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Emmanuel Macron en opération déminage avant la grève du 5 décembre

Le chef de l’Etat doit se livrer à un travail d’équilibriste pour calmer le jeu. [© Eliot BLONDET / POOL / AFP]

Hôpitaux, retraites, étudiants, gilets jaunes... A l’approche de la grève nationale du 5 décembre, l’heure est plus que jamais au désamorçage des conflits sociaux pour Emmanuel Macron.

Alors que de nombreuses professions appellent à manifester ce jour-là contre la future réforme controversée des retraites, le chef de l’Etat s’emploie à multiplier les gestes en leur faveur. «Notre responsabilité est de garder la porte du dialogue ouverte», explique-t-on dans son entourage. L’objectif en filigrane : éviter une coagulation des colères, qui serait, à l’égard du pouvoir, un bien mauvais signal pour amorcer le fameux «acte II» du quinquennat.

Un volcan social à éteindre

Dans deux semaines, jour pour jour, la France risque d’être à l’arrêt. Des cheminots de la RATP et de la SNCF aux services publics (soignants, enseignants...), en passant par les professions libérales, les étudiants ou encore les gilets jaunes, tous se sont donnés rendez-vous dans la rue. Tant pour dénoncer le big-bang des retraites que pour réclamer davantage de moyens. Même les policiers comptent mener des actions dans les commissariats.

«Avec cette réforme, tous les Français ont le sentiment d’être perdants», à tel point que «le scénario de la convergence des luttes devient aujourd’hui crédible», selon Rémi Bourguignon, spécialiste des mouvements sociaux. De quoi inquiéter l’exécutif, qui tente désormais d’éteindre au cas par cas chaque départ de feu.

Après avoir rencontré des centaines de maires ces derniers jours, dans l’espoir de casser son image «hors-sol», c’est le front de l’hôpital public que le président a décidé de déminer en priorité, mercredi, avec un nouveau plan d’aides. Et tous ses ministres sont priés de faire de même sur les autres terrains glissants.

Que ce soit en recevant les organisations étudiantes, la semaine dernière, après l’immolation d’un jeune à Lyon et les mobilisations qui ont suivi, ou les cheminots, ce jeudi, pour discuter retraites. La semaine prochaine, c’est le Premier ministre lui-même qui échangera avec les syndicats des transports. Quant aux centristes du MoDem et de l’UDI, alliés à la majorité, ils appellent à la tenue, avant le 5, d’une «conférence sociale» avec tous les partenaires sociaux, afin d’apaiser les tensions.

Une bataille de l’opinion à gagner

C’est aujourd’hui un véritable exercice d’équilibriste auquel se livre Emmanuel Macron. Car, s’il multiplie les mains tendues à ses détracteurs, il ne compte pas pour autant céder sur le fond de sa politique, soucieux de conserver son image de «réformateur» pour ne pas perdre sa base électorale. Comme assuré par Matignon, sa «volonté de transformer» le pays reste «intacte». Un double discours qui tend à alimenter la défiance des opposants.

Finalement, le succès ou non de la journée du 5 décembre va, avant tout, dépendre de la perception du public. «Si l’opinion pense que les grévistes luttent pour l’ensemble de la société, et non pas seulement pour leur corporation, alors le blocage sera conséquent», prédit Rémi Bourguignon.

A ce titre, la pression est d’autant plus forte pour le pouvoir que 60 % des Français soutiennent la grève, selon un sondage BVA. Et 71 % d’entre eux pensent même qu’elle «s’inscrira dans la durée». Ce qui, d’ailleurs, constitue la principale crainte du gouvernement, fait savoir un ténor LREM dans les colonnes du JDD : «La question n’est pas tant celle du 5 que celles du 6, du 7, du 8...».

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