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Carburants : pourquoi le prix de l'essence augmente-t-il autant ?

Le prix du gazole a bondi de 12 % depuis le début de l'année, celui du super sans plomb 95 de 16 %. Le prix du gazole a bondi de 12 % depuis le début de l'année, celui du super sans plomb 95 de 16 %. [FRANCK FIFE / AFP]

Le passage à la pompe fait en ce moment mal au porte-monnaie. Les prix des carburants sont en effet en constante augmentation depuis des mois. En cause principalement, la hausse du cours du pétrole causée par la reprise économique.

Le litre de gazole valait en moyenne 1,43 euro la semaine dernière, et celui de super sans plomb 95 1,59 euros, selon les chiffres officiels du ministère de la Transition écologique. Soit un bond de 12 % et 16 % respectivement depuis le début de l'année. Ces montants n'avaient plus été atteints depuis janvier 2020 pour le diesel, et même mai 2019 pour l'essence.

Si l'on compare les prix actuels à ceux observés au moment du déclenchement de la crise des gilets jaunes, mi-novembre 2018, le gazole est aujourd'hui légèrement moins cher (1,47 euro à l'époque), tandis que le super sans plomb 95 est lui beaucoup plus onéreux (1,46 euro à l'époque).

Mais cette fois-ci, la fiscalité n'est pas en cause. Il faut se tourner vers le marché du pétrole pour comprendre cette hausse. Après avoir atteint un plancher en avril 2020, en pleine crise du Covid-19 (moins de 20 dollars, environ 17 euros), le prix du baril de Brent (le pétrole brut de référence, provenant de la mer du Nord) est reparti à la hausse, sous l'effet du redémarrage de l'activité économique et donc du retour de la demande d'or noir. Il vaut aujourd'hui 70 dollars (60 euros environ), soit une augmentation de plus de 30 % depuis le début de l'année.

Vers une stabilisation des prix ?

L'Organisation des producteurs de pétrole, l'Opep, et ses alliés - qui constituent l'alliance Opep + - n'ont pas vraiment aidé à ralentir cette flambée. Après avoir échoué à se mettre d'accord sur de nouveaux quotas de production début juillet, les 23 pays ont trouvé un compromis le 18 juillet dernier. Refusant d'ouvrir complètement les vannes - ce qui aurait eu pour effet de faire retomber les prix -, ils ont convenu d'une hausse de leur production de 400.000 barils par jour entre août 2021 et septembre 2022. Pas suffisant pour les Etats-Unis, pour qui cette décision «n'effacera pas les coupes que (l'Opep +) a imposées durant la pandémie».

Si le gouvernement, soucieux d'éviter un nouvelle crise sociale, reste «vigilant» face à cette évolution, les observateurs se veulent rassurants. Ils prévoient en effet une stabilisation des prix du pétrole dans les prochains mois. «Nous voyons le cours du Brent se stabiliser autour de ce niveau (70 dollars le baril) d'ici à la fin de l'année et même au-delà, car à ce prix-là, peu de producteurs sont disposés à sacrifier une partie de leur production pour pousser le cours encore plus haut, ce qui risquerait en outre de décourager la demande», analyse Alberto Balboni, économiste chez Xerfi, auprès de l'Agence France-Presse (AFP).

A cela s'ajoute l'impact de la crise sanitaire. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) vient de revoir à la baisse ses prévisions de la demande pétrolière mondiale pour cette année, en raison de la progression de la pandémie de Covid-19 causée par le variant Delta. De son côté, la production augmente «rapidement», note l'organisation. Moins de demande et plus d'offre, de quoi laisser entrevoir une accalmie sur le front du pétrole, puis à la pompe pour les consommateurs.

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