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Municipales à Paris : les 4 défis de Benjamin Griveaux, candidat LREM

Benjamin Griveaux va notamment devoir mettre au point un programme. [© ALAIN JOCARD / AFP]

Désigné candidat LREM en vue des élections municipales à Paris en 2020, Benjamin Griveaux a encore du chemin – et du travail – à faire avant de pouvoir espérer déloger Anne Hidalgo du fauteuil de maire.

Rassembler son camp

Un court message qui en dit long. Le tweet publié par Cédric Villani pour annoncer sa défaite, actant quasiment celle de Benjamin Griveaux et coupant ainsi l'herbe sous le pied aux autorités LREM, veut sans doute dire beaucoup.

A travers cette communication précipitée, transparaît en effet la rancœur du mathématicien qui avait le vent en poupe ces dernières semaines, mais qui s'est heurté à la froide réalité du parti macroniste. Peu importe les belles dynamiques, le président tranche en faveur de ses fidèles.

Une décision qui pourrait laisser des traces, Cédric Villani laisse planer le doute sur la suite : «j'aurais prochainement l'occasion de m'exprimer sur les perspectives qu'il convient à présent d'ouvrir», a-t-il écrit. Et à aucun moment, le vaincu n'a dit qu'il allait se rallier au vainqueur. De quoi laisser imaginer un cavalier seul de Villani aux municipales ?

Mais Benjamin Griveaux va aussi devoir faire avec Mounir Mahjoubi, ancien secrétaire d'Etat au Numérique, qui avait récemment rejoint Cédric Villani. Sans oublier le troisième candidat à l'investiture, Hugues Renson, qui est tout de même vice-président de l'Assemblée nationale.

Enfin, reste à voir si la désignation officielle de Griveaux fera cesser de planer l'ombre d'Edouard Philippe au-dessus de la capitale.

Améliorer son image

Ancien porte-parole du gouvernement et directeur de la communication d'Unibail-Rodamco, Benjamin Griveaux va devoir faire de gros efforts s'il veut que son image s'améliore. Habitué pendant de longs mois à batailler pour défendre Emmanuel Macron et sa politique, l'homme de 41 ans passe en effet aux yeux de certains pour être cassant et arrogant.

Mais après avoir récemment dévoilé qu'il était devenu père pour la troisième fois, Benjamin Griveaux est apparu ce week-end en bras de chemise et poussette en main, entouré de sa famille, lors d'un pique-nique qu'il a organisé pour réunir ses soutiens dans un parc parisien. Peut-être une manière de commencer à fendre l'armure et laisser entrevoir une personnalité que des proches disent «agréable».

A moins que celui qui assume de «dire les choses» et revendique «n'avoir jamais fait de média training», dans Les Echos, ne choisisse de poursuivre dans sa posture offensive.

Une hargne dont il va bien avoir besoin, car s'il bénéficie du soutien macronien, Benjamin Griveaux ne pourra pas bénéficier de l'appui et de l'élan populaire qu'aurait pu lui fournir une primaire réussie. Au contraire, il sort même plutôt affaibli de cet épisode de l'investiture.

Affiner un programme

A la manière de fonctionner de LREM, Benjamin Griveaux a dit qu'il allait sonder les Parisiens de septembre à décembre, afin de récolter des paroles et des idées, puis les analyser et les disséquer, avant d'en ressortir un programme. 

Mais le natif de Saône-et-Loire a déjà commencé à esquisser des projets. Parmi eux, succès électoral d'EELV aux européennes oblige, une bonne partie concerne l'écologie.

Benjamin Griveaux propose par exemple la création d’un «conseil parisien de défense écologique»,  comprenant une moitié de jeunes âgés de 15 à 25 ans, et qui aurait pour but de voter tous les deux mois une «mesure écologique concrète».

Concernant la question épineuse de l'avenir du périphérique, il souhaite organiser un référendum local. Mais la création d'une voie dédiée à l'autopartage et aux transports publics, ainsi que la couverture partielle de l'axe routier sont également sur la table.

Sur le plan politique, l'ancien conseiller municipal de Chalon-sur-Saône (de 2008 à 2015) souhaite donner davantage de pouvoir aux maires d'arrondissement. Il envisage aussi d'armer les 3.000 agents de la future police municipale parisienne.

Trouver le bon espace politique

C'est aussi ce qui va conditionner son programme : la place que va occuper Benjamin Griveaux sur l'échiquier politique parisien.

Cet ancien militant du Parti socialiste et collaborateur de Dominique Strauss-Kahn (de 2003 à 2007) se situe plus à droite que ses anciens rivaux Mahjoubi et Villani. Avantage : il devrait pouvoir profiter de l'explosion totale de la droite dans la capitale, que Rachida Dati ne pourra sans doute pas unifier. Désavantage : il risque de laisser un boulevard à Anne Hidalgo au centre-gauche.

Benjamin Griveaux pourrait donc être tenté de remettre au goût du jour – version Paris – le «ni de droite, ni de gauche» d'Emmanuel Macron. D'autant qu'aux dernières européennes, LREM a fait un très bon score dans la capitale, arrivant largement en tête avec 32,9 % des voix (contre 22,4% au niveau national).

Mais l'élection municipale parisienne est totalement différente, en particulier sur le mode de scrutin, bien particulier dans cette ville. Et une victoire à Paris passe notamment par la prise des arrondissements du nord-est, très peuplés et qui rapportent beaucoup de grands électeurs. Des zones traditionnellement acquises à la gauche, en faveurs desquelles la maire a, de plus, récemment lancé un plan d'action.

«Benjamin Griveaux est le meilleur candidat qu'on pourrait avoir face à nous», glissait malicieusement Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d'Anne Hidago, lundi 8 juillet, en marge du conseil de Paris. Présomptueux ou perspicace ?

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