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Grève des enseignants : ces 5 fois où Jean-Michel Blanquer s'est attiré leurs foudres

De nombreux enseignants sont en grève, ce jeudi 13 janvier, pour protester contre la politique de Jean-Michel Blanquer. [CLEMENT MAHOUDEAU / AFP]

Ras-le-bol général à l'école. A l'appel de l'ensemble des syndicats enseignants, les personnels de l'Education nationale suivent une grève massive ce jeudi 13 janvier. Réveillée par la succession de protocoles sanitaires déployés contre le Covid-19, la colère des enseignants vise notamment une personne : Jean-Michel Blanquer, leur ministre.

Ce n'est pas la première fois que ce dernier cristallise les rancoeurs des professionnels du secteur.

Celui qui détient le record de longévité au poste de ministre de l'Education nationale a vu son mandat émaillé de plusieurs polémiques qui ont alimenté un sentiment de défiance, notamment de la part des enseignants, à son égard.

Le Covid-19

Récemment, la gestion de la crise sanitaire dans les établissements scolaires est le sujet le plus brûlant. Ce jeudi 13 janvier, le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, décrit une «mobilisation historique par son ampleur sur ces vingt dernières années». Ses prévisions font état de 75% de grévistes parmi les enseignants du premier degré, soit la moitié des écoles fermées.

Les protestataires dénoncent les changements incessants du protocole sanitaire déployé contre le Covid-19, modifié trois fois en seulement une semaine. Les syndicats décrivent «une pagaille indescriptible» qui ne permet ni de protéger les élèves, ni de leur offrir de bonnes conditions d'apprentissage.

«Le gouvernement annonce des choses, mais on ne réfléchit pas à ce que cela signifie pour les personnels sur le terrain : c’est infernal ce qu’on nous demande et donc ça part à vau-l'eau», témoignait cette semaine Olivier Flipo, directeur d'une école dans le Val-d'Oise.

La situation est telle que Jean-Michel Blanquer a été mis en difficulté au Sénat et à l'Assemblée nationale. Certains élus, au sein du Parti socialiste, de la France insoumise et d'EELV, ont réclamé sa démission. Emmanuel Macron lui-même a émis des réserves sur sa politique.

Interpellé dans le Parisien par une enseignante qui l'interrogeait sur le timing du nouveau protocole, annoncé quelques heures avant la rentrée scolaire, le chef de l'Etat a en effet répondu : «Je vous donne le point, il faut plus d'anticipation et plus de temps aux rectorats pour communiquer avec les écoles en amont».

L'allocation de rentrée scolaire

Interrogé en août dernier sur France 3 concernant la proposition d'une députée MoDem, Perrine Goulet, de verser l'allocation de rentrée scolaire (ARS) sous forme de bons d'achat, Jean-Michel Blanquer avait jugé l'idée «intéressante». Avant de lâcher : «On sait bien, si on regarde les choses en face, que parfois il y a des achats d'écrans plats plus importants au mois de septembre qu'à d'autres moments».

Des propos qui avait suscité l'indignation, aussi bien de l'opposition que des syndicats enseignants. Dans un communiqué, le SE-Unsa dénonçait une «suspicion envers les familles précaires», assurant que «les achats liés à l'ARS sont dans leur immense majorité en lien avec l'objectif fixé».

De son côté, le Mouvement national lycéen pointait une «fausse information», déplorant qu'«à l'heure de préparer la rentrée scolaire», le ministre «trouve encore du temps pour mépriser les plus pauvres et discréditer les parents d'élèves».

La laïcité

Les enseignants se sont également dressés contre les propos du ministre de l'Education nationale en octobre dernier. S'exprimant devant mille formateurs pour marquer la première étape d'un vaste plan de formation sur quatre ans des personnels du secteur à la laïcité, Jean-Michel Blanquer avait déclaré que les enseignants devaient «adhérer aux valeurs de la République et les transmettre» ou «changer de métier».

«Si quelqu'un a un problème avec les valeurs de la République, ça peut être possible sur le plan démocratique, en tant que citoyen français, par contre ce n'est pas possible en tant que fonctionnaire de la République», insistait-il.

