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Jérôme Rodrigues blessé à l'œil : ce que l'on sait

Jérôme Rodrigues, qui aura 40 ans en mai, va devoir rester cinq jours à l'hôpital pour éviter une infection à l'oeil. Jérôme Rodrigues, qui aura 40 ans en mai, va devoir rester cinq jours à l'hôpital pour éviter une infection à l'oeil. [© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP]

Gravement blessé lors de la mobilisation des gilets jaunes du samedi 26 janvier, Jérôme Rodrigues, figure du mouvement, a annoncé ce mercredi 13 février avoir perdu l'usage de son oeil droit. Sa blessure avait relancé la controverse sur l'usage d'armes dites «intermédiaires» par les forces de l'ordre. Voici ce que l'on sait sur cet incident. 

Les faits

Samedi 26 janvier, 16h45, place de la Bastille. La tension monte entre certains gilets jaunes et forces de l'ordre. Jérôme Rodrigues s'effondre au sol alors qu'il filme avec son téléphone en direct. «Médic, médic, médic [...] En plein oeil... Appelez les médics!», entend-on hurler à l'image, devenue fixe et cadrée sur le sommet de la colonne de la Bastille. Le blessé sera finalement pris en charge par les pompiers et hospitalisé.

Quelques secondes avant sa chute, sa vidéo montre un projectile du type grenade jeté au sol à la main et qui roule vers ses pieds. Sur une autre vidéo, vue sous un autre angle et postée sur son compte Twitter par le journaliste indépendant Clément Lanot, deux bruits sont entendus : l'explosion sourde d'une grenade, puis le tir sec d'un LBD, doté de balles de caoutchouc de 40 mm de diamètre.

LBD ou grenade ?

«J'ai subi deux attaques : une grenade en bas des pieds qui m'étourdit et, trois secondes après, l'impact de la LBD 40 qui m'arrive à l'oeil», affirmait Jérôme Rodrigues, le lendemain, lors d'une conférence de presse à l'hôpital Cochin, où il est soigné. «Je tiens à préciser qu'une grenade, ça déchiquette», a-t-il ajouté.

L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui l'a entendu dimanche, «m'a confirmé que sur les vidéos qui ont été vues il y a bien le 'boom' de la grenade et le 'poc', qui suit derrière, du tir de LBD», a-t-il dit, précisant avoir remis à la «police des polices» la balle du LBD qui l'a touché et a été «ramassée» par des témoins.

Une version contestée par le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nunez, qui a déclaré dimanche soir à LCI n'avoir «aucun élément qui [lui] permet de dire qu'il y a eu un usage d'un LBD qui aurait touché M. Rodrigues». Il a en revanche confirmé l'utilisation d'une grenade de désencerclement au même moment.

des sommations ?

Cette blessure est survenue le jour où, face à la polémique sur les lésions graves causées par les LBD, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, avait décidé d'équiper pour la première fois de caméras-piétons les forces de l'ordre dotées de ces armes dites «intermédiaires».

Au total, 32 tirs de LBD ont été réalisés samedi à Paris, selon Laurent Nunez, qui souligne que tous «ont été filmés». Une affirmation contredite par l'avocat de Jérôme Rodrigues, Philippe de Veule, qui assure qu'«il n'y avait pas de caméras [piétons], ni de sommations» quand son client a été blessé. «C'est un non-respect de la déontologie et des règles en vigueur», a-t-il déploré.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour «recherche des causes des blessures».

Peu après l'hospitalisation de Jérôme Rodrigues, les autorités avaient également annoncé la saisine de l'IGPN. Au 24 janvier, la police des polices avait déjà été saisie de 101 enquêtes judiciaires, dont au moins 31 pour des blessés «sérieux ou graves» lors des manifestations.

«Pacifique» et «pas casseur»

Jérôme Rodrigues, qui aura 40 ans en mai, père d'une fille de 13 ans. «C'est un membre emblématique du mouvement, apprécié de tous, qui est tout à fait pacifique [...] Il filme les manifestations, ça s'arrête là», a insisté son avocat. «Ce n'est pas un casseur», a de son côté affirmé sa soeur.

Jérôme Rodrigues est un proche d'Eric Drouet, l'une des figures du mouvement des «gilets jaunes», habitué à faire des directs lors des manifestations. Sur sa vidéo de samedi avant sa blessure, l'homme à la barbe poivre et sel, souvent vêtu d'un chapeau, incite à plusieurs reprises des gilets jaunes à «partir» de la place de la Bastille, car «les 'black blocs' vont attaquer [la police]».

C'est aussi lui qui a été parmi les premiers initiateurs des manifestations déclarées auprès de la préfecture de police. «On lâchera rien», a répété dimanche notamment sur Facebook le blessé, né à Montreuil d'une mère française et d'un père portugais, postant plusieurs photos de lui sur son lit d'hôpital ou dans un fauteuil roulant, le poing levé, l'oeil droit recouvert d'un grand pansement. «Je serai à des manifs dès que mon état me le permettra», a assuré cet ancien commerçant reconverti depuis peu comme plombier.

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