.300 milliards d'euros, soit 56,5 points de PIB. Un niveau inégalé dans toute l'Union européenne.

Dans ce contexte, et au moment où la croissance hexagonale ralentit, l'OCDE appelle ainsi Paris à mettre en place «de nouvelles mesures pour relever l'âge effectif de départ du marché du travail», qui est actuellement très exactement de 62,7 ans, tout en plaidant pour un abaissement de la fiscalité. 

Des recommandations qui se situent dans la droite ligne des réformes mises en place par Paris et que l'Institution encourage donc à poursuivre.

D'autant plus que, maintenant sa prévision de croissance pour la France à 1,3 % contre 1,6 % l'an dernier, l'OCDE prévient que «le ralentissement attendu chez les principaux partenaires commerciaux de la France», comme l'Allemagne, «pèsera sur les exportations et l'investissement des entreprises».

«Un ralentissement plus brutal que prévu dans les pays avancés, notamment en Europe, réduirait les exportations et l'investissement», ajoute l'Organisation qui, dans le même temps, salue «la progression de l'emploi, la hausse des salaires réels, les baisses d'impôts et la diminution des prix du pétrole qui soutiendront la consommation des ménages».

Par ailleurs, même si elle estime que les mouvements sociaux ont «pesé» sur l'activité en 2018, l'OCDE accueille plutôt favorablement les «mesures sociales prises» par Emmanuel Macron pour apaiser la crise des «gilets jaunes», car elles «accroîtront, elles aussi, le revenu disponible et la consommation des retraités et des personnes percevant de bas salaires».

Une recommandation qui pourrait alimenter le flou ambiant 

Reste que si, dans le détail, les avis de l'OCDE à l'égard de la politique économique hexagonale sont plutôt mesurés, sa recommandation d'un relèvement de l'âge effectif de la retraite en France risque bien d'ajouter à la cacophonie ambiante sur le sujet et qui agite la majorité depuis plusieurs semaines.

Ainsi, alors qu'Emmanuel Macron avait, lors de la campagne présidentielle, assuré qu'aucune modification de l’âge légal de départ à la retraite ne serait envisagé, plusieurs voix dissonantes se sont, ces dernières semaines, élevées.

En arguant que la durée de vie des Français «augmente», la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, avait, le 17 mars dernier, mis le feu aux poudres en indiquant ne pas être hostile, «à titre personnel», à un relèvement de l'âge de départ.

Une déclaration qui avait mis en porte-à-faux Jean­-Paul Delevoye, le haut­ commissaire chargé de la réforme en cours, qui, lui, s’est engagé à ne pas repousser l’âge de la fin d’activité, jusqu'à mettre sa démission dans la balance, selon des informations de presse.

Mais l'aile droite de la majorité, Edouard Philippe en tête, n'a depuis cessé de relancer à son tour le débat, ne serait-ce que pour financer la réforme de la dépendance.

De son côté, l’aile gauche s’inquiète enfin d'un possible revirement d'autant plus que la question de savoir s’il faut reculer l’âge de la retraite a été posée dans le cadre du grand débat national

De quoi alimenter un grand flou qui exaspère les organisations syndicales y compris la CFDT, pourtant favorable à une profonde réforme.

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