En direct
A suivre

Pourquoi l'épidémie de coronavirus est-elle aussi importante à Mayotte ?

Les hôpitaux de Mayotte voient arriver de plus en plus de malades du Covid-19.[ORNELLA LAMBERTI / AFP]

Si le déconfinement a eu lieu le 11 mai dans toute la France, ce n'est pas le cas pour Mayotte. Compte tenu d'une circulation du virus plus active dans ce département, le processus a en effet été reporté. Mais pourquoi l'île de l'océan Indien est-elle aussi touchée par le coronavirus ?

Au 13 mai, Mayotte avait enregistré pas moins de 1143 cas confirmés de Covid-19, et 14 décès. Des chiffres qui se sont intensifiés ces derniers jours, avec notamment 2 nouveaux décès enregistrés en 24 heures le 13 mai.

Face à l’ampleur de la pandémie, le conseil scientifique a rendu un avis le 13 mai au ministère des Outre-mer, selon l'AFP. Il recommande «le maintien du confinement jusqu’au décours du pic épidémique local», ainsi que «la limitation stricte du nombre d’arrivants», et ces derniers doivent se conformer «au principe du confinement général».

Cette intensification de l'épidémie de coronavirus peut avoir plusieurs causes. D'une part, Mayotte subit cette crise avec «depuis le début, six à sept semaines de retard sur la métropole», a rappelé sur France Info Dominique Voynet, directrice de l'Agence régionale de santé du territoire. Ce qui explique que l'île ne soit pas encore en phase descendante.

Mais la situation socio-économique de Mayotte est aussi à prendre en compte. Selon les données de l'Insee, 29% des logements de l'île n'ont pas accès à l'eau courant, et six sur dix sont dépourvus du confort sanitaire de base (douche, toilettes...). Des conditions qui rendent le respect des mesures de sécurité et des gestes barrières (lavages des mains, etc.) difficile.

En outre, le confinement reste complexe à appliquer dans un département où quatre logements sur dix sont considérés comme «fragiles» (maisons en tôle, bois, terre...).

Les autorités pointent également du doigt certaines spécificités locales allant à l'encontre des mesures de confinement. En l'occurrence, elles regrettent que les «murengué», ces rassemblements de boxe traditionnelle mahoraise, continuent d'être organisés malgré l'épidémie, provoquant en outre des échauffourées avec les forces de l'ordre.

Enfin, l'épidémie de coronavirus arrive dans des hôpitaux déjà surchargés par un autre fléau : la dengue. Depuis le début de l’année, la maladie transmise par les moustiques a tué plus de personnes que le Covid-19. Au total, 3.684 cas ont été recensés, pour 16 décès.

«Cette épidémie [...] touche chaque semaine des centaines de personnes qui sont effondrées de fatigue et de douleurs articulaires dans leurs maisons ou qui sont amenées à être prises en charge à l'hôpital», explique Dominique Voynet.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités