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Avec le coronavirus, les Franciliens sont tentés par un départ en région

Paris, le 23 avril. Paris, le 23 avril.[JOEL SAGET / AFP]

L’épidémie de coronavirus donne envie à certains habitants de la région parisienne de quitter la capitale et ses alentours.

Si pour l’écrivain Ernest Hemingway Paris est une fête, pour certains de ses habitants, Paris est une fuite. C’est le sentiment que l’on pourrait tirer après la consultation de différents acteurs de la mobilité de Paris vers les régions.

Le site Paris je te quitte, plate-forme qui aide les futurs ex-Parisiens à monter leur projet de départ en les mettant en relation avec des experts immobiliers et des entreprises régionales, a ainsi vu sa fréquentation exploser depuis le début de la période de confinement : le trafic a grimpé de 50%, la recherche de logements doublé et le dépôt de CV triplé. «Le printemps est souvent une période propice. Nos lecteurs sont des familles avec de jeunes enfants et ils souhaitent donc s'installer avant la rentrée de septembre», relativise Kelly Simon, co-fondatrice du site. Mais quand même : «la demande commence en mai d’habitude», et pas en mars comme cette année.

Adrien Pepin, qui gère le site et le groupe Facebook Partir de Paris, juge la période également exceptionnelle : «c'est la première fois que je vois autant de monde qui demande à être ajouté sur le groupe Facebook», même si la fréquentation de son site, elle, a largement chuté.

Sur Seloger, les recherches pour des appartements dans Paris en baisse de 20%

Autre indicateur intéressant : les données publiées par le site de petites annonces Se Loger. «Le taux de consultation des maisons à vendre a explosé depuis le début du confinement», peut-on lire sur le site internet le 16 avril. Et surtout celles éloignées de la tentaculaire capitale. Se Loger indique que «les recherches effectuées sur des biens situés en province progressent de 5 %», et en particulier ceux situés en Bretagne. En revanche, la part relative des recherches pour des appartements dans Paris a baissé de 20%. Même tendance pour la petite couronne et la grande banlieue parisienne, qui observent des baisses respectives de 12,5% et 8%.

Avec le confinement, l'affirmation «loyer trop cher pour appartement trop petit» prend encore plus de sens. «Certains de nos lecteurs sont allés se confiner ailleurs et ont découvert un autre mode de vie», analyse Kelly Simon. A raison puisque 17% des habitants de Paris et de sa petite couronne auraient fui la capitale entre le 13 et le 20 mars, selon l'opérateur Orange.

Des questions demeurent : qui sont ceux qui veulent partir ? Ceux pour qui le confinement permet de peaufiner un projet déjà mis sur les rails ? Ou bien ceux dont le confinement a été un révélateur ? Autrement dit, le confinement ne prêche-t-il que les convaincus ?

C’est en substance la réflexion de Nelly Chanel de Nouvelle Ville Vie Nouvelle, une association chargée d’accompagner les personnes mal logées dans leurs démarches pour quitter la capitale. Si la structure n'est pas représentative du profil type du Parisien sur le départ, elle observe que les bailleurs sociaux, avec qui l'association est liée pour identifier les personnes à aider, sont fermées et n'amènent plus de nouvelles personnes. Résultat, l’association, qui n’est pas connue du grand public, ne traite plus que les dossiers déjà dans le circuit : «le confinement a renforcé l’envie de partir de ceux qui en avait fait la demande et a convaincu ceux qui hésitaient», explique-t-elle.

Pour Violette Verembia, qui habite un appartement de 60m2 à Nanterre, le confinement a mis un terme aux sorties en trottinette de sa fille de 8 ans, apeurée par le virus. Alors, malgré la terrasse, décision a été prise : «le 30 juin (date de la fin de l’année scolaire, ndlr) je mets tout ce que je peux dans la voiture et je descends à Bordeaux. Pour le travail et l’appartement, on verra après».

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