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Drogue, police, affaire Sarah Halimi... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron sur la sécurité

Le président Emmanuel Macron a abordé plusieurs sujets liés à la sécurité du quotidien et a défendu son bilan sur ce thème, dans une longue interview donnée au Figaro ce dimanche 18 avril. Il défend le «droit à la vie paisible», qui devrait être au cœur de la présidentielle 2022.

La police

Emmanuel Macron promet de tenir son objectif de 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires d'ici à la fin de son mandat. «Chaque Français verra plus de bleu sur le terrain en 2022 qu'en 2017. Ça rassure les gens, ça dissuade les délinquants. Je me bats pour le droit à la vie paisible», déclare-t-il au Figaro

Le président annonce aussi la création à Montpellier d'une «école de guerre avec de la formation continue» pour les policiers ainsi que la modernisation de leur uniforme et le remplacement de la casquette par un calot. De plus, «tous les policiers» porteront des caméras-piétons d'ici à l'année prochaine, ce qui va «tout changer», car elles vont aider à «prévenir les dérapages» et «inhiber les gens violents», veut-il croire.

Et s'il a reconnu l'existence de contrôle au faciès, cette fois, le chef d'Etat n'a pas parlé de violences policières : «Il n'y a pas de violence systémique de la police, c'est faux ; il n'y a pas de racisme systémique de la police, c'est faux, pas plus qu'il n'y en a dans la gendarmerie ou au sein de l'État».

Emmanuel Macron doit d'ailleurs effectuer un déplacement sur le thème de la sécurité ce lundi matin, à Montpellier. En compagnie du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le président doit visiter un commissariat puis un quartier populaire.

La drogue

Le chef de l'Etat appelle à «lancer un grand débat national sur la consommation de drogue» et à «ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue» afin de «faire reculer la délinquance».

Selon Emmanuel Macron, «dire que le haschisch est innocent est plus qu'un mensonge. Sur le plan cognitif, les effets sont désastreux. Combien de jeunes, parce qu'ils commencent à fumer au collège, sortent totalement du système scolaire et gâchent leurs chances ? Et je ne parle même pas des effets de glissements vers des drogues plus dures».

D'autant que les trafics de stupéfiants «explosent» et «forment la matrice économique de la violence dans notre pays». Alors pour le président,  «les éradiquer par tous les moyens est devenu la mère des batailles, puisque la drogue innerve certains réseaux séparatistes mais aussi la délinquance du quotidien, y compris dans les petites villes épargnées jusqu’ici. Ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue, c’est faire reculer la délinquance partout», souligne-t-il. 

Dans cette lutte, le locataire de l'Elysée affirme que le gouvernement passe «à la vitesse supérieure» avec l'objectif de «harceler les trafiquants et les dealers». «Sur les 4.000 points de deal répertoriés récemment, plus de 1.000 opérations coup-de-poing ont été réalisées ces dernières semaines. Et chaque jour, nous fermons un point de deal», selon lui. Il ajoute que «70.000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre».

L'affaire Halimi

Alors que la Cour de cassation a confirmé mercredi l'irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris, le chef de l'Etat a dit souhaiter un changement de la loi pour que l'abolition du discernement causé par une prise de stupéfiants n'exonère pas de sa responsabilité pénale.

«Décider de prendre des stupéfiants et devenir alors "comme fou" ne devrait pas à mes yeux supprimer votre responsabilité pénale. Sur ce sujet, je souhaite que le garde des Sceaux présente au plus vite un changement de la loi».

«Il ne m'appartient pas de commenter une décision de justice, mais je voudrais dire à la famille, aux proches de la victime et à tous nos concitoyens de confession juive qui attendaient ce procès, mon chaleureux soutien et la détermination de la République à les protéger», a ajouté le locataire de l'Elysée.

La décision prise par la juridiction suprême française la semaine dernière ne remet pas en cause l'hospitalisation psychiatrique du meurtrier, fort consommateur de cannabis depuis l'adolescence, ordonnée par la justice. Mais elle signifie qu'il n'y aura pas de procès, ce qui a suscité déception et colère de représentants de la communauté juive, le motif antisémite ayant été entériné.

Le séparatisme

Emmanuel Macron s'est félicité de son "projet de loi confortant le respect des principes de la République". Selon lui, «la création du délit de séparatisme» donnera de nouveaux moyens à l'Etat, pour «contrôler les financements venant de l'étranger, et les interdire si nécessaire», pour «fermer des mosquées ou même des écoles qui, sous l’influence d’une puissance étrangère, poseraient un problème pour la sécurité nationale», ou encore, en cas de prêche contraire à la loi dans une mosquée, pour «remonter jusqu'à l'association qui gère le lieu, la poursuivre pour délit de séparatisme et la dissoudre».

Le président de la République entend même aller «plus loin»,  en mettant en place «une forme de conférence du culte musulman en France, avec dans chaque département des partenaires qui signeront la charte [des principes de l'islam de France] et s'engageront à lutter de manière déterminée avec nous contre le séparatisme.»

Mais le chef de l'Etat a aussi évoqué un aspect moins sécuritaire pour lutter contre le séparatisme : «La République sera d'autant plus forte face à ces mouvements qui entendent la fracturer, voire la détruire, qu'elle tiendra toutes ses promesses en luttant contre les discriminations, les injustices, en donnant sa chance à chacun. La République au concret, c'est le meilleur remède contre les séparatistes de tous horizons», a-t-il plaidé. Avant de reconnaître : «Nous avons encore beaucoup de travail».

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