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Tout savoir sur la première mission spatiale habitée de SpaceX

Parée au décollage. La société SpaceX, fondée et dirigée par Elon Musk, va envoyer deux astronautes de la Nasa dans l'espace ce mercredi, direction la Station spatiale internationale (ISS). Une première historique à plus d'un titre.

Le premier vol habité de SpaceX

Pour SpaceX, ce mercredi sera à marquer d'une pierre blanche. La société créée en 2002 par le fantasque entrepreneur Elon Musk opérera son premier vol spatial habité, avec sa fusée Falcon 9 et sa capsule Crew Dragon. Le décollage est prévu à 16h33 heure locale (22h33 heure française), depuis le centre spatial Kennedy, sur la côte floridienne. La capsule doit s'amarrer à l'ISS dix-neuf heures plus tard.

Si le lancement est une réussite, SpaceX deviendra la première société privée de l'histoire à avoir transporté des astronautes vers l'ISS. Une consécration pour la firme, après plusieurs longues années de développement. En 2014, sous la présidence de Barack Obama, elle était choisie par la Nasa, au côté du géant Boeing, pour concevoir et construire les capsules amenées à prendre le relais des illustres navettes spatiales américaines.

Après six ans de travail, la société d'Elon Musk - qui s'est vue accorder plus de trois milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) de contrats par la Nasa - a réussi à damer le pion à Boeing, qui a lui bénéficié de près de 5 milliards de dollars (4,6 milliards d'euros) de contrats. La mission de démonstration non-habitée de la capsule Starliner de l'avionneur a échoué en décembre dernier en raison de graves problèmes informatiques, et devra être refaite. Le programme financé par Washington prévoit que les deux entreprises assurent chacune six voyages de quatre astronautes vers l'ISS.

Le premier vol habité lancé par les Etats-Unis depuis neuf ans

Pour Washington aussi, cette mission spatiale est historique. Ce sera le premier vol habité décollant des Etats-Unis depuis 2011. Cette année-là, le gouvernement américain avait décidé d'arrêter de réaliser des vols habités avec ses propres navettes spatiales, après trente ans de service et un dernier vol de la navette Atlantis. En cause, le coût faramineux de ce programme de la Nasa (200 milliards de dollars, soit 183 milliards d'euros, pour 135 vols) et deux explosions en vol.

Depuis neuf ans, les astronautes américains partant pour l'ISS voyagent dans les fusées Soyouz russes, qui décollent du cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan. Une coopération qui est parvenue à survivre aux tensions américano-russes, mais qui n'aurait pas dû durer aussi longtemps. En effet, le programme spatial lancé sous la présidence de Barack Obama devait initialement prendre le relais des anciennes navettes américaines en 2015. Un délai que Neil Armstrong, le premier homme à avoir marché sur la Lune, jugeait déjà en 2010 «humiliant et inacceptable».

Au-delà des considérations stratégiques et de fierté nationale, le retour de cette compétence spatiale pour les Etats-Unis porte en lui un enjeu financier. Alors que Washington débourse actuellement 80 millions de dollars (73 millions d'euros) l'aller-retour par astronaute pour un vol en Soyouz, le tarif devrait tomber à 55 millions de dollars (50 millions d'euros) avec SpaceX, contre 90 millions (83 millions d'euros) avec Boeing, selon un rapport de l'inspecteur général de la Nasa daté de novembre dernier. 

Donald Trump assistera au lancement

Preuve que la mission opérée par SpaceX est extrêmement importante pour les Etats-Unis, Donald Trump fera le déplacement en Floride pour assister au lancement, le grand public étant appelé à suivre la retransmission sur internet pour éviter tout risque de propagation du coronavirus. «Notre destin, au-delà de la Terre, n'est pas qu'une question d'identité nationale, mais une question de sécurité nationale», a déclaré le président américain dans le communiqué annonçant sa présence à l'événement.

Un Donald Trump qui, depuis le début de son mandat, martèle son désir de voir les Etats-Unis dominer l'espace, aussi bien sur le plan militaire que civil. En août 2019, il a annoncé la création d'une force armée de l'espace, ratifiée en décembre dernier, chargée d'assurer la domination américaine sur ce «nouveau front de guerre du monde». L'an dernier, le chef d'Etat américain a par ailleurs ordonné à la Nasa de renvoyer des astronautes sur la Lune d'ici à 2024, un calendrier improbable mais qui a donné un coup de fouet à la vieille agence spatiale.

Deux astronautes aguerris, à l'isolement depuis mi-mars

Dans la capsule Crew Dragon de SpaceX seront sanglés deux astronautes américains ayant l'expérience des voyages spatiaux : Bob Behnken, 49 ans, et Doug Hurley, 53 ans. Ce dernier n'est autre que celui qui pilota la navette Atlantis lors de son dernier voyage en 2011. Les deux hommes, qui s'entraînent depuis cinq ans sur Crew Dragon, devraient rester à l'ISS durant quelques mois. 

Ils sont en quarantaine stricte depuis le 13 mai, une procédure classique avant un vol spatial, mais leur mise à l'isolement avait commencé mi-mars, en raison de la pandémie de coronavirus, ont-ils raconté. «Aucun autre équipage spatial n'a été en quarantaine plus longtemps que nous dans l'histoire», a dit Doug Hurley. Ils ont déjà été testés deux fois pour le Covid-19, et «selon la rumeur, on sera encore testé avant le décollage», a-t-il ajouté. Pour cette grande occasion, les deux astronautes porteront une toute nouvelle combinaison, blanche, que l'on croirait tout droit sortie du film Interstellar.

L'hypothèse d'un report du lancement

Ce moment historique pourrait être gâché par un invité imprévu : la météo. En effet, les prévisions pour l'heure du lancement sont plutôt défavorables, avec un risque de 60 % de mauvais temps selon les prévisionnistes de la base de Cap Canaveral, située à proximité du centre Kennedy. Il y a donc plus d'une chance sur deux pour que les conditions ne soient pas réunies pour que la fusée Falcon 9 puisse décoller. Dans ce cas-là, la fenêtre de lancement suivante est fixée au samedi 30 mai.

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