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Législatives : quels scénarios d’alliances à gauche ?

La France insoumise, du haut de ses 22% au premier tour, semble déterminée à vouloir mener le jeu. [David NIVIERE / POOL / AFP]

La campagne présidentielle s’est à peine terminée que celle des législatives a démarré avec force, atour des alliances possibles entre les formations politiques. A gauche, la question prend toute la place et les négociations ont commencé. A quoi peut-on s’attendre ?

La France insoumise, parti de ralliement

La France insoumise, du haut de ses 22% au premier tour de l’élection présidentielle, et bien qu’elle ne soit pas parvenue à se qualifier pour le second tour, ne semble pas vouloir laisser le choix aux autres formations de gauche : l’alliance se fera autour d’elle. Jean-Luc Mélenchon s’imagine même un destin de Premier ministre, si les électeurs lui permettent d’imposer une cohabitation à Emmanuel Macron.

La logique est évidemment de voir les Insoumis prendre les rênes devant les autres partis. Ils ont d’ailleurs précisé que si l’alliance se fait, leur programme d’extrême-gauche, baptisé l’Avenir en commun, sera le socle de sa politique. De même, ils souhaitent que la répartition des investitures se fasse en fonction du score obtenu par chacun à la présidentielle. Les écolos ayant fait 4,6 %, les communistes 2,3 % et les socialistes 1,75 %, LFI aura tout le loisir d’imposer ses candidats, pour espérer obtenir plus que les 17 sièges de 2017.

Pour autant, qui dit alliance dit négociation. Même en position hégémonique, ils ne pourront pas imposer toutes leurs idées à leurs associés. De quoi faire grincer quelques dents dans leurs rangs, notamment du côté des cadres et des militants les plus radicaux. «Ce sera un pari… Je sais que ça peut nous coûter», a d’ailleurs reconnu Jean-Luc Mélenchon.

Europe Ecologie-Les Verts divisé

Les écologistes sont partagés à propos d’une alliance avec LFI. Le courant représenté par Eric Piolle et Sandrine Rousseau est incontestablement «Mélenchon-compatible». Le maire de Grenoble parle même d’un «arc humaniste», que le candidat perdant à la présidentielle pourrait «structurer». Le parti Génération.s, membre du pôle écolo, s’est lui aussi prononcé pour un rassemblement derrière le leader Insoumis.

Cependant, un autre courant, représenté par Yannick Jadot, est nettement moins favorable à cette entente. Celui-ci préférerait se rapprocher des socialistes, afin de former «un bloc écologiste, social et républicain puissant». Il a affirmé que «ça ne marchera pas» si cela se faisait derrière Jean-Luc Mélenchon. «Si à un moment donné cette coalition ne respecte pas la diversité et l'identité de ses partenaires, (...) ce sera sans moi», a affirmé celui qui a gagné la primaire de son camp pour la présidentielle.

Par ailleurs, en cas d’accord aux conditions de La France insoumise, le risque pour EELV serait de voir son nombre d’investitures être drastiquement réduit (en fonction du score à la présidentielle). Il lui serait alors difficile d’obtenir des députés estampillés «écolos» à l’Assemblée nationale.

C’est pourquoi Julien Bayou, patron d’EELV, a indiqué qu’il souhaitait une «coalition» entre les différents partis de gauche, plutôt qu’une fédération sous une même bannière. Il a dénoncé la «volonté hégémonique» de Jean-Luc Mélenchon, en demandant une «représentation de chacun», qui soit «juste».

Le Parti communiste est d’accord

Les communistes ont très rapidement fait savoir qu’ils étaient d’accord pour se ranger derrière LFI. Le candidat à la présidentielle Fabien Roussel a appelé à un «accord global» dès le soir du premier tour. Le PCF a cependant rappelé lui aussi qu’il souhaitait une coalition, car son but est de «disposer d’un groupe parlementaire, pas de siéger avec LFI», selon Ian Brossat.

Les négociations devront permettre de trouver des points d’entente sur certains sujets clivants, comme le nucléaire.

Le Parti socialiste finalement de la partie ?

Alors que LFI avait initialement laissé entendre que le Parti socialiste était d’office mis à l’écart, les choses ont finalement changé. La volonté de son Premier secrétaire, Olivier Faure, a fait que des discussions ont commencé à avoir lieu. Il est en ressorti que rien d’«insurmontable» ne divise les deux camps. Les négociations vont donc se poursuivre.

Il faut dire que le PS est largement en position de faiblesse, après la claque subie lors de la présidentielle (1,75%). Déjà réduit à 30 députés en 2017, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale risquerait de s’effriter dangereusement. S’associer au reste de la gauche pourrait donc permettre de garder un petit rôle dans le jeu politique, même si celui-ci s’annonce infime.

Reste que certains cadres du PS ont annoncé refuser de se fondre dans l’alliance proposée par les Insoumis. C’est le cas par exemple de Carole Delga, présidente de la région Occitanie, ou Jean-Christophe Cambadélis. Ce dernier a même affirmé qu’il s’agirait d’une «reddition». Selon lui, les gauches ne sont pas fongibles et les socialistes devraient plutôt se dissoudre pour mieux se reconstruire.

Et le NPA ?

La France insoumise a également convié le NPA (Nouveau parti anticapitaliste), représenté à la présidentielle par Philippe Poutou. Celui-ci a indiqué qu’il acceptait l’invitation pour discuter, en félicitant cette initiative. Le comité exécutif du NPA défend l’idée de candidature commune, «avec la possibilité de trouver des médiations, des équilibres, des compromis, autour une dynamique transcendant les logiques d’appareil en permettant que nos différentes positions politiques soient représentées».

Le financement public des partis, problématique cruciale des législatives

Si la question des alliances a évidemment des implications idéologiques et politiques, elle revêt aussi une importance primordiale sur le plan financier. En effet, le financement public de la vie politique se joue essentiellement lors des législatives. Dès lors qu’un parti obtient au moins 1% des voix dans 50 circonscriptions, il reçoit chaque année une certaine somme par voix, pendant cinq ans (1,42 € en 2017, peut-être plus cette année).

Pour chacun d’entre eux, présenter au moins 50 candidats parait donc une question de survie financière. D’autant que pour chaque députés obtenus, l’Etat verse 37.000 euros par an à son parti. De quoi comprendre aussi l’importance des négociations concernant le nombre d’investitures octroyées à chacun, et le lieu où elles se trouvent (des circonscriptions sont plus faciles à remporter pour la gauche que d’autres).

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