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Election américaine : un mois de doute, de colère et d'incertitude

Des manifestants en colère se rassemblent en Géorgie pour revendiquer une victoire de Donald Trump. [©Elijah Nouvelage / GETTY IMAGES NORTH AMERICA /AFP]
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Un mois à toute vitesse. Le 3 novembre dernier, les Américains se rendaient aux urnes pour choisir leur prochain président des Etats-Unis entre Donald Trump et Joe Biden. Quatre semaines plus tard, aucun des deux hommes n'a concédé de défaite, malgré l'annonce de la victoire du démocrate dans les médias nationaux.

Un flou avant même le début de l'élection

Comme en 2016, la campagne présidentielle a été particulièrement tendue, avec des invectives et des accusations parfois outrancières des deux côtés. Mais le climat était encore plus particulier du fait de la pandémie mondiale. Pour éviter les rassemblements massifs, une majorité d'Etats a ouvert plus que d'habitude le vote par correspondance. Donald Trump s'y est largement opposé, expliquant que ce système de scrutin était une porte ouverte à la fraude. Des enquêtes sur la question n'ont cependant pas permis de confirmer les craintes du président sortant, qui maintient ses accusations à l'heure actuelle. 

Etant donné que l'organisation du scrutin relève de la compétence des Etats, et non pas du gouvernement fédéral, la Maison Blanche n'a pas pu empêcher la mise en place du vote par correspondance. Au-delà des suspicions non avérées de fraudes massives, l'autre problème qui s'annonçait avant le scrutin était la lenteur pour le dépouiller. En effet, la procédure pour compter le vote par correspondance n'était pas nécessairement adaptée à une arrivée massive de bulletins, et les organisateurs ont annoncé plusieurs semaines à l'avance que le résultat ne serait pas connu au soir du 3 novembre. De quoi ajouter à la confusion avant même le début de la journée électorale. 

Rappel des événements 

Le début de la soirée électorale était positif pour Donald Trump. Celui-ci menait dans beaucoup d'Etats clés comme la Floride, la Géorgie, la Pennsylvanie, le Michigan ou encore la Caroline du Sud. Mais comme l'ont expliqué les experts sur les plateaux télévisés, cela était notamment dû au comptage des voix. La plupart des Etats américains ont commencé par les bulletins des citoyens venus voter sur place, avant de s'occuper des votes par correspondance. Or, il s'est avéré que ceux qui se sont déplacés étaient avant tout des électeurs républicains, quand ceux qui ont voté par courrier étaient plutôt démocrates. 

Au fil des heures, la balance s'est donc équilibrée, ce qui n'a pas été pour plaire au président des Etats-Unis. Aux alentours de 2 heures du matin heure locale lors de la soirée électorale, il a pris la parole pour revendiquer une victoire. Les médias, eux, ont attendu le 7 novembre pour estimer que le grand gagnant était Joe Biden. Une nouvelle rejetée par la Maison Blanche, qui a lancé une série de procès pour inverser les résultats dans un grand nombre d'Etats clés. 

Où en est-on aujourd'hui ? 

À l'heure actuelle, Donald Trump n'a toujours pas concédé sa défaite. Il a cependant accepté que ses équipes se mettent en relation avec Joe Biden pour mettre en place une transition pacifique et le procureur général des Etats-Unis, William Barr, assure que la justice n'a pas trouvé de preuves concernant les fraudes.

Parallèlement, les Etats certifient un par un leurs résultats, de manière à ce que le vote du collège électoral puisse avoir lieu dans les semaines qui viennent. Une grosse dizaine d'entre eux doivent encore s'en charger avant la date limite, fixée au 8 décembre. À noter que les Etats serrés, comme la Pennsylvanie, la Géorgie ou l'Arizona, ont d'ores et déjà certifié les résultats. 

À quoi faut-il s'attendre ? 

Les recours pour Donald Trump s'amenuisent. Le 14 décembre prochain, le collège électoral enverra son vote en direction du Sénat, qui validera le vainqueur de l'élection au début du mois de janvier 2021. Sauf retournement de situation hautement improbable, Joe Biden devrait donc être investi le 20 janvier prochain à midi, comme cela est prévu par la Constitution des Etats-Unis. 

Le président sortant n'aura pas d'autre choix que d'accepter, à un moment ou à un autre, de quitter la Maison Blanche. S'il ne reconnaît pas sa défaite à l'heure actuelle, l'homme d'affaires a assuré qu'il le ferait à condition que le collège électoral vote contre lui. Si tel est le cas, l'on pourrait donc voir Donald Trump réaliser son discours de défaite le 6 janvier prochain. Il continue, malgré tout, de clamer qu'il y a eu des fraudes, décrédibilisant ainsi l'élection de son rival. Il ne compte d'ailleurs pas quitter la politique. Selon Kaitlan Collins, journaliste pour CNN, le président a déclaré à ses invités lors d'une soirée de Noël à la Maison Blanche : «Ça a été quatre ans incroyables. Nous essayons de faire quatre ans de plus. Si ce n'est pas le cas, je vous vois dans quatre ans». La campagne pour 2024 est donc potentiellement déjà lancée. 

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