Un discours qui a franchement déplu aux principaux concernés, les professeurs, qui ont accusé le ministre d'«instrumentaliser la laïcité» pour en faire «un outil de division plutôt que de concorde», selon les mots du SNES-FSU.

Le syndicat avait même exigé que Jean-Michel Blanquer «revienne publiquement sur ses propos insultants», estimant que «c’est en reconnaissant aux fonctionnaires leur qualité de citoyen qu’on leur permet de faire vivre et de transmettre les valeurs de la République». A l'époque, le hashtag #Blanquerdémission avait fleuri sur les réseaux sociaux.

Les accusations d'islamo-gauchisme

Jean-Michel Blanquer s'est aussi attiré les foudres de l'enseignement supérieur, en déclarant, en octobre 2020, que «l'islamo-gauchisme» fait «des ravages à l'université».

Le ministre visait alors plus particulièrement l'Unef qui «cède à ce type de chose» selon lui, mais aussi La France insoumise, au sein de laquelle «vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s'affichent comme tels». «Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire», affirmait Jean-Michel Blanquer.

Poursuivant son raisonnement, le ministre de l'Education nationale appelait à «combattre le fanatisme», pointant du doigt toutes les formes de «complicités intellectuelles» de crimes comme celui du professeur Samuel Paty, assassiné pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe.

Là encore, l'Unef avait enjoint Jean-Michel Blanquer «à revenir sur ses déclarations», le menaçant de prendre «les mesures juridiques à [sa] disposition». L'organisation accusait alors le ministre d'«attiser la haine avec des amalgames inacceptables», d'installer un «climat délétère» et d'«injurier» les étudiants.

La Conférence des présidents d'université avait-elle aussi réagi : «Non, les universités ne sont pas des lieux où se construirait une "idéologie" qui mène au pire. Non, les universités ne sont pas des lieux d’expression ou d'encouragement du fanatisme. Non, les universités ne sauraient être tenues pour complices du terrorisme», écrivait-elle avec «émotion» dans un communiqué.

La réforme du baccalauréat

Le baccalauréat nouvelle formule est sans aucun doute la grande réforme de Jean-Michel Blanquer en tant que ministre de l'Education nationale. Mais, depuis le début, des syndicats, professeurs et lycéens ont tenté de lui «faire barrage», estimant que cette réforme était porteuse d'«inégalités».

Les épreuves communes de contrôle continu, appelées E3C, constituaient notamment un point de tension. Ces examens d'histoire-géo, de langues vivantes et de mathématiques pour la voie technologique étaient réparties en trois sessions sur les années de première et terminale et comptaient pour 30% de la note finale.

Elèves, professeurs et parents s'opposaient alors à cette combinaison entre contrôle continu et baccalauréat classique. Le SNPDEN, premier syndicat de proviseurs, demandait «un contrôle continu pur et dur, prenant en compte les bulletins de note, avec également un maintien d'épreuves finales étalées sur les années de première et terminale, mais réduites». Le Snes-FSU plaidait en faveur des épreuve de fin d'année, seules garantes «de l'égalité devant l'examen».

Dès la première session d'E3C, des blocages ont été organisés dans plusieurs dizaines d'établissements de l'Hexagone et en outre-mer. Des reports d'épreuves ont aussi eu lieu dans 70 à 130 lycées selon les sources, sur 1.600 lycées publics au total.

Leur lancement, en janvier 2020, a donc été particulièrement perturbé, nécessitant l'intervention de la police, voire des pompiers, dans plusieurs établissements. L'intersyndicale avait alors dénoncé une «situation aberrante et intolérable» dans laquelle «des jeunes vont passer des épreuves d’examen, qu’ils rejettent pour un grand nombre d'entre eux, sous la contrainte d’une administration qui fait appel aux forces de l’ordre».

Face à cette contestation d'ampleur, les E3C ont été abandonnées dès la rentrée suivante, remplacées par un contrôle continu «plus souple», basé sur les bulletins scolaires et associé à des épreuves terminales. Une solution plus aisée à mettre en place en période de pandémie, mais qui ne fait toujours pas l'unanimité. Certains pointent en effet l'inégalité du contrôle continu, sachant que la notation varie d'un lycée à un autre, voire d'un professeur à un autre.

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