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Quel bilan carbone pour le voyage transatlantique de Greta Thunberg ?

Greta Thunberg est partie du port de Plymouth (sud de l'Angleterre) le 14 août, à bord d'un voilier «zéro carbone», pour rallier New York afin d'assister au sommet mondial de l'ONU sur le climat (23 septembre). Greta Thunberg est partie du port de Plymouth (sud de l'Angleterre) le 14 août, à bord d'un voilier «zéro carbone», pour rallier New York afin d'assister au sommet mondial de l'ONU sur le climat (23 septembre). [Ben STANSALL / AFP]

Après deux semaines de traversée de l'océan Atlantique, Greta Thunberg, la jeune égérie de la lutte contre le réchauffement climatique, a prévu d'arriver mercredi 28 ou jeudi 29 août à New York. Malgré l'utilisation d'un voilier «zéro carbone», préféré à l'avion à cause des émissions de CO2 qu'il génère, son voyage transatlantique s'avère tout de même polluant.

La jeune Suédoise de 16 ans, partie assister au sommet mondial de l'ONU sur le climat (23 septembre), voyage sur le Malizia II, un voilier de dix-huit mètres de long équipé de panneaux solaires et de turbines sous-marines permettant de générer l'électricité nécessaire pour faire avancer le bateau. Celui-ci, skippé par Pierre Casiraghi, fils de la princesse Caroline de Monaco, et l'Allemand Boris Herrmann, n'émet donc aucune émission de CO2.

Sauf que tout n'est pas si simple. Un porte-parole de Boris Herrmann a expliqué au journal allemand Die Tageszeitung (TAZ) que plusieurs personnes prendraient l'avion pour New York afin de ramener le voilier de course pour l'Europe après la traversée de Greta Thunberg. Une information confirmée par Holly Cova, responsable de l'équipe Malizia. «Nous avons planifié ce voyage à New York à la dernière minute, et en conséquence deux personnes devront se rendre en avion à New York pour ramener le bateau», a-t-elle indiqué.

Un bilan comptable désavantageux

«En tout, ce sont quatre membres d'équipage qui ramèneront le bateau. Ce sont des décisions logistiques qui ont été prises uniquement par l'équipe du Malizia», a-t-elle ajouté, précisant que deux personnes se trouvaient déjà sur place. Mais on ne sait pas comment ces dernières se sont rendues en Amérique (ou comment elles rentreront aux Etats-Unis si elles y résident), ajoutant peut-être des trajets en avion au bilan carbone.

S'ajoute à cela le cas des deux skippers, Pierre Casiraghi et Boris Herrmann. Le porte-parole du navigateur allemand a affirmé au TAZ qu'il rentrerait en Europe par les airs, et non à bord du Malizia II. Idem pour Pierre Casiraghi selon le journal allemand Die Welt, les deux hommes ayant des obligations sur le Vieux Continent.

Si l'on fait les calculs, le voyage transatlantique de Greta Thunberg nécessitera donc au minimum quatre trajets en avion (pour les deux skippers et les deux personnes qui vont ramener le bateau en Europe), voire six. La jeune activiste, initiatrice d'un mouvement mondial de grève de la jeunesse pour le climat, a par ailleurs reconnu qu'elle ne savait pas encore quel moyen de transport elle utiliserait pour rentrer en Europe. Ce qui pourrait ajouter trois autres billets d'avion au bilan : un pour Greta Thunberg, et deux pour les personnes qui l'accompagnent (son père et un cinéaste qui réalise un documentaire sur la vie de la militante).

Si l'adolescente avait en revanche préféré l'avion pour son voyage, six billets auraient été nécessaires (trois allers et trois retours). Le bilan strictement comptable de cette opération - qui ressemble fort à de la communication pour certains - ne semble donc pas intéressant d'un point de vue environnemental.

Des émissions de CO2 «compensées»

Mais pour défendre le bien-fondé de cette démarche, Holly Cova a assuré que «tous les vols de l'équipe sont compensés». Concrètement, cela signifie que le CO2 produit par les trajets en avion sera contrebalancé par d'autres actions écologiques, en évitant des émissions ailleurs. «Nous pensons que compenser ses émissions, c’est mieux que de ne rien faire et espérons que ce voyage avec lequel nous accompagnons Greta permettra une prise de conscience sur cet important sujet», a expliqué Holly Cova.

Un point de vue partagé par de nombreux observateurs, qui regrettent ce «Greta Thunberg-bashing». «Je trouve cette polémique dommageable, au sens où on attend le faux pas de cette adolescente pour taper dessus alors que c'est la démarche exemplaire autour qui est importante», a déploré à l'AFP Matthieu Jousset, responsable du programme Action Carbone Solidaire pour la fondation Good Planet.

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