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A quoi les voyages en avion post-coronavirus vont-ils ressembler ?

De l'embarquement aux conditions de vol en passant par les prix, tout pourrait être chamboulé par le coronavirus. De l'embarquement aux conditions de vol en passant par les prix, tout pourrait être chamboulé par le coronavirus. [CHANDAN KHANNA / AFP]

Masque obligatoire, contrôles de température, offre de restauration limitée... Les voyages en avion post-coronavirus risquent d'être bien différents de ceux que l'on a connus avant la crise.

Des changements qui pourraient s'observer avant même l'embarquement. Certaines régions du monde, comme la Corse ou plusieurs îles italiennes (Sardaigne, Sicile, Ventotene), réfléchissent en effet à instaurer un «passeport sanitaire» pour se rendre chez elles. Concrètement, seules les personnes présentant un test de dépistage négatif du Covid-19 réalisé récemment pourraient prendre l'avion. Une idée soutenue par le maire LR de Nice Christian Estrosi, qui a appelé dans une lettre adressée à Edouard Philippe fin avril à ce que le droit d'entrer ou de sortir de France soit soumis à la mise en place d'un tel passeport. Mais le gouvernement français s'y oppose.

Pour éviter à des voyageurs à risque de prendre l'avion, une autre idée semble se dégager, préconisée à la fois par l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) et par l'Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) dans deux rapports distincts : le contrôle de température des passagers avant l'embarquement. Les trois organismes recommandent également la présentation d'une auto-déclaration de santé et l'enregistrement en ligne, afin d'éviter tout contact. Les passagers doivent être encouragés à voyager léger, avec un petit bagage à main, selon l'OACI. Par ailleurs, l'accès aux terminaux pourrait être réservé aux passagers et au personnel.

Une distanciation à géométrie variable

Dans l'aéroport, où des distributeurs de gel hydroalcoolique seront installées, les voyageurs devront respecter une distanciation physique d'1 mètre ou 1,5 mètre, et porter un masque. Les enfants de moins de 6 ans pourront être exemptés de cette dernière obligation, prévoient les deux agences européennes. Une fois à bord, les passagers devront garder leur masque de protection, qui devra être changé toutes les 4 heures, précisent encore les deux organismes européens dans leur rapport. Le personnel d'aéroport et les membres d'équipage pourraient également être obligés de porter un équipement de protection.

Sur la question de la distanciation physique à bord, les avis divergent. Le rapport des agences européennes appelle à respecter une distance d'1,5 mètre entre les passagers lorsque c'est possible, par exemple en laissant au moins un siège vide entre eux, en augmentant la distance entre les sièges ou en laissant vide un rang sur deux. Une mesure qui n'est pas préconisée par l'OACI, et qui est jugée intenable économiquement par le président de l'Association internationale du transport aérien (Iata) Alexandre de Juniac. Elle a malgré tout été adoptée par les compagnies Japan Airlines et Delta, alors qu'elle ne sera pas imposée aux compagnies aériennes par l'Etat français, a affirmé le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari mi-mai.

Le patron de la compagnie irlandaise low-cost Ryanair Michael O'Leary a de son côté jugé cette idée «idiote», car ne permettant pas d'être rentable. D'autant plus qu'il a annoncé fin mai au Mail on Sunday que les prix des billets allaient être divisés par deux en juillet et en août, se lançant dans une véritable guerre des prix pour attirer de nouveau les passagers dans les avions. Une stratégie qui pourrait être suivie par les autres compagnies, alors que le trafic aérien mondial devrait avoir chuté de 36 % à la fin de l'année selon l'Iata, ce qui fera de 2020 la «pire année de l'histoire de l'aviation».

Réduction des services à bord

Dans l'avion, les passagers seront incités à rester au maximum à leur place. Pour éviter tout déplacement non essentiel, les passagers pourraient se voir affectés une cabine de toilettes en fonction de leur emplacement dans l'appareil, recommande l'OACI. Les compagnies devront également éviter les files d'attente pour les W.C. Par ailleurs, les services de restauration à bord seront limités au strict minimum, tout comme les ventes en duty-free, et la nourriture vendue pourrait être préemballée. Les journaux et magazines ne seront sans doute plus les bienvenus à bord. L'intérieur des avions sera désinfecté régulièrement. A l'arrivée, de nouveaux contrôles de température pourraient être menés. C'est déjà le cas à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, et bientôt à Orly, lorsqu'il rouvrira le 26 juin. Des caméras thermiques y ont en effet été installées, afin de mesurer la température de tous les passagers à leur arrivée à Paris.

Enfin, il faudra sans doute s'habituer à voyager dans de plus petits avions. Selon les experts du secteur aérien, les «gros» appareils ne survivront pas à la crise actuelle. Ils devraient être trop difficiles à remplir, le cabinet Archery Strategy Consulting tablant sur trois ans pour que le trafic aérien retrouve son niveau de 2019 et dix ans sa trajectoire d'avant-crise. La première victime de ce changement de cap du secteur est l'Airbus A380. Air France-KLM a en effet annoncé en mai dernier qu'il stoppait l'exploitation de ses neuf super jumbos, deux ans et demi avant la date prévue. Du côté de Lufthansa, seuls sept de ses quatorze A380 reprendront du service une fois la crise sanitaire passée. Enfin, Emirates, qui dispose de 113 A380 dans sa flotte, pourrait en retirer 46 dans les prochaines années. Comme pour de nombreux secteurs économiques, il y aura un avant et un après-coronavirus pour le transport aérien.

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