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L'Humanité atteindra 8 milliards d'individus en 2022 et environ 10 milliards à la fin du siècle

Selon Gilles Pison, démographe, la question n'est pas tant de savoir si les humains seront trop nombreux, mais plutôt de s'interroger sur leurs modes de vie.[Unsplash/CHUTTERSNAP]

D'après l'ONU, la population mondiale atteindra les 8 milliards d'habitants le 15 novembre 2022. Sa croissance devrait ensuite se poursuivre, selon l'Ined.

La croissance de la population mondiale est à son rythme le plus lent depuis 1950, mais ça ne l'empêchera pas d'atteindre les 8 milliards d'habitants. Les Nations unies ont fixé cette échéance au 15 novembre prochain et, d'après l'Institut national d'études démographiques (Ined), les projections annoncent une poursuite de la croissance pendant encore quelques décennies après cela.

D'après Gilles Pison, démographe à l'Ined et auteur de l'article «Huit milliards d'humains aujourd'hui, combien demain ?», il est difficile d'assurer que la huit milliardième naissance aura lieu précisément le 15 novembre. Les recensements fournissent des informations sur l'effectif de la population pour tous les pays du monde, mais, rappelle-t-il, «leur qualité varie d'un pays à l'autre». Aussi, il est possible que «le seuil de 8 milliards ait été franchi un ou deux ans plus tôt que 2022, ou un ou deux ans plus tard».

Cela n'enlève rien au fait que les tendances démographiques sont connues. La population mondiale continue d'augmenter, mais à un rythme de plus en plus faible : en 2020, elle est passée sous la barre des 1%. Selon Gilles Pison, cela continuera en ce sens, jusqu'à la stabilisation de la population mondiale d'ici la fin du siècle.

La projection haute établit par les Nations unies prévoit 15 milliards d'habitants à ce moment-là, contre 7 milliards pour la projection basse. Le scénario moyen, lui, prévoit environ 10 milliards d'habitants à la fin du XXIe siècle. En s'appuyant sur ces chiffres, l'ONU estime qu'il y a 95% de chance pour que la population se situe entre 8,9 et 12,4 milliards en 2100.

Ces prédictions reposent entre autres sur le concept de transition démographique. Il correspond au moment où la fécondité et la mortalité d'un pays, un temps élevées, baissent d'elles-mêmes jusqu'à s'équilibrer à un niveau moindre. Cela coïncide généralement avec les progrès socioéconomiques, notamment en matière d'éducation et de santé, avec l'accès à la contraception par exemple.

La transition démographique ne s'opère toutefois pas exactement de la même manière et au même rythme dans toutes les régions du monde. Comme l'explique Gilles Pison, les démographes se sont laissés surprendre par la baisse très rapide de la fécondité dans beaucoup de pays d'Asie et d'Amérique latine dans les années 1960 et 1970.

Aujourd'hui, en 2022, la fécondité mondiale est de 2,3 enfants par femme en moyenne. Elle est donc «inférieure à la moitié de ce qu'elle était en 1950», précise le démographe. Cette croissance moindre cache «une grande diversité de situations», de la plus faible fécondité en Corée du sud (0,9 enfant par femme), à la plus élevée au Niger (6,7 enfants).

Mais, globalement, la fécondité se situe désormais en dessous du seuil de remplacement, fixé à 2,1 enfants par femme, «dans la plupart des pays ou régions du monde». C'est le cas en Inde (2,0 enfants par femme), en Iran (1,7), au Brésil (1,6) en Thaïlande (1,3) ou encore en Chine (1,2). Sachant que le seuil de remplacement est celui en dessous duquel une génération est moins nombreuse que la précédente.

«Un surcroît de 2 milliards d'habitants d'ici trente ans»

Les pays présentant encore une forte fécondité, au-delà de 2,5 enfants par femme, se situent en Afrique principalement, dans une partie du Moyen-Orient et dans «une bande en Asie allant du Kazakhstan au Pakistan en passant par l'Afghanistan». «C’est là que l’accroissement de population sera le plus important d’ici la fin du siècle», affirme Gilles Pison.

Le scénario moyen des Nations unies prévoit en effet un accroissement important de la population sur le continent africain, passant de 1,4 milliard d'habitants en 2022 à 3,9 milliards en 2100. Les démographes s'attendent à voir la transition démographique s'opérer en Afrique comme ailleurs mais, en raison de l'inertie démographique, «l'humanité n'échappera pas à un surcroît de 2 milliards d'habitants d'ici trente ans», selon Gilles Pison.

Il explique en effet que «tant que la population est jeune et compte une proportion importante de jeunes adultes, même si chaque couple a peu d'enfants, le nombre total de naissances reste élevé». Toutefois, selon le démographe, la question n'est pas tant de savoir si les humains seront alors trop nombreux, mais plutôt de s'interroger sur leurs modes de vie.

Si personne ne peut empêcher l'inertie démographique, il est possible en revanche de vivre d'une manière «plus respectueuse de l'environnement [...] de la biodiversité», et en étant «plus économes en ressources», assure Gilles Pison. Sur ce point, il rejoint Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, qui avait lancé un appel semblable au moment de la publication du rapport «Perspectives de la population mondiale 2022» des Nations unies, en juillet.

Il avait alors annoncé «la naissance du huit milliardième habitant de la planète Terre» le 15 novembre prochain, et souligné «l'occasion de célébrer notre diversité, de reconnaître notre humanité commune et de nous émerveiller des progrès en matière de santé qui ont permis d'allonger la durée de vie, et de réduire considérablement les taux de mortalité maternelle et infantile».

Mais, «dans le même temps, c'est un rappel de notre responsabilité partagée de prendre soin de notre planète», avait ajouté Antonio Guterres. Plaidant pour la préservation du vivant, il voyait dans cette huit milliardième naissance «un moment pour réfléchir aux domaines dans lesquels nous ne respectons pas encore nos engagements les uns envers les autres».

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