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Coupe du monde 2022 : une finale Argentine-France qui restera dans la légende

Le duel Lionel Messi-Kylian Mbappé a tenu toutes ses promesses. [PA Images / Icon Sport]

Au terme d'un scénario rocambolesque, l'Argentine a remporté l'édition 2022 de la Coupe du monde face à la France (3-3, 4-2 tab). De par son récit, le niveau de jeu et les performances XXL de tous les acteurs, cette finale rentre instantanément dans les annales du football.

L'expression «match de légende» n'a jamais été aussi appropriée. Alors que cette finale Argentine-France ressemblait, jusqu'à la 75e minute, à une triste débâcle française, l'irrationalité du football a fait son affaire, pour nous offrir une égalisation express et des prolongations folles.

Dès le chant des hymnes et à l'instar d'une Coupe du monde très solennelle pour les Sud-Américains, les joueurs de Lionel Scaloni étaient en mission.

UN SCÉNARIO DIGNE D'UN BLOCKBUSTER

Ce récit footballistique dingue avait pourtant débuté comme un non-événement. Face à des Bleus apathiques, certains visiblement atteints après le virus qui a touché le camp français en cette fin de Mondial, l'Argentine a déroulé son jeu.

Menant 2-0 jusqu'à la 79e minute, l'Albiceleste a été renversé en deux minutes, grâce à un doublé de Kylian Mbappé (2-2). En prolongations, alors qu'ils courraient après le ballon, les Argentins ont été résilients pour inscrire un but libérateur. Mais encore une fois, l'attaquant français a sauvé les siens. Dans une dernière action folle, Randal Kolo Muani a vu sa frappe puissante arrêtée par Emilio Martinez (3-3). Encore une finale aux tirs au but et à ce jeu-là, c'est la France qui perd, Aurélien Tchouaméni et Kingsley Coman ratant leur face-à-face.

Annoncé dans toute la sphère médiatique et footballistique comme le duel de l'année, l'affrontement entre Lionel Messi et Kylian Mbappé a ainsi tenu toutes ses promesses.

L'Argentin a joué les métronomes, orientant le jeu vers l'avant pour ses coéquipiers, que ce soit sur les ailes, dans l'entrejeu ou en profondeur par les airs. De son côté, «Kyk's» a été l'un des seuls Bleus rarement dangereux sur chacune de ses prises de balle. Il est devenu le second joueur à inscrire un triplé en finale, avec l'Anglais Geoffrey Hurst, et finit meilleur buteur de la compétition avec huit réalisations.

C'est d'ailleurs vers la finale de 1966 qu'il faut se tourner pour voir un scénario similaire. À domicile, les Anglais se déchirent contre l'Allemagne de l'Ouest et Geoffrey Hurst a marqué le fameux «but de Wembley», peut-être le plus contesté de l'histoire du football puisqu'il est encore aujourd'hui impossible de savoir si le ballon avait franchi ou non la ligne de but. L'Angleterre marquera un dernier but à la 120e minute pour s'adjuger la seule Coupe du monde de leur histoire.

Les remplaçants ont tout changé

La grandeur du match se désigne aussi par son coaching. À ce jeu-là, Didier Deschamps est plutôt connu pour sa stabilité plutôt que son sens de la réaction. Pourtant, avant même la fin de la première période, il sort Olivier Giroud, diminué physiquement et Ousmane Dembélé, coupable d'avoir provoqué le penalty à la 23e minute.

Marcus Thuram et Randal Kolo Muani, qui n'avaient alors joué que des bouts de match (un but pour Kolo Muani face au Maroc), ont joué les dynamiteurs en seconde période.

Le premier a gagné des duels décisifs sur le côté gauche et servi Kylian Mbappé pour un superbe deuxième but égalisateur. Le second a provoqué le penalty pour réduire l'écart, fluidifié un jeu d'attaque jusqu'alors arthritique et aurait pu marquer le but de la victoire sur une frappe puissante à la 120e minute, brillamment sauvée par le portier argentin Emiliano Martinez.

Enchaînant les performances de grande classe depuis le début de la compétition, Antoine Griezmann est également passé au travers de sa finale. Remplacé par Kingsley Koman à la 70e minute, ce dernier a participé au renouveau offensif de l'équipe de France.

De son côté, Lionel Scaloni a fait un choix payant : titulariser Angel Di Maria sur le côté gauche de l'attaque. Sur le banc en quart et demi-finale, l'ex joueur du PSG a réalisé une première mi-temps triomphale, inscrivant le but du break.

En prolongations, les entrées de Leandro Paredes et Lautaro Martinez ont donné un nouvel élan aux Argentins, qui ont marqué quelques minutes après. Enfin, Paulo Dybala a joué une seule minute, mais a inscrit le deuxième tir au but sud-américain, quand la France venait de rater sa tentative. Au mental.

Lionel Messi, un record et une destinée enfin accomplie

Cette victoire argentine vaut comme l'accomplissement humain et sportif de leur héros : Lionel Messi. L'attaquant du PSG a réalisé, à 35 ans, la Coupe du monde la plus aboutie de sa carrière, avec sept pions et trois passes décisives, le sacrant meilleur joueur du tournoi.

Avant même son arrivée au Qatar, le storytelling était redoutable. Vainqueur et meilleur joueur de la dernière Copa America qu'il n'avait jamais remporté, meilleur passeur de Ligue 1 après des débuts tourmentés et l'annonce de sa dernière Coupe du monde. Toujours dans l'ombre du fantasque Diego Maradona, Lionel Messi se devait de marquer l'histoire en remportant le dernier titre collectif qui lui manquait.

D'autant que l'aventure a été rude pour les hommes en bleu et blanc. Dès le premier match, l'Arabie Saoudite a créé la surprise en l'emportant 2-1, forçant l'un des favoris de la compétition à se découvrir, à élever son niveau de jeu. Et la Pulga a contribué, en tant que maître à jouer, aux six victoires successives de son équipe.

Il est également devenu ce soir, le joueur avec le plus grand nombre de rencontres disputées en Coupe du monde (26), dépassant le légendaire milieu allemand Lothar Matthäus. Grâce à son doublé synonyme de 12e et 13e buts en Mondial, il est désormais le quatrième meilleur buteur de la compétition, à égalité avec le Français Just Fontaine.

C'est donc le scénario rêvé pour l'Argentin qui, avec ce nouveau trophée (puisqu'il a déjà été meilleur joueur en 2014, après sa défaite en finale contre l'Allemagne), a remporté tous les trophées majeurs possibles. Et d'être considéré, peut-être, comme le meilleur joueur de tous les temps.

Quelques heures après le coup de sifflet final se bousculent toutes les émotions dans la tête. À travers ce spectacle grandiose, l'un des plus beaux matchs de l'histoire du football, il s'est vécu la confrontation de l'irrationnel et de l'inéluctable. Émotionnellement assomés, le cœur gonflé de fierté, seuls quelques mots nous viennent en tête : bravo et merci messieurs.

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