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Macron en visite à Rome pour œuvrer à la réconciliation franco-italienne

Giuseppe Conte et Emmanuel Macron lors d'une visite du chef du gouvernement italien à l'Elysée, en juin 2018. Giuseppe Conte et Emmanuel Macron lors d'une visite du chef du gouvernement italien à l'Elysée, en juin 2018. [Francois Mori / POOL / AFP]

Une visite pour repartir sur de bonnes bases. Emmanuel Macron va se rendre à Rome ce mercredi 18 septembre, pour y rencontrer le président et le Premier ministre italiens. Un déplacement qui a pour objectif de relancer le dialogue entre les deux pays, difficile ces derniers mois, en profitant de l'arrivée d'un nouveau gouvernement dans la péninsule.

Une coalition, formée du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) et du Parti démocrate (PD, centre-gauche), a succédé il y a quelques jours à l'alliance réunissant le M5S et la Ligue (extrême-droite) de Matteo Salvini, à l'issue d'une crise politique dont le patron de la Ligue a été à l'origine, et dont il est ressorti perdant.

Durant cette période de quatorze mois où un gouvernement populiste était au pouvoir en Italie, les relations entre les alliés historiques que sont la France et l'Italie se sont brutalement dégradées, sous les attaques répétées de Matteo Salvini et de Luigi Di Maio, le leader du M5S. Emmanuel Macron n'a pas non plus été en reste, lui qui a fait de Matteo Salvini l'un de ses principaux adversaires en Europe, dans sa logique d'opposition entre les «progressistes» et les «nationalistes».

L'un des principaux points de discorde entre les deux voisins était l'immigration. En juin 2018, le président français avait dénoncé «le cynisme» et «l'irresponsabilité» de l'Italie, après son refus d'accueillir l'Aquarius et ses 629 migrants à bord. «L'Italie ne peut accepter de recevoir des leçons hypocrites de pays qui ont toujours préféré détourner la tête en matière d'immigration», avait répliqué Rome. Matteo Salvini avait enfoncé le clou quelques jours plus tard, en dénonçant «l'arrogance française» dans ce dossier, accusant la France de refouler les migrants à la frontière franco-italienne.

L'immigration au centre des discussions

Début janvier, le gouvernement italien avait jeté de l'huile sur le feu, en apportant son soutien au mouvement des gilets jaunes en France. Ce sujet avait même provoqué une grave crise diplomatique entre Rome et Paris, après une rencontre, sur le sol français, entre Luigi Di Maio et un groupe de gilets jaunes mené par le très controversé Christophe Chalençon début février. Une «provocation inacceptable» pour le Quai d'Orsay, qui avait décidé dans la foulée de rappeler pour quelques jours l'ambassadeur de France à Rome, une première depuis 1940.

Mais l'arrivée du nouvel exécutif italien, plus europhile et délesté du clivant Matteo Salvini, semble avoir changé la donne. «J'espère que nous allons avoir avec l'Italie des relations plus constructives», a ainsi déclaré le 8 septembre dernier le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, dans l'émission politique Le Grand Rendez-vous Europe1/CNEWS/Les Echos. «Ce gouvernement apparaît aujourd'hui plus ouvert dans sa dimension européenne, plus déterminé à avoir avec la France des relations positives, plus ouvert aussi à la mise en œuvre de dispositifs migratoires partagés, nous sommes prêt à en parler», a-t-il indiqué.

L'immigration, au même titre que les questions économiques, sera en effet au cœur de la visite d'Emmanuel Macron à Rome, durant laquelle le chef d'Etat français aura d'abord un entretien avec le président Sergio Mattarella, avant un dîner de travail avec le Premier ministre Giuseppe Conte, qui a gardé son poste malgré le changement de gouvernement. Même si le sujet reste sensible, l'Italie semble avoir adouci sa ligne, très dure quand Matteo Salvini était à la tête du ministère de l'Intérieur.

Luigi Di Maio, une nomination qui interroge

Fini les navires humanitaires qui se voient refuser d'accoster en Italie, Rome se montre désormais plus ouvert, comme le prouve l'autorisation, accordée le 14 septembre au bateau Ocean Viking, pour débarquer sur l'île italienne de Lampedusa 82 migrants secourus en mer. Mais le gouvernement italien cherche tout de même à alléger sa charge, alors que le pays est l'un des principaux points d'entrée des migrants en Europe. Rome discute ainsi avec l'UE d'un mécanisme temporaire de «répartition automatique» des migrants sauvés en mer. Un projet qui va être discuté lors de la rencontre mercredi entre Giuseppe Conte et Emmanuel Macron, et qui pourrait recevoir l'assentiment de la France, selon les médias italiens.

L'un des derniers obstacles qui pourraient entraver le réchauffement des relations franco-italiennes a un nom : Luigi Di Maio. Très critique de la France quand il était allié à la Ligue (il était à ce moment-là vice-Premier ministre et ministre du Travail et du Développement économique), le patron du M5S a gardé un poste stratégique dans le nouveau gouvernement, puisqu'il a pris le portefeuille des Affaires étrangères. Il sera donc en première ligne pour œuvrer à la réconciliation, ce qui paraît incongru au vu de ses antécédents, mais ne rencontrera pas Emmanuel Macron ce mercredi.

Preuve que la France est vraiment prête à repartir du bon pied avec son voisin, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a déclaré ne pas vouloir «personnaliser les choses» et «juger [...] tel ou tel ministre». «Nous considérons en France qu'avoir un nouveau gouvernement italien est une chance, et les chances il faut savoir les saisir.»

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