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Gilets jaunes, élections européennes... Les 5 dossiers chauds qui attendent Macron en 2019

Nombre de chantiers explosifs attendent le chef de l'Etat pour l'année 2019. Nombre de chantiers explosifs attendent le chef de l'Etat pour l'année 2019. [© Ludovic MARIN / AFP]

Après une année particulièrement difficile pour l'exécutif, Emmanuel Macron va devoir s'attaquer en 2019 aux futurs gros chantiers dans un climat social explosif.

Si 2018 n'a pas été une mince année pour le chef de l'Etat, désarçonné par le feuilleton de l'affaire Benalla, les démissions rocambolesques de Nicolas Hulot et Gérard Collomb, sa cote de popularité au plus bas, les timides résultats de croissance, ou encore le mouvement des gilets jaunes, qui apparaît comme la première grande crise sociale du quinquennat, l'année 2019 ne devrait pas non plus être de tout repos.

des réformes structurelles à imposer

Après la révision du Code du travail et de l'anti-terrorisme en 2017, la refonte de la politique migratoire ou encore de la formation professionnelle en 2018, Emmanuel Macron entend désormais lancer une autre série de réformes destinées à «transformer» le pays.

Parmi elles, la modification du système de l'assurance-chômage, dont les discussions vont se clore fin février. Une réforme qui prévoit d’ouvrir les allocations aux salariés démissionnaires et aux indépendants, mais aussi de renforcer le contrôle des 5,6 millions de chômeurs, afin de réaliser entre 3 et 3,9 milliards d'euros d'économies d'ici à 2022. Compte tenu du contexte de mécontentement social, ces sacrifices risquent de mal passer. Par ailleurs, des efforts (200 millions d'euros d'économies) seront aussi réclamés aux intermittents du spectacle.

Autre chantier piégé, la réforme des retraites, dont les négociations vont reprendre le 7 janvier après avoir été décalées de plusieurs semaines. Principal changement dans les rouages : tous les régimes de retraite pourraient fusionner en un seul à partir de 2025, suivant le principe qu’un euro cotisé garantit à tous les mêmes droits. Le texte, qui prévoit une mise en place du nouveau système à partir de 2025, ne devrait être examiné par le Parlement qu'après les européennes de mai. Un chamboulement qui touchera notamment les fonctionnaires, déjà concernés par la réforme de la fonction publique (suppression de 120.000 postes d'ici à 2022, embauches hors-statut de fonctionnaire...).

Autant de mesures censées booster l'économie, selon l'exécutif. Alors que la dette publique frôle désormais le seuil symbolique de 100 % du PIB, le chef de l'Etat sera donc attendu au tournant de la croissance, qui devrait culminer à 1,5 % pour 2018, soit 0,7 point de moins qu'après son arrivée au pouvoir en 2017. Le déficit, lui, devrait tomber à 3,2 % du PIB pour 2019, mesures d'urgence pour les gilets jaunes obligent.

Des réformes politiques à défendre

Chantier plus politique, également sur la table de 2019 : la révision de la Constitution annoncée par le président, qui devait être discutée dès l'été 2018, mais reportée pour cause d'affaire Benalla. Le projet de loi sera finalement examiné après le grand débat national de trois mois organisé en réponse aux gilets jaunes. Au menu : réduction de 30 % du nombre de parlementaires, introduction de 15 % de proportionnelle pour les élections législatives, suppression de la Cour de justice de la République, réforme du Conseil supérieur de la magistrature et du Conseil économique, social et environnemental...

De son côté, la révision de la PMA, prévue pour janvier, ne sera examinée qu'à partir de l'été prochain, fait-on savoir chez LREM. Promesse de campagne de Macron, la réforme prévoit d'ouvrir la procréation médicalement assistée aux femmes célibataires et aux couples lesbiens. Un projet qui pourrait susciter une levée de boucliers de la part des plus conservateurs, à l'image de la Manif pour tous, qui milite contre mariage gay.

Des gilets jaunes à convaincre

Alors que l'Elysée a dégainé plusieurs mesures pour le pouvoir d'achat en réponse aux revendications des gilets jaunes, le mouvement s'est dit en majorité insatisfait de ces concessions, et prêt à continuer la lutte. Certains avaient ainsi prévu un septième samedi de mobilisation à Paris mais aussi en région à quelques jours du Nouvel An.

