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Migrants : 5 questions pour comprendre la situation à la frontière polonaise

Les tensions s’intensifient de jour en jour à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, accusée d'envoyer volontairement des migrants vers l'Europe de l'Est.

Que se passe-t-il à la frontière polonaise ?

Plusieurs de 2.000 de migrants sont massés depuis lundi 8 novembre à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne qu'ils tentent de franchir. Parmi eux se trouvent des enfants et des familles, munis de leurs effets personnels.

Le ministère de la défense polonais a partagé lundi sur son compte Twitter des images de centaines de personnes réunies près du poste frontière de Bruzgi-Kuznica, au nord-est du pays.

Une autre vidéo montrait des migrants abattre des grillages et s'attaquer aux barbelés qui les séparent du territoire polonais. Les réfugiés font face à un important dispositif militaire. Au total, plus de 15.000 soldats polonais sont déployés le long de la frontière et barrent la route aux migrants.

Selon les journalistes présents sur place, les gardes-frontière biélorusses poussent les migrants vers la frontière et les empêchent de faire demi-tour. Les ONG dénoncent une crise humanitaire alors que la température descend jusqu'à -5°C pendant la nuit. Au moins dix réfugiés sont morts ces dernières semaines en tentant de franchir la frontière, selon la presse polonaise.

d'où viennent ces migrants ?

Les Européens soupçonnent le président biélorusse Alexandre Loukachenko de faire venir les migrants par avion du Moyen-Orient jusqu'à Minsk, avant de les renvoyer vers la Lituanie, la Lettonie et la Pologne en leur promettant une entrée facile dans l'UE. Parmi eux se trouveraient notamment des Kurdes irakiens.

Les tensions entre la Biélorussie et les pays de l'Est ne sont pas nouvelles. Depuis cet été, la Pologne et plusieurs pays Baltes observent un afflux de migrants et dénoncent une «attaque hybride» de la part de la Biélorussie.

pourquoi la biélorussie agit-elle ainsi ?

Pour la Commission européenne, cette «instrumentalisation» des migrants est une représaille aux sanctions qui visent le régime de Minsk depuis la répression brutale d'opposants au président Loukachenko. 

«Nous arrêtions les migrants et les drogues. Attrapez-les vous-même désormais», avait lancé le dirigeant autocrate en mai dernier, après la mise en place de premières sanctions. En juin, de nouvelles sanctions ont frappé les secteurs clés de la potasse, du pétrole et du tabac.

L'UE refuse toujours de reconnaître Alexandre Loukachenko comme chef d'État légitime du pays depuis sa réélection controversée en août 2020, considérée comme «ni libre ni équitable». 

La Biélorussie est-elle la seule responsable ?

Varsovie a accusé ce mercredi le président russe Vladimir Poutine, soutien d'Alexandre Loukachenko, d’être le «commanditaire» de cet afflux de migrants.

La France, plus mesurée, a estimé jeudi qu'«une partie de la solution» était en Russie, en raison de ses forts liens économiques et politico-militaires avec la Biélorussie. L'Union européenne a elle annoncé surveiller 20 pays pour leur possible implication dans la crise migratoire, dont la Russie.

Comment réagissent les Européens ?

Ce mardi, l'UE a annoncé durcir les conditions d'octroi de visas pour les fonctionnaire du régime biélorusse, une décision qui entérine une proposition soumise par la Commission européenne fin septembre. Mais le président Loukacheno a menacé jeudi de couper les livraisons de gaz à l'Europe en cas de nouvelles sanctions.

Les compagnies aériennes «qui font le jeu des passeurs» sont également dans le viseur de l'Europe. En octobre, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas avait réclamé des sanctions «contre les compagnies aériennes qui gagnent de l'argent en amenant des réfugiés en Allemagne ou dans d'autres pays européens». La compagnie biélorusse Belavia, bannie de l'espace aérien de l'UE, est en effet soupçonnée de louer des avions à l'Irlande pour contourner l'interdiction.

Bruxelles a également annoncé que le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas, se rendrait «dans les prochains jours dans les principaux pays d'origine et de transit» pour empêcher que les migrants «tombent dans le piège tendu par les autorités biélorusses».

Enfin le gouvernement polonais, qui a pour projet de construire un mur à sa frontière, ne compte laisser passer aucun migrant et se prépare «à tous les scénarios».

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