Alors que le président brésilien Jair Bolsonaro rejette toute mesure de confinement, des trafiquants et membres de gangs imposent un couvre-feu dans certains quartiers de Rio de Janeiro.
Le Brésil est pourtant le pays le plus touché d’Amérique latine, avec plus de 2.000 personnes contaminées et déjà une soixantaine de morts. Si le gouvernement fédéral craint que l’économie ne souffre des conséquences d’un confinement total, les chefs de gangs n’ont pas attendu son aval pour protéger leurs quartiers. Sur les réseaux sociaux, ils ont lancé un appel aux habitants de certains quartiers de l’ouest de Rio à rester chez eux après 20 heures.
D’après Reuters, les criminels ont enregistré un message à destination de la population : «Quiconque sortira dans la rue pour se balader recevra une punition et servira d’exemple. Mieux vaut rester chez soi sans rien faire. Le message est passé». Selon le média local Extra, les chefs de gangs ont pris cette décision car «personne ne prend cette crise au sérieux».
Les favelas, quartiers les plus pauvres et surpeuplés où vivent plus de 15 millions de Brésiliens, sont particulièrement exposés à la propagation du virus. Leurs habitants vivent dans la promiscuité, dans les logements parfois insalubres et sans accès à l'eau courante. Ils ne disposent pas des moyens financiers suffisants pour accéder aux services de santé, et sont par conséquent les plus vulnérables.
Les gouverneurs des différents états du Brésil ont qualifié «d’irresponsable» l’attitude du président. Ce dernier s’oppose à toute mesure de confinement et affirme que s’il était contaminé, il ne serait pas plus affecté «que pour une petite grippe».
Un discours qui va à l'encontre des recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé, et des mesures mises en place par d'autres pays, comme l'Italie ou la France.