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Salon de l'agriculture 2019 : la campagne à la ville

Une partie de Paris transformée en ferme géante. Comme chaque année, la France a rendez-vous, à partir de samedi 23 février, à la Porte de Versailles, au Salon international de l’agriculture, qui fête sa 56e édition.

Un événement incontournable, qui se tient jusqu’au 3 mars, où sont attendus près de 700.000 visiteurs et plus de 4.000 animaux. Et au-delà de la bonne ambiance qui règnera dans les allées, l’enjeu sera de taille pour les agriculteurs : se faire entendre. 

La fierté et l’inquiétude

Céréaliers, éleveurs de porcs, producteurs de fromages…  Quelque 1.000 agriculteurs seront présents derrière leurs stands ou dans les enclos, afin de vanter l’excellence du terroir français.

Car tous sont des «femmes et des hommes de talent», selon la thématique retenue cette année par les organisateurs. Des professionnels qui souhaitent partir à la rencontre des «citadins» pour leur montrer une fois encore, au détour d’un repas donné aux animaux ou d’une dégustation, tout leur savoir-faire. 

Ce sera aussi l’occasion, pour eux, de combattre «l’agri-bashing» dont ils sont victimes, selon le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume. Des critiques qui concernent l’utilisation de produits sanitaires, comme le glyphosate, ou encore le bien-être animal. 

«Les attaques que nous subissons proviennent de minorités très actives sur les réseaux sociaux», avance Pierre Hannebique, responsable du Pas-de-Calais pour la FNSEA. Selon lui, il y a une «incompréhension du public vis-à-vis des pratiques agricoles», qui ne demande qu’à être levée durant le salon.

Mais la profession veut aussi alerter les citoyens sur son extrême précarité. Un agriculteur ne gagne en effet que 1 250 euros en moyenne par mois, et un sur trois doit se contenter de seulement 350 euros.

Une situation qui vire au drame, puisqu’un exploitant se suicide tous les deux jours en France. Pour améliorer leurs conditions de vie, le gouvernement a récemment introduit la loi alimentation.

En modifiant l’encadrement des prix dans la grande distribution, elle doit permettre de mieux rétribuer les éleveurs. «C’est une avancée, encore faut-il que les distributeurs transforment l’essai», ajoute Pierre Hannebique. Preuve que l’inquiétude du secteur est grande. 

Un formidable porte-voix

Les agriculteurs vont d’autant plus s’exprimer que le salon est une formidable caisse de résonnance. Les allées de la Porte de Versailles devraient en effet voir défiler, comme chaque année, la majeure partie de la classe politique. 

A commencer par le président, Emmanuel Macron, qui sera sur le pont dès demain, à l’ouverture, au côté de Didier Guillaume. Les leaders de l’opposition lui emboîteront le pas dans les prochains jours. 

Car entre deux serrages de mains et un verre de cidre, les élections européennes du 26 mai prochain seront dans toutes les têtes, donnant à ce rendez-vous populaire des airs de campagne électorale. 

Les agriculteurs veulent notamment être «mieux défendus contre la concurrence [des autres pays européens], surtout sur le coût du travail», indique Pierre Hannebique. Un problème financier qui n’est pas sans rappeler la colère des gilets jaunes. Lesquels pourraient bien venir perturber la fête, alors que leur acte XV est annoncé samedi. 

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