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Les gagnants et les perdants des annonces de Macron

Les retraités font partie des gagnants des mesures annoncées par Emmanuel Macron, au contraire notamment des entreprises. Les retraités font partie des gagnants des mesures annoncées par Emmanuel Macron, au contraire notamment des entreprises. [Ludovic MARIN / AFP ]

A l'occasion d'une conférence de presse à l'Elysée, la première de son quinquennat, Emmanuel Macron a présenté jeudi 25 avril une série de mesures, issues du grand débat national. Retraités, entreprises, classes moyennes... Qui sont les gagnants et les perdants de ces annonces ?

Les gagnants

Les retraités

Un rétropédalage en règle. Emmanuel Macron a décidé de revenir sur l'une des mesures mises en place par son gouvernement en fin d'année dernière pour faire des économies budgétaires. Le chef de l'Etat a en effet annoncé que toutes les retraites seraient de nouveau réindexées sur l'inflation, dès le 1er janvier 2020 pour celles de moins de 2.000 euros, et à partir de 2021 pour les autres. Un véritable gain de pouvoir d'achat pour les retraités, dont les pensions ont été revalorisées de seulement 0,3 % en 2019, alors que l'inflation était de 1,8 % en 2018.

Le président de la République a également indiqué qu'il souhaitait que la «retraite minimale» pour une carrière complète soit portée à 1.000 euros par mois, contre 637 euros aujourd'hui (et 696 euros si le retraité justifie d'au moins 120 trimestres cotisés).

Les classes moyennes

Lors de sa synthèse du grand débat, le 8 avril dernier, le Premier ministre Edouard Philippe avait fait état d'une «immense exaspération fiscale» chez les Français. En réponse, Emmanuel Macron a fait un geste en direction des ménages qui en payent le plus proportionnellement à leurs revenus : les classes moyennes. Le chef de l'Etat a en effet annoncé qu'il voulait réduire «significativement» l'impôt sur le revenu de «ceux qui travaillent». Une diminution que le président a estimée à 5 milliards d'euros.

Ce vendredi 26 avril, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a précisé sur LCI que cette réduction d'impôts concernerait 15 millions de foyers fiscaux. Elle sera d'environ 10 % et entrera en vigueur dès le 1er janvier 2020, a affirmé le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin sur RTL.

Les familles monoparentales

En France, 40 % des pensions alimentaires sont partiellement ou totalement impayées. Pour lutter contre ce fléau, Emmanuel Macron souhaite que les caisses d'allocations familiales (CAF) puissent «prélever les pensions alimentaires» non versées par les ex-conjoints. Une mesure qui vise particulièrement les mères célibataires, qui représentent 85 % des familles monoparentales en France.

Malgré tout, cette annonce pose question, car il existe déjà une agence de recouvrement des pensions alimentaires, l'Aripa, créée début 2017. Mais son efficacité est contestée, puisque seulement 12 % des victimes d'impayées se tourneraient vers cet organisme, selon un récent rapport du think tank Terra Nova, classé à gauche. «Le gouvernement veut désormais aller plus loin et garantir un dispositif efficace», a précisé dans un communiqué Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes.

Les perdants

Les entreprises

Pour financer les baisses d'impôts des classes moyennes, Emmanuel Macron a annoncé que des niches fiscales bénéficiant aux entreprises seraient supprimées, sans toucher à celles des particuliers. Il n'a pas précisé lesquelles il visait, laissant le gouvernement y travailler. La niche Copé, du nom de l'ancien ministre du Budget Jean-François Copé, votée en 2004, pourrait être dans le viseur. Celle-ci permet une exonération partielle d'impôt sur les plus-values à long terme sur la cession de filiales et de titres de participation.

Ces déclarations d'Emmanuel Macron ont provoqué la colère du patronat. Sur Franceinfo, le président délégué du Medef, Patrick Martin, a fait savoir vendredi 26 avril que les entreprises ne voulaient pas «être la variable d'ajustement des mesures généreuses ou nécessaires annoncées».

L'ENA

La volonté d'Emmanuel Macron de supprimer l'Ecole nationale d'administration (ENA), qui forme les hauts fonctionnaires, avait fuité dans la presse. Le président - qui est lui-même passé par l'ENA - l'a confirmée durant sa conférence de presse jeudi. «Non pas pour se donner plaisir de supprimer», mais pour «bâtir quelque chose qui fonctionne mieux», a expliqué le président.

Dans le cadre d’une grande réforme de la haute fonction publique, le chef de l'Etat a également annoncé une autre disparition, celle des grands corps, qui sont les structures où sont élaborées et mises en œuvre les politiques de l’Etat (Inspection des finances, Cour des comptes, Conseil d’Etat...). «Nous avons besoin de filières d’excellence, nous n’avons plus besoin de protection à vie», a-t-il justifié.

Les gilets jaunes

Même si Emmanuel Macron a répondu à certaines des revendications des gilets jaunes (baisses d'impôts, revalorisation des retraites, introduction d'une dose de proportionnelle à l'Assemblée...), de nombreuses demandes des manifestants ont été écartées par le locataire de l'Elysée.

Parmi elles, le référendum d'initiative citoyenne (RIC), revendication phare de nombreux gilets jaunes, qui «semble remettre en cause la démocratie représentative» selon Emmanuel Macron. Ce dernier souhaite toutefois faciliter l'accès au référendum d'initiative partagée (RIP), en abaissant le seuil de signatures nécessaires à un million (contre 4,5 millions aujourd'hui).

Le chef de l'Etat a également fermé la porte au rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), remplacé le 1er janvier 2018 par l'impôt sur la fortune immobilière (IFI). Mais il a répété que la réforme serait «évaluée en 2020», et corrigée si besoin.

Emmanuel Macron a également rejeté la reconnaissance du vote blanc, et n'a pas évoqué l'annulation de la baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires ni la TVA à 0 % sur les produits de première nécessité.

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