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Hommage aux soignants : Qu’est-ce que cette médaille de l’engagement ?

La «médaille de l'engagement face aux épidémies» est une distinction ancienne qui, à l'origine, comprenait quatre échelons. [CC / Wikipedia / CC BY-SA 4.0].

A l'issue du Conseil des ministres, mercredi 13 mai, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a annoncé que le personnel soignant, en première ligne contre le coronavirus, se verrait remettre prochainement «une médaille de l'engagement face aux épidémies». Une distinction ancienne, tombée en désuétude.

Créée le 31 mars 1885, à la suite de l'épidémie de choléra de 1884, la «médaille de l'engagement face aux épidémies» va en effet être «réactivée» pour le Covid-19 et sera décernée à titre individuel ou collectif.

A l'origine, cette distinction visait, a rappelé Sibeth Ndiaye, à «récompenser ceux qui s'étaient particulièrement dévoués» pour combattre le choléra.

Une médaille ancienne qui a perduré jusqu'en 1962

Puis, au gré de l'Histoire, cette médaille a ensuite été attribuée aux personnes qui se sont distinguées dans une période d'épidémie en «s’exposant à des dangers de contamination, en donnant des soins à des malades atteints d’affections contagieuses», mais aussi en «préservant, par une intervention personnelle et digne d’être signalée, un territoire ou une localité de l’invasion d’une maladie épidémique», ou encore en «contribuant à répandre la pratique de la désinfection ou en participant aux opérations de désinfection, au cours d’une épidémie».

Des informations que l'on peut-on lire cette fois sur le site spécialisé «Au revers de la médaille», rédigé par la doctorante en histoire de l'art contemporain, Katia Schaal, et qui consacre précisément une thèse à ce sujet (in. Katia Schaal, Au revers de la médaille : La médaille et les épidémies (2e volet) : Récompenser le citoyen. La médaille d’honneur des épidémies (1885-1962)).

Ce ruban tricolore comprenait alors quatre échelons : bronze, argent, vermeil et or. Les médailles attribuées par les ministères de l'Intérieur (pour l'Algérie) et par le ministère des Colonies furent supprimées en 1962. Celles décernées par le ministère aux Armées (ex-ministère de la Guerre) et par le ministère de la Marine furent remplacées par la médaille d'honneur du service de santé des armées.

Une distinction remise à l'honneur pour cause de covid-19

Près de soixante ans plus tard, alors que la France et le monde sont plongés en pleine épidémie de Covid-19, l'idée est revenue dans le débat public à l'initiative du député LR, Philippe Gosselin, qui, en mars 2020, a déposé une proposition de loi «pour [créer] une médaille des épidémies».

Cette proposition ayant été reprise par la majorité actuelle, un prochain décret doit maintenant «réactualiser cette médaille, destinée à récompenser les mérites des Français ou étrangers qui auront été acquis à l’occasion d’une crise épidémique en France ou à l’étranger», peut-on lire sur le site du gouvernement. 

Sur le site, est également mentionné que «sa gestion sera confiée au Premier ministre» et que la médaille comprendra cette fois trois échelons : or, argent et bronze. Elle sera par ailleurs «associée à une agrafe» (attache formée d'un crochet qu'on passe dans une boucle, NDLR). 

Enfin, compte tenu de l’importance du nombre de personnes qui méritent cette distinction, les modalités d’instruction et de gestion seront précisées dans les prochaines semaines, même si le gouvernement a déjà assuré qu'elles devraient «être très simples et, en grande partie, déconcentrées».

Les soignants associés aux célébrations du 14-Juillet

L'annonce par Sibeth Ndiaye de la réactivation de cette «médaille de l'engagement face aux épidémies» intervient alors que le gouvernement a également indiqué que le personnel soignant serait associé aux célébrations du 14-Juillet.

Un hommage leur sera rendu à cette date, à l'occasion de la Fête nationale, et plusieurs d'entre eux intègreront une promotion unique de l'Ordre national du mérite et de la Légion d'honneur qui sera publiée le 1er janvier 2021.

La porte-parole du gouvernement a aussi précisé que la prime aux soignants et au personnel non-médical des hôpitaux sera versée «dans les prochaines semaines», probablement «sur les paies de mai ou de juin».

Des annonces qui sont loin de satisfaire le collectif Inter-Urgences, qui alerte depuis des mois sur la situation de l'hôpital public et dénonce une «gestion par l'absurde» dans un communiqué.

«La majorité des infirmiers et des aides-soignants se fichent de ces honneurs. Ce que nous réclamons depuis plus d'un an, ce ne sont pas des décorations ni des primes mais des salaires décents et des moyens, en lits notamment, pour les hôpitaux», a réagi auprès du Journal du dimanche, son président Hugo Huon.

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