En direct
A suivre

Jean-Pierre Elkabbach : «Jacques Chirac avait une telle présence, une telle force physique»

Pour Jean-Pierre Elkabbach, on se souviendra notamment de Jacques Chirac pour son refus de la guerre américaine en Irak. Pour Jean-Pierre Elkabbach, on se souviendra notamment de Jacques Chirac pour son refus de la guerre américaine en Irak. [CNEWS]

L'ex-président de la République Jacques Chirac est décédé ce jeudi matin. Jean-Pierre Elkabbach, journaliste politique et intervieweur sur la chaîne CNEWS, se souvient d'un homme indépendant, difficile à interviewer, mais très drôle en dehors des plateaux télévisés.

Que laisse Jacques Chirac comme héritage ?

Il laisse l’idée de l’indépendance de la France. On se souviendra de lui pour son refus de la guerre américaine en Irak, acceptant le tombereau d’injures qui a suivi, et pour sa résistance aux services secrets israéliens lors d’une visite à Jérusalem en 1996. Son indépendance s’est aussi traduite par un renforcement de la défense nationale. Il avait un sens, aujourd’hui dépassé, de la primauté du parti politique, avec le RPR qu’il avait créé.

Comment se comportait-il lors de vos interviews ?

Il était très difficile de l’interroger. A chaque fois, c’était le pire des cauchemars. Il avait une telle présence, une telle force physique. Il avait du dédain pour la presse, car il était mal à l’aise avec les médias. Je me souviens d’une interview, où j’étais avec deux autres intervieweurs, lors de laquelle j’étais K.O. pendant 12 à 15 minutes, sur une émission d’une heure. Il rejetait à chaque fois les questions qui pouvaient mettre au jour ses contradictions politiques. J’avais honte d’être là, il m’avait humilié en direct.

Et sur le plan personnel ?

Sur le plan humain, il était drôle et sympathique. Nous nous étions réconciliés en 1981, et nous étions retrouvés sur les plages de l’île Maurice, dans l’océan Indien. Nous avons vécu à ce moment-là des moments drôles mais aussi sérieux. J’avais organisé une rencontre entre Jacques Chirac et Jacques Kerchache, un collectionneur et marchand d’art africain. C'est sur le sable qu’est née l’idée du musée du Quai Branly, sur les arts premiers.

Sur la plage, Jacques Chirac arrivait toujours avec un cartable dans lequel se trouvaient des livres et des fiches. Il lisait des livres sur la préhistoire et la poésie japonaise. Je lui demandais : «Vous n’allez jamais nager ?» Et il me répondait : «Non, j’ai peur de vous ridiculiser à la nage.» Il était extrêmement drôle.

Je l’avais vu après sa défaite à la présidentielle en 1988 contre François Mitterrand. Il voulait devenir antiquaire ! Mais je le voyais aller dire bonjour à tous les passants, et je me disais : jamais il ne quittera le politique. Et il a finalement réussi à être élu président de la République en 1995, puis à être réélu en 2002.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités