En direct
A suivre

Etats-Unis : plus de 10 % de la population active tombée au chômage en 3 semaines

Les nouvelles demandes d'allocations chômage se sont élevées à 6,6 millions la semaine dernière aux Etats-Unis. Les nouvelles demandes d'allocations chômage se sont élevées à 6,6 millions la semaine dernière aux Etats-Unis. [JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

Le coronavirus met l'économie américaine à genoux. La semaine dernière, 6,6 millions d'Américains ont fait leur première demande d'allocations chômage, selon un chiffre dévoilé ce jeudi 9 avril par le département du Travail. Ce qui porte à près de 17 millions le nombre de salariés aux Etats-Unis ayant perdu leur emploi en trois semaines, soit plus de 10 % de la population active.

Ce nombre de nouveaux demandeurs d'allocations chômage sur la semaine du 29 mars au 4 avril est bien supérieur aux prévisions des analystes, qui tablaient plutôt sur 5 millions. Ces 6,6 millions ne sont malgré tout pas un record historique. Ce chiffre reste en effet inférieur aux 6,9 millions de nouveaux chômeurs enregistrés la semaine précédente. Tout en étant très largement supérieur aux 3,3 millions de la semaine du 15 au 21 mars. 

En trois semaines, ce sont donc 16,8 millions d'Américains qui ont rempli un dossier de demande d'allocations chômage pour la première fois, du jamais vu. Même durant la crise économique de 2008, «seulement» 8,6 millions de personnes ont perdu leur job outre-Atlantique, en l'espace de deux ans.

Ces quelque 17 millions de salariés représentent environ 11 % de la population active américaine (151 millions de personnes). Un chiffre impressionnant lorsqu'on le compare au taux de chômage américain d'avant-crise : 3,5 % en février, son plus bas niveau en 50 ans. Pour avoir un autre ordre d'idée, ces 17 millions de personnes équivalent à la population adulte cumulée du Michigan, du Minnesota et du Wisconsin, notent Elise Gould et Heidi Shierholz, deux économistes de l'Economic Policy Institute, dont le travail a été cité par CNN.

Des allocations étendues à d'autres catégories

A cause du coronavirus, les entreprises américaines sont en effet contraintes de licencier à tour de bras, étouffées par la brusque chute de l'activité liée aux mesures de confinement prises par la plupart des Etats et destinées à enrayer la pandémie de Covid-19. 

Et aux personnes ayant perdu leur emploi s'ajoutent désormais dans les chiffres des demandeurs d'allocations chômage les personnes atteintes du coronavirus, celles qui sont en quarantaine ou au chômage technique, de même que les travailleurs indépendants. Car tous peuvent, pendant cette période de crise, prétendre à une aide fédérale, ce qui n'était pas le cas avant la pandémie. Une mesure sociale figurant dans le vaste plan de soutien à l'économie de 2.000 milliards de dollars (1.800 milliards d'euros) adopté par le Congrès fin mars, mais qui pour effet de gonfler les chiffres de chômeurs.

Cette explosion du nombre de demandeurs d'emploi va provoquer une flambée du taux de chômage aux Etats-Unis ces prochains mois. Les effets de la crise du coronavirus n'étaient en effet pas encore visibles dans les chiffres du mois de mars (4,4 % de chômage), arrêtés le 15 du mois. Mais tous les experts ne sont pas d'accord sur l'ampleur de la hausse à venir : la holding financière JPMorgan table sur un taux de chômage de 8,5 % au plus fort de la crise, la banque Bank of America prévoyant de son côté un pic à 15,6 % entre aujourd'hui et juin, tandis que la Réserve fédérale de Saint-Louis (Missouri) est encore plus alarmiste, voyant le chômage atteindre 30 % de la population active.

Des effets moins durables qu'en 2008 ?

Toutefois, les effets négatifs de cette crise pourraient être moins durables que ceux de la grande crise financière de 2008, ont estimé des membres du comité monétaire de la Banque centrale américaine, la Fed, lors de leur dernière réunion, dont le compte-rendu a été publié mercredi. «La situation actuelle n'est pas directement comparable à la crise financière de la décennie précédente», ont-ils jugé. En effet, comme l'explique au Guardian Dean Baker, économiste et professeur à l'Université d'Utah, «nous fermons délibérément l'économie». «C'est littéralement sous notre contrôle», assure-t-il.

Mais tout dépendra de l'évolution de l'épidémie, dont les Etats-Unis sont désormais l'épicentre (près de 15.000 morts et 430.000 cas), et de la réponse des autorités américaines. La Fed a annoncé jeudi de nouvelles mesures d'aide à l'économie de quelque 2.300 milliards de dollars, dont 600 milliards directement aux entreprises de taille moyenne. Une nouvelle tranche de soutien de 250 milliards de dollars est quant à elle en négociation entre le Congrès et l'administration Trump et pourrait être adoptée cette semaine.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités