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La difficile campagne électorale post-confinement des candidats

Rachida Dati, candidate à Paris (LR), en train de distribuer des tracts dans les boîtes aux lettres, le 3 juin. Rachida Dati, candidate à Paris (LR), en train de distribuer des tracts dans les boîtes aux lettres, le 3 juin.[Thomas SAMSON / AFP]

«Nous avons investi dans une table de camping, que nous avons installée à l’entrée du marché et sur laquelle nous avons posé les tracts. Ce sont les gens qui viennent les chercher s’ils sont intéressés».

Comme tous les prétendants aux mairies de France, Valentin Rouffiac, candidat sur la liste d’Agnès Evren (LR) dans le 15e arrondissement de Paris, constate tant bien que mal comment la crise sanitaire a modifié les habitudes pour cette campagne électorale du second tour des élections municipales.

Et pas forcément en mieux, notamment sur les marchés où ils sont habitués à aller au contact des électeurs. «Ça marche moins bien, c’est plus difficile d’intéresser les gens».

Les consignes du ministère de l’Intérieur concernant les règles exactes de la campagne électorale (qui aura lieu officiellement du 15 au 27 juin) devraient arriver pour la mi-juin. En attendant, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, vendredi 5 juin à l'Assemblée nationale, a simplement annoncé que des réunions publiques pourront être organisées dans les départements «verts» et que le porte-à-porte n'était pas interdit, s'il était fait dans le respect des gestes barrières.

Dans les 5.000 communes (soit 16 millions de Français) où un second tour doit se dérouler, les candidats s'adaptent et chacun fait son petit calcul. «Il n’y aura pas de réunions publiques, pas de porte-à-porte, uniquement de la distribution de tracts dans les boîtes aux lettres», explique Wilfrid Pailhes, candidat (PS) à la mairie de Bourg-lès-Valence dans la Drôme. Quant à son éventuelle présence sur les marchés pour tracter, il n’a encore rien décidé : «Nous allons être très précautionneux car les gens, à mon avis, vont être sur la retenue. Donc nous n’allons pas les forcer à prendre les documents». 

Au contraire, pour Yannick Ohanessian, tête de liste du Printemps marseillais (une liste d'union de la gauche) dans les 11e et 12e arrondissements de Marseille, pas question de renoncer au porte-à-porte : «On souhaite aller à la rencontre des Marseillais en respectant à 100% les gestes barrières». L'attirail du parfait militant est révisé : à la place des tracts et d'une ferme poignée de main, les colistiers doivent s'équiper d'une visière, d'un masque et d'une fiole de gel hydroalcolique. 

La campagne sur tiktok ?

Comme les y enjoignent le Conseil scientifique et Christophe Castaner, les candidats ont décidé d’investir le numérique pour combler la baisse de lien physique avec les électeurs. «Nous allons créer une page Facebook, qui n’existait pas au premier tour», explique Wilfrid Pailhes. A Paris, «la consigne de Rachida Dati a toujours été de privilégier le terrain. Pendant la campagne du premier tour, nous y étions tous les jours. Mais là, il faut s’adapter et le numérique peut jouer un rôle», raconte Valentin Rouffiac, qui est également le président des «Jeunes avec Dati». Il essaye actuellement de faire valider à l'ancienne garde des Sceaux une page sur Tiktok, un réseau social musical prisé des jeunes Français. Yannick Ohanessian, lui, imagine des réunions publiques en live sur les réseaux sociaux.

Les trois candidats s’accordent sur l’enjeu principal de ce deuxième tour des élections municipales : réussir à intéresser les électeurs au scrutin. Et notamment les plus jeunes, moins fragiles face à la menace du virus mais moins familiers du bureau de vote que leurs aînés, touchés en masse par le coronavirus. Au premier tour, seuls 45% des Français étaient allés voter. S’il pense malgré tout que l’abstention sera moins forte qu’au premier tour, Wilfrid Pailhes juge que «les gens ne se préoccupent pas beaucoup des élections : ils pensent à leur retour au travail ou à leurs amis et famille à qui ils ne pouvaient pas rendre visite à cause de la contrainte des 100 kilomètres». «La priorité des gens aujourd’hui c’est : Est-ce que je vais garder mon emploi ? Est-ce que je vais manger à la fin du mois ?», abonde Yannick Ohanessian.

D'ailleurs, pour limiter l'abstention, le Parlement planche actuellement sur une loi pour qu'un électeur puisse porter la procuration de deux personnes.

Presque trois mois se sont écoulés depuis la fin du premier tour. Trois mois pendant lesquels l'ambiance de la campagne a désormais radicalement changé. Ainsi, les images du meeting de Rachida Dati dans la salle Gaveau à Paris, le 9 mars, dans laquelle 900 personnes étaient présentes, paraissent désormais anachroniques. «Les gens ont pris conscience, ils ont été confinés pendant deux mois», assure Valentin Rouffiac. Avant d’enchaîner : «Ça nous déchire un peu. On fait de la politique pour discuter avec les gens, là c’est moins chaleureux, plus froid». 

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