En direct
A suivre

Qui est Naomi Seibt, la Greta Thunberg des climatosceptiques ?

Naomi Seibt était la «star» du «Climate Reality Forum», organisé par l'Institut Heartland en décembre à Madrid, au même moment que la COP25. Naomi Seibt était la «star» du «Climate Reality Forum», organisé par l'Institut Heartland en décembre à Madrid, au même moment que la COP25. [Capture d'écran YouTube / The Heartland Institute]

Les médias internationaux la surnomment déjà l' «anti-Greta Thunberg». Naomi Seibt, une jeune youtubeuse allemande de 19 ans, est récemment devenue l'une des têtes d'affiche des climatosceptiques et de la lutte contre «l'alarmisme climatique» incarné par la militante suédoise de 17 ans. Mais ses liens avec un think tank américain et le parti d'extrême droite allemand AfD interrogent.

Elle conteste l'importance du co2 dans le réchauffement climatique

Naomi Seibt ne se veut pas une climatosceptique extrême. Elle ne conteste pas le rôle des émissions de gaz à effet de serre dans le réchauffement de la planète, mais considère que leur impact a été surestimé par les scientifiques. «Je ne veux pas que les gens arrêtent de croire que le changement climatique n'a pas de cause humaine», a-t-elle déclaré au Washington Post, tout en ajoutant, sceptique : «Les émissions de CO2 d'origine humaine ont-elles autant d'impact sur le climat ? Je pense que c'est ridicule de le croire.»

Selon elle, le réchauffement climatique a de nombreuses autres origines, en particulier l'énergie envoyée par le soleil. Et ce, alors même que les scientifiques ont calculé que la quantité d'énergie solaire atteignant la Terre diminue depuis les années 1970, et que de nombreux rapports soulignent que les émissions de CO2 sont la principale cause de réchauffement depuis le milieu du 20e siècle.

Elle Refuse de se voir comme l'anti-Greta

Une adolescente européenne, éloquente et engagée dans un combat en lien avec le climat. Les similitudes avec Greta Thunberg, fer de lance de la lutte contre le réchauffement climatique, sont indéniables. Pourtant, Naomi Seibt refuse de se voir comme l'antithèse de l'activiste suédoise, initiatrice du mouvement de grève scolaire pour la planète «Fridays for Future». «La raison pour laquelle je n'aime pas le terme anti-Greta est qu'il suggère que je suis moi-même une marionnette endoctrinée, pour l'autre côté je suppose», a-t-elle déclaré dans l'une de ses vidéos sur YouTube, plate-forme sur laquelle elle a sa propre chaîne depuis mai 2019.

Une justification en forme de saillie contre la militante suédoise, élue personnalité de l'année 2019 par le magazine Time, à laquelle elle a tout de même fait indirectement référence dans l'une de ses vidéos. Le 6 février, elle a en effet repris le fameux «How dare you ?» («Comment osez-vous ?») de Greta Thunberg, extrait de son discours à l'ONU en septembre 2019, pour attaquer le traitement médiatique dont elle ferait l'objet. Mais l'adolescente allemande est encore loin d'avoir la même influence sur les réseaux sociaux que sa «rivale» suédoise. Sa chaîne YouTube ne compte en effet même pas 50.000 abonnés, et ses dernières vidéos cumulent en moyenne les 40.000 vues, tandis que Greta Thunberg peut se targuer d'avoir 4 millions d'abonnés sur Twitter.

Elle travaille pour un influent think tank américain

Si Naomi Seibt, longs cheveux blonds et visage enfantin, est aussi connue aujourd'hui, ce n'est pas seulement grâce à ses vidéos climatosceptiques sur YouTube. C'est aussi grâce au coup de projecteur que lui a donné l'Institut Heartland, un influent think tank américain conservateur proche de Donald Trump, climatosceptique notoire, pour lequel elle travaille depuis quelques mois. Un rapprochement qui s'est fait en novembre dernier, à l'occasion d'une conférence lors de laquelle intervenait Naomi Seibt et à laquelle assistait James Taylor, un dirigeant de l'Institut Heartland.

Ce dernier a ainsi fait de la militante allemande la «star» du «Climate Reality Forum», organisé par l'Institut Heartland en décembre à Madrid, au même moment que la COP25, qui avait elle aussi pour cadre la capitale espagnole. Le mois dernier, Naomi Seibt a également été embauché par l'organisation, fondée en 1984, pour être l'une des égéries d'une campagne visant à remettre en question le consensus scientifique selon lequel l'activité humaine serait la cause du réchauffement climatique. Si ce think tank américain s'implique autant dans la politique allemande avec Naomi Seibt, c'est parce qu'il craint que la position ferme de Berlin sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre - le pays a pour objectif de diminuer de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 - ne soit contagieuse, notamment auprès des Etats-Unis et des autres Etats européens, selon une récente enquête diffusée à la télévision allemande. D'où les accusations de «marionnette» visant la jeune climatosceptique.

Elle est proche du parti d'extrême droite allemand afd

Sur YouTube, Naomi Seibt ne se contente pas de vidéos climatosceptiques. Elle exprime également des positions très droitières et conservatrices sur d'autres sujets, tels que l'immigration, le féminisme ou le droit à l'avortement, et a déjà mis en garde contre une «dictature socialiste». Mais la jeune fille ne se dit pas d'extrême droite. Elle préfère se décrire comme «libertaire», et défend le droit de pouvoir exprimer toutes ses opinions.

Bien qu'elle assure ne pas être membre du parti d'extrême droite allemand Alternative pour l'Allemagne (AfD), troisième force politique au Bundestag (le Parlement allemand), elle ne cache tout de même pas sa sympathie envers la formation anti-immigration. La conférence en novembre dernier, qui lui a permis par la suite d'être embauchée par l'Institut Heartland, était organisée par le think tank EIKE, présidé par un influent membre de l'AfD. Et sa première vidéo YouTube ? Un poème rédigé pour un concours organisé par l'AfD sur le thème du «courage» en politique, que Naomi Seibt avait remporté.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités