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Une greffe de peau quasi intégrale réussie pour la première fois sur un enfant

Les médecins italiens et allemands ont reconstitué 80% de la peau du jeune patient. [PHILIPPE HUGUEN / AFP]

Une équipe de médecins est parvenue à reconstituer la quasi-totalité de l'épiderme d'un enfant en 2016, une première mondiale décrite ce 8 novembre dans la revue Nature. 

Le jeune garçon, alors âgé de 7 ans, était entré au service des grands brûlés de l'hôpital pour enfants de la Ruhr (Ouest de l'Allemagne) dans un état grave en juin 2015.

Réfugié syrien, il était atteint d'épidermolyse bulleuse. Cette maladie rare, qui ne touche qu'un nouveau-né sur 50.000 chaque année, provoque des plaies sous forme de cloques entre l'épiderme et le derme. Sans traitement jusqu'à ce jour, plus de 40% des enfants atteints de cette maladie héréditaire décédaient à l'adolescence, dépourvus de leur enveloppe épidermique pour les protéger des bactéries. 

A vif sur «les deux-tiers» de son corps

Entre la vie et la mort en 2015, l'enfant «avait développé une infection qui lui a rapidement fait perdre sa peau «sur presque les deux-tiers de la surface de son corps», comme l'a expliqué le docteur Tobias Rothoeft dans la revue scientifique

Les médecins de l'hôpital allemand ont alors tenté de lui administrer un puissant traitement antibiotique, puis de procéder à une greffe de la peau de son père, mais sans succès. 

L'état du jeune patient se dégradant jour après jour, les médecins ont alors fait appel à des confrères italiens, qui avaient réalisé une greffe de peau chez un patient atteint de cette maladie en 2006. Mais cette opération, réalisée sur six centimètres carrés de peau seulement, n'avait encore jamais été réalisée sur la quasi-totalité d'un corps. 

80% de peau greffée

La technique qui a été utilisée par l'équipe médicale italo-allemande est celle de la thérapie génétique : il s'agit de prélever un échantillon de peau saine sur le patient, et de retirer le gène défectueux, le LAMB3, des cellules du patient. 

Cet échantillon génétiquement modifié a ensuite été cultivé en laboratoire jusqu'à atteindre une taille suffisante. Trois greffes ont ensuite été effectuées entre octobre 2015 et janvier 2016 pour reconstituer 80% de la peau de l'enfant. 

Vingt-et-un mois après les opérations, l'épiderme du jeune garçon, maitenant âgé de 9 ans, «n'a pas développé de cloques ni d'érosion». «Il va à l'école, fait du sport», s'est réjoui Michele de Luca, l'un des médecins, lors d'une conférence de presse. 

Si cette greffe est, pour l'instant, un véritable succès, la technique mise en oeuvre est toujours au stade expérimental et demande plus de recherches avant d'être généralisée. Les risques de telles manipulations génétiques, dont l'apparition de cancers, restent à surveiller. 

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