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Nathalie Loiseau : «Un projet de retour du progrès en Europe»

Nathalie Loiseau appelle notamment à mettre en place un salaire minimum européen, adapté à chaque pays. Nathalie Loiseau appelle notamment à mettre en place un salaire minimum européen, adapté à chaque pays. [Lewis Joly / SIPA pour CNEWS]

Pour les élections européennes, qui auront lieu le dimanche 26 mai, Nathalie Loiseau, tête de liste La République en marche (LREM), mise sur des mesures sociales, ainsi que sur la transition écologique.

Pour une «renaissance» de l’Europe. Le programme de la liste menée par Nathalie Loiseau, diplomate de carrière et ex-ministre des Affaires européennes, insiste sur la nécessité de refonder l’UE, dans l’optique de mieux protéger les citoyens français et européens, notamment sur les plans écologique, sociale et sécuritaire.

Quel est l’enjeu principal de ces élections européennes ?

Pour la France, c’est de retrouver sa voix en Europe. Depuis deux ans, Emmanuel Macron a un leadership européen très fort. Il a besoin d’avoir au Parlement européen des députés qui défendent les intérêts des Français. Nous venons de passer cinq ans avec le Rassemblement national comme parti français le plus représenté au Parlement européen. Une formation qui est contre le projet européen et qui s’est toujours opposée à tous les progrès possibles. Nous voulons mettre fin à cette perte d’influence de la France.

Et puis nous souhaitons proposer un projet de retour du progrès en Europe, au bénéfice des Français : en matière écologique, économique et social, mais aussi de maîtrise de notre territoire, de notre sécurité et de nos frontières.

Que souhaitez-vous dire aux électeurs qui ne croient plus en l’Europe ?

L’Europe est notre maison commune. La direction qu’elle prend, c’est celle qu’on lui donne, notamment au travers des élections européennes. Il ne faut jamais oublier ce que l’Europe a fait pour nous : un espace de paix, de prospérité, de stabilité et de solidarité.

Mais il faut demander plus à l’Europe aujourd’hui. Elle doit mieux protéger notre modèle social. Il faut également qu’elle fasse plus en matière de transition écologique et de progrès technologique. Sinon, le monde de demain sera dessiné par d’autres que les Européens, qui n’ont pas fait les mêmes choix de société que nous, comme la Chine.

Pourquoi avoir placé l’écologie en tête des priorités dans votre programme ?

C’est, sur le plan chronologique, la première urgence. Nous sommes la génération qui peut encore agir. Ensuite, il sera trop tard. Etre capable d’avoir demain des énergies et des transports propres, d’avoir un air plus pur, d’habiter sur un continent neutre en carbone, cela se décide maintenant.

Sinon, le risque est d’avoir bientôt une planète inhabitable. Ce sujet est de la responsabilité de chacun. Mais l’Union européenne, par le caractère massif de ses interventions, constitue une clé pour réussir cette nécessaire transition écologique.

La politique environnementale menée par Emmanuel Macron en déçoit pourtant certains...

Nous sommes d’accord pour dire qu’aucun gouvernement n’en fait encore assez pour la transition écologique. Mais sur le glyphosate par exemple, c’est la France qui a demandé à ce que l’on en sorte en trois ans, là où nos partenaires voulaient le faire en dix à quinze ans. Le compromis s’est fait sur cinq ans, grâce à l’insistance de la France. Nous voulons être capable de sortir du glyphosate, mais en ne laissant personne de côté.

Quelle est votre position sur la politique migratoire de l’UE ?

Nous avons besoin de sauvegarder l’espace Schengen, car la liberté de circulation est un atout pour nos entreprises et nos citoyens. Mais nous ne pouvons pas conserver Schengen si tous les Etats ne jouent pas le jeu.

Il s’agit de contrôler ses frontières extérieures, en s’appuyant sur l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, mais aussi de prendre sa part de l’entraide. Cela peut passer par exemple par l’accueil de réfugiés, qui fuient la guerre ou la persécution, ou par la mise à disposition de moyens matériels et financiers pour mieux contrôler nos frontières ou raccompagner dans leur pays d’origine ceux qui ne relèvent pas du droit d’asile. Il ne peut y avoir de solution qu’européenne.

Certains de vos adversaires vous accusent de manquer d’humanité sur l’accueil des migrants...

Aujourd’hui, des passeurs, véritables trafiquants d’êtres humains, décident de qui vient sur notre sol, dans des conditions épouvantables. Ce n’est pas possible. Nous voulons combattre encore plus efficacement ce trafic, qui porte atteinte à la dignité humaine. Cette politique a déjà montré des résultats, car les entrées en Italie ont été divisées par dix entre 2015 et fin 2017.

Il faut continuer, mais dans le respect de la personne. Il est hors de question de prévoir des centres d’examen du droit d’asile en Libye, un pays en pleine guerre civile et où les droits de l’Homme ne sont pas protégés.

Pourquoi appelez-vous à mettre en place un salaire minimum européen, adapté à chaque pays ?

Nous avons un marché commun, des économies de plus en plus imbriquées, mais des différences salariales considérables. En Bulgarie, le salaire minimum est à 300 euros, alors qu’il est à 2 000 euros au Luxembourg. Ce n’est pas tenable.

Nous voulons une convergence vers le haut, et non baisser le salaire minimum français. L’objectif, c’est d’inciter nos partenaires, dont les salaires sont les plus bas, à les monter. Nous ne pouvons pas accepter qu’il y ait des travailleurs de deuxième classe dans l’UE, ainsi qu’un dumping social qui crée du chômage dans les pays les plus riches.

Que pourrait changer pour les Français l’harmonisation sociale et fiscale que vous prônez ?

Les PME et les travailleurs français ne seraient plus mis en concurrence de manière déloyale avec des salariés et des entreprises d’autres pays de l’UE. Une harmonisation fiscale permettrait à une société française d’être aussi compétitive qu’une entreprise d’un autre Etat européen.

Il faut ainsi lutter contre l’optimisation fiscale, notamment des géants du numérique, qui payent quatorze points d’impôt sur les sociétés de moins qu’un boulanger ou qu’un plombier français.

L’Europe peut-elle faire entendre davantage sa voix sur la scène internationale ?

C’est une nécessité. Ce qui serait dramatique, ce serait d’émietter l’Europe. C’est ce que souhaitent nos concurrents. Les Etats-Unis de Donald Trump décrivent l’UE comme leur adversaire. Ce n’est pas un hasard. A 28, nous sommes puissants mais, dispersés, nous sommes à la merci d’une vassalisation.

Lorsque Donald Trump a imposé des tarifs douaniers pour l’importation d’acier et d’aluminium européens, nous avons répondu à 28 en prenant des contre-mesures. Depuis, Donald Trump est prêt à discuter. Si nous avions réagi séparément, rien ne se serait passé.

Comment expliquez-vous les nombreuses polémiques qui ont marqué votre campagne ?

Quand vous êtes la tête de liste de la majorité, c’est «tous contre une». Avec des attaques et des polémiques disproportionnées, qui visent à parler de tout sauf de la défense des intérêts des Français en Europe. Certains de nos opposants ont tout fait pour parler d’autre chose, peut-être parce qu’ils n’ont pas vraiment de projet.

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