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Coronavirus : l'idée d'un revenu universel refait surface

Le revenu universel de base, c'est une somme d’argent distribuée de façon régulière à tous par l'Etat, sans conditions et sans justificatif. Le revenu universel de base, c'est une somme d’argent distribuée de façon régulière à tous par l'Etat, sans conditions et sans justificatif.[PHILIPPE HUGUEN / AFP]

La politique est-elle un éternel recommencement ? Balayée par les Français lors de l'élection présidentielle de 2017, l'idée d'un revenu universel, ou revenu de base, a aujourd'hui le vent en poupe dans le débat public.

Le revenu universel, c'est une somme d’argent distribuée de façon régulière à tous par l'Etat, sans conditions et sans justificatif. Touchée par l'ensemble des citoyens, la somme peut être complétée par un salaire ou des revenus du capital. 

Et pour beaucoup cette idée serait un «antidote» à la crise du coronavirus. C'est en tout le terme choisi par Benoit Hamon, qui en avait fait son principal argument de campagne en 2017, dans une tribune pour Le Monde. En plus de l'ancien candidat à l'élection présidentielle, dix-neuf présidents socialistes de départements se sont manifestés en faveur de cette mesure dans le JDD. Mais ce souhait ne provient pas uniquement de la gauche française : en Allemagne et en Grande-Bretagne, des initiatives enjoignant le gouvernement à recourir à un revenu universel de base font grand bruit. Même le pape François y est allé de son souhait dans une lettre rendue publique à l'occasion du dimanche de Pâques. Selon lui, un revenu universel «reconnaîtrait et honorerait les tâches nobles et essentielles» accomplies par les travailleurs pauvres.

Le revenu universel de base «donnerait une sécurité matérielle à tout le monde»

Les défenseurs d'une telle mesure estiment que la crise sanitaire actuelle questionne notre rapport au travail. Emmanuel Macron lui-même l'a reconnu dans son allocution télévisée du lundi 13 avril, suivie par plus de 35 millions de Français (un record) : «il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal», a reconnu le président de la République avant de rappeler l'article 1 de la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 : «les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune».

Deux cents ans plus tard, les défenseurs du revenu universel font le constat inverse. «Les personnes qui ne peuvent pas exercer leur droit de retrait sont payées un SMIC et sont envoyées sur le front. Les autres, dont l'utilité du travail est moins palpable, peuvent télétravailler et sont bien payées. L'utilité sociale dans l'emploi n'est pas proportionnelle à sa rémunération», estime Elena Ambuhl, membre du Mouvement français pour un revenu de base (MFRB). Pour elle et son mouvement, le revenu universel de base «permettrait de questionner ce rapport à l'emploi» et «donnerait une sécurité matérielle à tout le monde».

L'espagne et les etats-Unis, des exemples trompeurs

Attention, si depuis le début de la crise sanitaire plusieurs pays ont fait le choix de distribuer de l'argent directement aux citoyens, aucun n'a encore mis en place un véritable «revenu universel de base». Souvent cité en exemple, à tord, ces dernières semaines, l'Espagne va distribuer environ 500 euros par mois aux familles les plus précaires. «Ce revenu n'est pas universel puisqu'il est destiné uniquement aux ménages les plus pauvres. Aussi, contrairement à ce que nous proposons, ce n'est pas un droit individuel car il est indexé sur la composition des ménages», explique Elena Ambuhl qui compare cette mesure du gouvernement espagnol avec le «RSA français».

Aux Etats-Unis, le gouvernement de Donald Trump s'apprête à distribuer à de nombreux Américains une somme supérieure à 1.000 dollars. Là aussi c'est un faux ami du revenu universel de base puisque cette distribution d'argent de l'administration américaine ne se renouvelera pas.

quid de son financement ?

En France, le MFRB, qui a lui aussi lancé une tribune pour la mise en place d'un revenu de base début avril, appelle «à réfléchir collectivement et démocratiquement aux conditions de sa mise en œuvre». Pas question de bricoler un mesure en urgence donc. Et surtout, le mouvement, qui se dit «transpartisan», assure ne pas avoir d'a priori sur son financement. 

En effet, le débat autour du paiement d'une telle mesure a souvent été un frein pour une acceptation plus large dans la société. Aujourd'hui, au regard des 110 milliards engloutis par le plan d'urgence du gouvernement pour sauver l'économie française, la question de son financement apparaît peut-être sous un nouveau jour.

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