L'Elysée espère désormais calmer la colère avec une «grande concertation» nationale, organisée sur tout le territoire avec les acteurs locaux, qui devrait déboucher sur «des décisions très concrètes», selon le gouvernement. Quatre thèmes sont au programme – transition écologique, fiscalité, citoyenneté et organisation de l'Etat – mais c'est sans conteste la question de la justice fiscale, le nerf de leur guerre, qui devrait faire débat. Mais fort est à parier que les mutations seront à la marge, le gouvernement ayant déjà prévu de «garder le cap».

Or, le mouvement des gilets jaunes, en recul depuis quelques semaines, pourrait bien repartir de plus belle en 2019, dopé par son opposition aux réformes et économies annoncées par l'Etat. «Ce mouvement pourrait se réactiver très vite, car les structures de coordination existent, notamment sur les réseaux sociaux, cela va très vite», note Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à Lille 2. Selon lui, «Emmanuel Macron, pour la première fois, a cédé. Les gilets jaunes [ont eu] cette victoire symbolique, donc ils peuvent réactiver le mouvement en disant : 'les mêmes causes peuvent produire les mêmes effets'».

D'autant que la mise en place du prélèvement de l'impôt à la source dès janvier risque de cristalliser la grogne : bien que le changement ne soit qu'artificiel (les impôts doivent être payés de toute façon), les salariés vont découvrir une baisse de revenus sur leur prochaine fiche de paie, ce qui peut avoir un fort impact psychologique. 

Un capital politique à relancer

Emmanuel Macron peut-il encore réformer malgré son impopularité tenace et les gestes accordés face à la rue ? Selon le dernier sondage Ipsos, en effet, pas plus de 20 % des Français soutiennent encore le président, jugé trop «autoritaire» ou «arrogant». Un score plus qu'inconfortable quand il s'agit de faire passer des réformes impopulaires. «A partir d'aujourd'hui, les Français vont sortir systématiquement dans la rue quand ils ne seront pas d'accord avec les mesures du gouvernement. Cet esprit de rébellion et de révolte aura des conséquences durables», estime Frédéric Sawicki, politologue et spécialiste du militantisme à Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Le capital politique en berne du président s'explique aussi par la crise de la démocratie représentative, propre à bon nombre de démocraties libérales. Une des solutions à cette défiance généralisée serait alors de donner davantage la parole à la population, de développer la démocratie participative. Par exemple, en s'emparant de la question du référendum d'initiative citoyenne, revendication phare du mouvement ? Le gouvernement s'est dit ouvert au dispositif, mais sous strictes conditions.

En outre, la crise des gilets jaunes et les récents couacs (affaire Benalla, démissions de ministres...) ont mis en lumière un problème de taille : l'absence de poids lourds politiques prêts à défendre Macron en cas de turbulences, à l'exception du Premier ministre Edouard Philippe, régulièrement envoyé au feu ces derniers mois. D'autant que, dans son entourage, le président n'a pas vraiment de solution de rechange politique, de fidèles lieutenants susceptibles de monter au créneau, comme l'ont montré les deux derniers remaniements.

Des européennes à remporter

Premier scrutin depuis la présidentielle, les élections européennes de mai prochain s'annoncent cruciales. A ce jour, selon un récent sondage Odoxa, le RN est en tête des intentions de vote à 21 %, au coude-à-coude avec LREM (19 %), devant les Insoumis (10,5 %) et LR, qui s'effondre à 8 %.

Ce scrutin va être l'occasion pour le camp macroniste de remobiliser ses électeurs sur un sujet qui leur est favorable. En se positionnant comme meilleur barrage au RN – les «progressistes» contre les «nationalistes» –, LREM pourrait en tirer un avantage et renouer avec son image de «parti du nouveau monde», étant donné la cacophonie de l'opposition.

Mais ce scrutin pourrait aussi se transformer en un vote-sanction contre la politique du gouvernement, et aboutir à la victoire de l'extrême droite. Plus qu'un scrutin pour choisir ses représentants au Parlement européen, c'est donc un référendum pro ou anti-Macron qui risque de se tenir malgré soi dans les urnes. Et pour certains, la campagne électorale fait rage depuis mai 2017.

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