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Grève du 5 décembre : quand les partis d'opposition surfent sur la colère

Marine Le Pen face à des pompiers manifestant leur colère à Paris, le 15 octobre 2019.

RN, LR, PS, LFI... Dans la perspective d'une grève nationale massive contre la réforme des retraites, jeudi 5 décembre, les partis de l'opposition tentent de jouent leur carte pour gagner en popularité, chacun souhaitant apparaître comme le principal détracteur d'Emmanuel Macron.

Des cheminots de la RATP et de la SNCF aux agents des services publics (soignants, enseignants, pompiers, policiers...), en passant par les professions libérales, les étudiants ou encore les gilets jaunes, tous se sont donnés rendez-vous ce jour-là, tant pour dénoncer le big-bang controversé des retraites que pour réclamer davantage de moyens humains et matériels.

Quels que soient les chiffres de la mobilisation, c'est donc une bonne partie du corps social qui devrait battre le pavé contre la refonte du système de retraite. A l'heure où, selon un sondage BVA, près de 60% des Français soutiennent la grève, en particulier les ouvriers (74%) et les fonctionnaires (70%), il n'en fallait pas plus pour que les figures d'opposition cherchent à en tirer un bénéfice politique.

Le RN en quête de discours social

Soutenant «sans réserve» cette mobilisation, Marine Le Pen a décidé d'annuler son voyage aux Antilles prévu autour du 5 décembre pour rester au plus près de la colère sociale. Si la présidente du RN ne compte pas défiler elle-même, elle a annoncé que plusieurs cadres du parti participeront aux manifestations. «Si elle veut être crédible comme porte-parole de l'opposition à Emmanuel Macron, elle est presque obligée de s'associer à ce mouvement social perçu comme le fer de lance de la lutte contre la politique du président», explique l'historien Jean Garrigues à L'Express.

Ce qu'elle ne cesse de faire: évoquant la réforme des retraites, dimanche, la leader d'extrême droite a encore dénoncé le «coup de rabot de trop» qui «va toucher tous les Français», jouant ainsi la carte du carte du «peuple contre les élites». Si la participation à une manifestation n'est pas dans l'ADN politique du RN, plutôt réticent à battre le pavé, la crise des gilets jaunes semble avoir changé la donne, en montrant qu'un mouvement social pouvait lui être favorable. Ce qui s'est traduit dans les urnes, avec la victoire du parti aux européennes. 

Reste que la présence du RN le 5 décembre ne fait pas l'unanimité syndicale, loin de là. «Les solutions de gens qui sont racistes ne sont pas les bienvenues dans les mouvements sociaux», a réagi le patron de la CGT, Philippe Martinez, sur France 2.

Le PS en mode survie

Inaudible depuis plus de deux ans, le PS espère sauter dans le train en marche contre Macron, en appelant ses sympathisants à participer à la manifestation du 5 décembre (mais aussi au meeting des «forces de gauche» organisé par le PCF le 11 décembre à Saint-Denis). Dénonçant le «flou» sur la réforme entretenu par le gouvernement, le patron du parti, Olivier Faure, réaffirme son «attachement à un système de retraite qui place en son coeur la solidarité par la répartition, qui prend en compte la pénibilité du travail, qui reconnaît les carrières longues...».

A Emmanuel Macron, qui a réduit cette grève à la défense des régimes spéciaux, il rétorque qu'il «n'y a qu'un régime spécial que les manifestants veulent abolir, tout de suite: celui des grandes fortunes», qui sont selon lui «renforcées» par la politique actuelle. Pas sûr que le leader socialiste parvienne à faire oublier le discours de François Hollande en campagne en 2012 («mon adversaire, c'est le monde de la finance»), qui n'aura été finalement qu'une incantation.

L'exercice d'équilibriste de Lr

Du côté des Républicains, aussi, on tente de surfer sur la mobilisation du 5 décembre avec deux stratégies différentes. La première consiste à soutenir la réforme et à se positionner contre le «blocage du pays» annoncé par les manifestants. Notamment en réclamant l'instauration d'un «service minimum garanti» pour les transports en commun en cas de mouvement social «massif», ce qui permettrait de «réquisitionner des personnels grévistes». Une manière de ne pas se couper de ses électeurs de droite allergiques aux luttes sociales.

La seconde stratégie, destinée à gagner des électeurs du centre, voire du centre-gauche déçus par Macron, consiste à repeindre son discours de social. «Et si la droite débordait Macron sur... sa gauche?», interrogeait ainsi le JDD fin octobre. Depuis la fin de l'ère Laurent Wauquiez (régalien, identité...), les cadres LR cherchent en effet à imposer des thèmes éloignés de leur culture politique, comme celui des salaires («trop bas»), celui de l'égalité des chances, ou encore l'hypothèse d'une «taxe sur l'argent» de 2% portant sur les transactions financières ou les achats en ligne.

Comme reconnu par le maire de Saint-Etienne dans le JDD, «si LR sont passés de 31% des voix en 2007 à 20% en 2017, pour finir à 8,5% aux européennes, c'est parce que la réflexion sur les questions sociales a manqué».

LFI et son «contre-projet» de réforme

«Le 5 décembre, nous y serons», assurent les Insoumis, estimant que «la retraite par points, c'est le travail sans fin». En parallèle, le parti de gauche a élaboré, avec l'aide d'économistes, un «contre-projet» de réforme, qui prévoit notamment une modulation des cotisations des entreprises en fonction d'objectifs sociaux et écologiques. Les entreprises qui délocalisent ou polluent trop verraient ainsi leurs cotisations bondir. Une manière de rallier les revendications des grévistes, mais également des gilets jaunes. Hormis les Insoumis, d'autres partis étiquetés de gauche comme EELV, le PCF ou encore le NPA seront de la partie.

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