Aux mois d'avril et mai, l'Inde a connu une dramatique flambée des contaminations au Covid-19, à cause du très contagieux variant Delta. La quatrième enquête sérologique nationale, réalisée entre fin juin et début juillet, donne une idée de l'ampleur de cette deuxième vague : 67,6% de la population présente des anticorps Covid-19.
Ce résultat marque une augmentation significative par rapport à la précédente enquête de ce genre, menée en décembre et janvier. Elle avait révélé la présence d'anticorps chez 24% de la population seulement.
#IndiaFightsCorona
4th round of national sero-survey for #COVID19 -Overall is 67.6% in the entire population
Amongst the adults in the survey, 62.2% people were not vaccinated, while 24.8% had taken single dose & 13% were fully vaccinated - DG @ICMRDELHI pic.twitter.com/CUygI5l4jp— #IndiaFightsCorona (@COVIDNewsByMIB) July 20, 2021
Quelque 29.000 Indiens ont été sollicités à travers tout le pays pour ce nouveau travail de recherche. Le décompte des personnes immunisées inclut celles qui ont été infectées comme celles qui ont été vaccinées. Mais ces dernières sont très peu nombreuses parmi les interrogés : 62,2% d'entre elles ont indiqué ne pas avoir reçu de vaccin, 24,8% seulement une dose et 13% se sont dites complètement vaccinées.
L'augmentation franche de la prévalence des anticorps Covid-19 au sein de la population est donc bien à attribuer à la virulence de la deuxième vague de contaminations, plus qu'à la couverture vaccinale qui reste faible.
Balram Bhargava, le directeur général du Conseil indien pour la recherche médicale, dont les propos sont rapportés par le Guardian, voit dans ces chiffres «une lueur d'espoir». Qui ne laisse cependant «pas de place pour la complaisance».
Il souligne le fait que, parmi les 1,3 milliard d'habitants que compte le pays, 400 millions ne présentent toujours pas d'anticorps. Ce, alors même que les experts craignent une troisième vague en Inde au cours des prochains mois. Ces derniers jours, le nombre de cas a déjà enflé dans certains Etats, comme le Kerala ou l'Assam.
Le gouvernement pointé du doigt
Lors de la flambée épidémique du mois d'avril, la gestion du gouvernement a été pointée du doigt, notamment par les membres de l'opposition. L'exécutif a été accusé d'avoir entretenu une «culture de complaisance» en amont de la deuxième vague, assouplissant les restrictions sanitaires et autorisant de grands rassemblements. Une souplesse qui, pour certains observateurs, a favorisé la circulation du variant Delta et conduit à la situation catastrophique qu'à connu le pays.
Le système hospitalier, frappé par une pénurie généralisée d'oxygène, s'est effondré sous le nombre des malades. Malgré des centaines de rapports indiquant le contraire, le gouvernement a pourtant assuré qu'aucun décès lié au manque d'oxygène n'avait été enregistré en Inde.
Officiellement, le pays fait état d'environ 415.000 morts dûes au Covid-19. Plusieurs experts de la situation indienne signalent néanmoins un bilan largement sous-évalué, en raison des carences du système de santé local. A la fin du mois de mai, un démographe de l'Institut de recherche pour le développement, Christophe Guilmoto, a par exemple évalué le nombre de victimes indiennes du Covid-19 à environ 2,2 millions.
Mais l'estimation la plus élevée a été réalisée par le Center for Global development. Dans un rapport publié cette semaine, l'instance américaine juge que 3,4 à 4,7 millions d'Indiens ont succombé au virus entre le début de l'épidémie et le mois de juin dernier. Dix fois supérieure au bilan officiel, cette appréciation, si elle s'avère juste, ferait de la pandémie la pire tragédie humanitaire connue par l'Inde depuis son indépendance.