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Coronavirus : les soignants libéraux craignent une pénurie de gants d'examen

Les revendeurs français de gants d'examen sont submergés par la demande.[THOMAS COEX / AFP]

Après les masques, les gants. Alors que le coronavirus circule toujours et que de plus en plus de Français se font tester pour savoir s'ils ont été contaminés, les professionnels de santé, notamment libéraux, alertent quant à la difficulté à se fournir en gants d'examen.

Il se trouve que trois paires de gants en latex sur cinq vendues dans le monde sont confectionnées par le même regroupement malaisien de fabricants : la Malaysian rubber glove manufacturers association (Margma).

La structure prévoit une augmentation de 20% de la demande mondiale pour l'année 2020. Ses carnets de commandes sont pleins jusqu'en 2021, alors même que certains secteurs du pays sont encore à l'arrêt à cause de la pandémie. Une situation qui complique l'approvisionnement général et rallonge les délais de livraison.

Interrogé par franceinfo, Jean-Michel Elvira, ancien président de l'Organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux (Onsil), déplore ainsi d'avoir été obligé de réaliser des tests PCR, de plus en plus fréquents, sans gants d'examen. Indiquant que chaque paire coûte «10 centimes», il juge cette situation scandaleuse et menace tout simplement d'arrêter les tests.

Sans compter que l'augmentation de la demande s'accompagne aussi d'une hausse des prix. Jean-Michel Elvira précise que la boite de 100 coûte aujourd'hui «entre 13 et 15 euros», contre 4 à 5 euros auparavant. Sachant qu'il utilise entre cinq et dix paires de gants chaque jour.

Les boites de gants rationnées

Partout en France, des revendeurs sont assaillis de demandes venues de soignants en mal de gants. Ces derniers, inquiets à l'idée d'une possible pénurie, commandent des quantités bien plus élevées que d'ordinaire et leurs interlocuteurs ne sont pas en mesure d'y répondre. Alors ils rationnent.

Les ventes sont désormais limitées en quantité et réservées aux seuls professionnels de santé. Chez Robé Médical par exemple, revendeur majeur de produits médicaux en France, les gants sont cédés en priorité «aux médecins de ville ou infirmières en libéral» et chaque acheteur ne peut acquérir plus de 10 boîtes, explique Antoine Chonion, le dirigeant de l'entreprise.

Cette tension sur le marché favorise l'émergence de fraudes. Elles ont d'ailleurs été signalées par la Margma dans un communiqué. «Des fraudeurs et des escrocs sont rapidement apparus et nuisent à la fois aux véritables vendeurs et acheteurs du secteur», écrit le fabricant malaisien.

En France, la Direction générale de la santé, contactée par franceinfo, assure avoir mis en place «un dispositif d'approvisionnement massif» qui repose sur un pont aérien et maritime. Problème : ce système permet de fournir les établissements de santé mais les professions libérales ne sont pas incluses dans le circuit d'approvisionnement.

Alors, pour que tous les soignants puissent se protéger correctement, il s'agit d'économiser les gants au maximum. La Société française d'hygiène hospitalière (SF2H) a donc publié des recommandations concernant leur utilisation «dans le cas d'une éventuelle pénurie».

Selon Bruno Grandbastien, son président, le manque de gants est principalement lié à un «mésusage». Ils sont, d'après lui, «utilisés en grande partie en dehors de la communauté de soins et en dehors des utilisations requises en milieu médical». A titre d'exemple, si les gants sont jugés indispensables pour réaliser un test PCR, la SF2H estime en revanche qu'il n'est pas utile d'en porter «pour la prise en charge d'un patient ou d'un résident d'un Ehpad».

Dans ce genre de cas, lorsqu'il est possible de faire l'économie d'une paire de gants sans prendre de risque, la SF2H conseille d'avoir recours à une solution plus accessible : le gel hydroalcoolique.

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