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Des Brésiliens réclament la destitution de Bolsonaro à cause de sa gestion de l'épidémie

Le président brésilien est critiqué à cause de sa gestion de la crise du coronavirus Le président brésilien est critiqué à cause de sa gestion de la crise du coronavirus[Sergio LIMA / AFP]

Mécontents de la réaction de leur président Jair Bolsonaro face à la pandémie de covid-19, des Brésiliens se sont donnés rendez-vous à leurs fenêtres pour réclamer sa destitution. Il dénonce une «hystérie» et des mesures trop drastiques dans la lutte contre la propagation du virus.

C’est munis de casseroles et de louches de cuisine que des habitants de São Paulo ou de Rio de Janeiro se sont rendus sur leurs balcons. Ils se sont adonnés à un «panelaço», pratique courante en Amérique du Sud qui consiste à manifester son mécontentement depuis sa fenêtre en tapant sur des casseroles. Une action de circonstance, puisque par peur du coronavirus, certains ont choisi de se confiner eux-mêmes à leur domicile. «Fora Bolsonaro !» («Dégage, Bolsonaro !»), criaient les manifestants. M. Bolsonaro avait alors réagi en demandant à ses partisans d’aller manifester à leurs fenêtres eux aussi.

Le président d’extrême droite n’a pour ainsi dire pas manifesté d’inquiétude particulière lors de l’arrivée du covid-19 au Brésil. Dimanche 15 mars, de retour d’un voyage aux États-Unis au cours duquel 17 membres de sa délégation ont été contaminés par le virus, le Président est allé à la rencontre de sympathisants, a serré des dizaines de mains et pris des selfies. Il aurait été en contact avec 272 personnes.

Il avait dénoncé des mesures trop restrictives lorsque les états de Rio et de Sao Paulo avaient annoncé l’état d’urgence, craignant qu’elles affectent l’économie du pays. Pourtant, le Brésil peut être confronté à une grave crise sanitaire, compte tenu du système public de santé défaillant et du grand nombre de personnes vivant dans des favelas, pour lesquelles il sera difficile voire impossible de se protéger efficacement du virus. D’après Le Monde, les hôpitaux public ne possèdent que 20.000 lits de soins intensifs (occupés à 95%),  et 5800 appareils d’assistances respiratoires. Pour rappel, le Brésil est le pays le plus peuplé d’Amérique latine, avec plus de 200 millions d’habitants. Trois quarts des Brésiliens ne possèdent pas de mutuelle, et dépendent donc du service public, qui risque d’être très vite saturé, poursuit le journal.

PRISE DE CONSCIENCE TARDIVE ?

La désinvolture du président face à la crise du covid-19 fait grincer des dents, même dans son propre camp. Face aux nombreuses critiques, il a fini par déclarer l’état de «calamité publique», admettent que le système de santé n’avait pas assez de moyen pour gérer une crise de cette ampleur. Il souhaite donc augmenter les dépenses publiques pour les hôpitaux. Jair Bolsonaro ne communique désormais plus que sur le coronavirus sur son compte Twitter. Il y annonce que le Brésil rejoint l’Argentine  et le Chili en décidant de fermer toutes ses frontières, mais aussi que le ministre de l’Économie est en train de mettre en place l’exonération des taxes sur les produits médicaux, comme les masques ou le gel hydroalcoolique, pour baisser les charges des hôpitaux. Si le confinement total comme en France ou en Italie ne sont pas encore d'actualité, le Brésil met peu à peu en place des mesures de prévention, comme la fermeture de certains lieux touristiques.

Véritable prise de conscience sur la crise sanitaire ou simple récupération politique ? Jair Bolsonaro est clair : «Je n’abandonnerai jamais le peuple brésilien, à qui je dois une fidélité absolue !» clame-t-il sur Twitter. Pourtant, il envisage toujours d'organiser une grande fête pour son anniversaire samedi prochain, au palais présidentiel, où près de 3.000 personnes travaillent quotidiennement, affirme The Intercept Brasil.

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