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Agressions, insultes, menaces... des profs face à la violence

lycee violences scolaires illustration MIGUEL MEDINA AFP

Face à la violence scolaire, des milliers d’enseignants désemparés espèrent enfin des réponses concrètes de l’Etat, mais gardent peu d’espoirs.

Car les dérapages se succèdent. Un élève de 18 ans était, hier, toujours en garde à vue pour «violences et outrages» après avoir fait chuter et insulté son professeur de technologie.

Une affaire choquante, qui a eu lieu dans le lycée Edouard-Branly de Créteil (Val-de-Marne), le même établissement où, il y a un mois, un élève de 16 ans avait braqué une enseignante avec une arme factice.

L’incroyable vidéo de l’agression était alors devenue virale sur Internet, suscitant la colère et poussant les professeurs à témoigner de leurs difficultés.

Pour nombre d’entre eux, la violence, sous toutes ses formes, se vit au quotidien. Et, contrairement à une idée reçue, elle ne se limite pas aux seuls centres urbains, laissant les professeurs complètement désemparés.

Un fléau quotidien et installé

Selon des chiffres publiés fin 2017 par Le Parisien, à partir de données officielles, 442 incidents graves, allant de l’insulte aux coups, se produisent quotidiennement dans les collèges et lycées de France.

Un bilan déjà impressionnant, mais sans doute sous-évalué, puisque seuls sont considérés les faits signalés aux académies. Dans leur majorité (80 %), ces «incidents graves» concernent des violences verbales (41 %) ou physiques (30 %).

Viennent ensuite les vols et le vandalisme (8 %), la consommation et le trafic de stupéfiants (4 %), le port d’arme blanche ou d’objet dangereux (3,2 %).

Reste que ces faits ont tendance à stagner, souligne Frédérique Rolet, secrétaire générale du syndicat enseignant SNES-FSU. Mais ce qui est nouveau et préoccupant en revanche, c’est un certain sens de la mise en scène de cette violence.

«Elle tend a être amplifiée par les réseaux sociaux, les jeunes n’hésitent plus à se filmer, ce qui peut en pousser d’autres à passer à l’acte et à les imiter», ajoute-t-elle.

Paradoxalement, c’est par le même biais que les profs en souffrance se sont fait entendre, en libérant leur parole, notamment grâce au hashtag #PasDeVague.

Des milliers de témoignages ont ainsi déferlé, dénonçant l’immobilisme de leur hiérarchie face aux violences dont sont victimes les professeurs, mais aussi les élèves.

La peur de la mauvaise réputation y est pour beaucoup car «les chefs d’établissement doivent répondre aux objectifs de leur lettre de mission, qui s’ils sont atteints, peuvent donner lieu à une prime», explique la syndicaliste.

Des expériences à mener

La médiatisation de l’affaire de l’arme factice avait pris une telle ampleur qu’elle avait poussé Emmanuel Macron à agir rapidement.

Fin octobre, il avait chargé le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, de faire des propositions. Ce dernier a depuis confirmé qu’une permanence policière dans les collèges et les lycées était envisageable, mais à certaines conditions.

A cet égard, un plan d’action précis doit être présenté d’ici au 15 décembre.

Il pourrait peut-être s’inspirer d’expériences locales comme celle du lycée Maurice-Utrillo, de Stains (Seine-Saint-Denis), où un ancien gendarme, en détachement à l’Education nationale pour trois ans, vient de prendre ses fonctions de proviseur adjoint.

Une forme de partenariat qui peut être «intéressante», note Frédérique Rolet, «mais ce qui est important, c’est qu’on ne laisse pas les profs seuls face aux problèmes», insiste-t-elle.

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