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Grenoble : le burkini autorisé par le conseil municipal

La polémique n’a cessé de s’enflammer ces derniers jours mais le conseil municipal de Grenoble a tranché ce lundi 16 mai. Sous l’impulsion du maire écologiste, Eric Piolle, la modification controversée du règlement des piscines de la ville, pour permettre l’autorisation du burkini, a été adoptée.

Ce n'est que d'une courte majorité de 29 voix pour, 27 contre et 2 abstentions, que cette modification a été acceptée par le conseil municipal. Il aura fallu 2 heures 30 de débats parfois houleux pour parvenir à ce vote. 

Dans la foulée de ce vote, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpe, Laurent Wauquiez, a réagi annonçant la cessation du versement de toutes subventions régionales à la mairie de Grenoble.

«En autorisant le port du burkini dans les piscines municipales, Eric Piolle acte définitivement sa rupture avec la laïcité et les valeurs de notre République», écrit-il dans un tweet avant d'ajouter, «face à ce séparatisme et comme je l'avais promis, la Région cesse immédiatement toute subvention à la mairie de Grenoble.»

D’un point de vue concret, il s’agissait de décider le changement du texte réclamant une «tenue décente» et «une attitude correcte» de la part des usagers. A l’heure actuelle, les baigneurs doivent porter un maillot de bain couvrant «au minimum la partie située entre le haut des cuisses et la ceinture et au maximum la partie située au-dessus des genoux et au-dessus des coudes».

Ces limites pourraient donc être supprimées. Le maire EELV de Grenoble s’en explique en estimant qu’il s’agit de libérer le choix des femmes, qui pourraient aussi être en droit de ne plus cacher leur poitrine. «Notre volonté est de lever les interdits vestimentaires aberrants : cela concerne les seins nus, les maillots couvrants pour se protéger du soleil ou pour raisons de conviction».

C’est sur cette dernière précision que le débat s’est embrasé. Car plus que des raisons de baigneuses voulant pratiquer le monokini ou de personnes voulant se protéger du soleil, les opposants à cette modification de la règle y ont d’abord vu une volonté politique à propos du port du burkini, maillot de bain religieux permettant aux musulmanes de se baigner en étant couvertes des chevilles aux cheveux.

«Progrès social» contre «soumission à l’islamisme»

Eric Piolle a d’ailleurs reconnu que sa volonté s’inscrivait dans le cadre de sa conception de la laïcité : «à la piscine, vous pouvez exprimer vos convictions politiques, philosophiques et religieuses comme vous pouvez le faire dans le rue». Il a même comparé la chose à un «progrès social».

Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR), avait rapidement réagi en accusant le maire de «soumission à l’islamisme». Il s’agirait selon lui de «faire des pactes avec l’islam politique» dans le but d’«acheter des voix», alors que les législatives arrivent et qu’Eric Piolle est un fervent défenseur de l’alliance de gauche NUPES.

Le mécontentement a aussi grondé localement. De nombreux élus ont signé des appels à renoncer au vote. Selon eux, la modification du texte est «imposée par des groupes minoritaires, dont le seul objectif est de tester en permanence la sensibilité de nos institutions au fait religieux». Un collectif de la majorité communale a aussi indiqué qu’il s’opposerait au texte.

Dans un communiqué publié ce dimanche 15 mai, le Bureau du préfet de l'Isère, qui accusait le maire de «céder à des revendications communautaristes à visées religieuses»  a déclaré que celui-ci «saisira le tribunal administratif de Grenoble en cas d'adoption de cette délibération par le biais d'un référé laïcité en vue d'en obtenir la suspension, en complément du déféré d'annulation »

Une association pro-burkini controversée

Dans le camp des défenseurs, une tribune a été diffusée et signée par des militantes médiatiques, comme Caroline de Haas ou Alice Coffin. Elles ont notamment dénoncé une stigmatisation des femmes en fonction de leur «choix de maillot».

Il a cependant été pointé que le texte avait été écrit par Alliance citoyenne, une association pro-burkini controversée. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait ainsi signalé en 2021 qu’elle promeut «des règles compatibles avec la charia». Il avait également pointé qu’après les attentats de 2015 contre Charlie Hebdo, un de ses membres, Taous Hammouti, avait déclaré : «n’oubliez jamais que c’est Charlie qui a dégainé le premier».

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