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Tout savoir sur le général Jean-Louis Georgelin, «monsieur reconstruction» de Notre-Dame

Ce militaire originaire de Haute-Garonne était le Chef d'État-Major des armées françaises de 2006 à 2010. [© Zakaria ABDELKAFI / AFP]

En choisissant le général Jean-Louis Georgelin, ancien chef d'Etat-major des armées, pour orchestrer la reconstruction de Notre-Dame, Emmanuel Macron a parié sur un catholique formé à l'obéissance de la «Grande muette» pour faire avancer avec détermination un chantier d'une extrême complexité.

Carré d'épaules, abord rugueux, grand rire, voix puissante, cet homme très attaché au patrimoine religieux peut rudoyer les autres comme il l'a fait avec l'architecte en chef des monuments historiques, Philippe Villeneuve, prié de «fermer sa gueule» après s'être déclaré en faveur d'une reconstruction de la flèche à l'identique. Il dément toute querelle, parlant de «respect et d'estime réciproques». 

«Nous allons faire en sorte, assure-t-il, que chacun, avec son tempérament, son enthousiasme, se mobilise pour atteindre l'objectif qui est nôtre.» Il se définit comme chef d'opérations à la tête d'une «task force». L'Etat décidera, lui obéit à l'Etat, tel est son principe.

Un général cinq étoiles

«Je ferme ma gueule, ce n'est pas moi qui vais décider la flèche qui sera retenue, ce qui ne m'empêche pas de jouer à ma place le rôle que je crois devoir être le mien. A ma place, mais ce n'est pas la place publique», insiste-t-il.

Ce général cinq étoiles célibataire est cultivé, peu mondain, sobre, et sa foi catholique est aussi ancrée que discrète. Originaire d'Aspet (Haute-Garonne), Jean-Louis Georgelin entend diriger une «task-force» comme sur un théâtre d'opérations.

En fixant un objectif de cinq ans pour la restauration, Emmanuel Macron avait besoin d'un homme qui tranche dans les nombreux arbitrages entre des métiers et intérêts très divers. Une mission appréciée par Jean-Louis Georgelin, qui aime bien que ça «dépote». Sa devise est «avancer sans procrastination». «Mon rôle est d'obliger à la rigueur de la planification, de l'anticipation, faire la chasse aux temps morts», résume-t-il.

Depuis décembre à la tête de l'Etablissement public chargé de restaurer Notre-Dame, «Monsieur reconstruction» cultive le lien direct avec les compagnons du chantier, tel un officier avec ses soldats. Et aussi avec les donateurs, avec lesquels il veut tisser «une relation d'information, de confiance, de transparence». 

En choisissant un catholique pratiquant, Emmanuel Macron a pris une décision assez politique et habile, appréciée par la droite, le diocèse de Paris et les fidèles. Sa foi assumée a-t-elle joué dans le choix du président ? «Oui, je le crois», admet le général. «Ce n'est pas anormal de choisir un catholique pour une mission pareille. Mon rôle est de rendre la cathédrale dans les meilleures conditions possibles, sans faire n'importe quoi, au culte catholique.»

«J'ai toujours un bureau à l'Elysée. Je suis toujours en liaison étroite avec le président. Je peux entrer en contact avec lui quand je l'estime nécessaire. Je crois qu'il m'honore de sa confiance», dit-il. C'est pourtant ce même Georgelin qui avait critiqué Emmanuel Macron, lors de la crise ouverte en 2017 avec son chef d'état-major Pierre de Villiers.

Complexe comme une opération militaire

Cet ancien élève de Saint-Cyr et chef de l'état-major particulier de Jacques Chirac en 2002, avait été promu général d'armée en 2003. Chef d'État-Major des armées françaises (Cema) de 2006 à 2010, il a supervisé les opérations en Côte d’Ivoire, Afghanistan, dans les Balkans ou au Liban.

La reconstruction d'une cathédrale peut être à ses yeux aussi complexe. «L'âme de la France était cette cathédrale. C'est d'abord un lieu de culte, la cathédrale métropolitaine de la France, la première église et le cœur de la chrétienté en France», avait-il expliqué lors de sa nomination.

Notre-Dame illustre «une des parties les plus fastes de l'art français en Europe», dit le général qui confie son émotion devant ses rosaces, «véritable magnificat à la gloire de la Vierge». «Ce n’est pas un musée ou un mémorial» mais «un marqueur très profond», avait-il souligné l'an dernier, ajoutant : «la France laïque, toutes tendances confondues, a pleuré» en la voyant brûler.

Conscient de la dimension politique du chantier, Jean-Louis Georgelin est aussi très sensible au fait que la cathédrale a été le théâtre d'évènements fondateurs de l'histoire. Ce féru d'art gothique encourage aussi les métiers et spécialistes de l'art à y déployer tous leurs talents et à faire de cette restauration une vitrine.

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