En direct
A suivre

Pompidou, Balladur, Besson... Les grandes trahisons des présidentielles françaises

Jacques Chirac et Edouard Balladur en 1997, deux ans après la trahison. [GERARD FOUET / AFP]

Les ralliements successifs à Eric Zemmour sont vus par les familles politiques bafouées comme des trahisons. Ces traîtrises fréquentes au moment des élections présidentielles ne sont pour autant pas des nouveautés. Retour sur les grandes trahisons qui ont marqué les courses à l’Elysée.

Georges Pompidou se retourne contre le général de Gaulle

La légende veut que Georges Pompidou ait lancé une «mode» : à partir de sa présidence, aucun locataire du palais de l’Elysée ne s’y installera sans avoir eu, à un moment donné de son ascension, la réputation de traître.

La trahison de Georges Pompidou débute en janvier 1969. Après avoir été limogé à la suite de mai 1968, il se dit, dans une interview donnée depuis Rome, prêt à prendre la responsabilité du pouvoir, se donnant alors le rôle d’alternative au général de Gaulle. Une annonce qui finira de fragiliser le général, qui se retirera de la vie politique quelques mois plus tard, après l’échec du référendum sur la régionalisation.

Jacques Chirac trahi par son «ami» Edouard Balladur

Ce fut l’une des batailles fratricides les plus célèbres de la droite, celle qui opposera «les amis de trente ans», Edouard Balladur et Jacques Chirac. Après son échec en 1988 face à François Mitterrand, Jacques Chirac prépare sa conquête de l’Elysée avec l’aide de son ancien ministre Edouard Balladur.

Cependant, tout comme Chirac avant lui en 1986, Edouard Balladur est nommé Premier ministre de la cohabitation en 1993. Le nouveau locataire de Matignon réduit alors la part des chiraquiens dans son gouvernement et s’éloigne de «Jacques» jusqu’à annoncer sa candidature à la présidentielle de 1995.  La guerre froide entre les deux hommes débute et Balladur est donné favori de la droite dans les sondages.

Mais la trahison galvanisera Jacques Chirac qui finira par remporter la bataille, de peu. Au premier tour de la présidentielle de 1995, Jacques Chirac ne devance Balladur que de 2,3 points.

Eric Besson abandonne Ségolène Royal

Eric Besson était un membre actif de la campagne de Ségolène Royal en 2007. Chargé de chiffrer le programme économique de cette dernière, il l’abandonnera en pleine campagne. La trahison aurait pu être moins douloureuse, si elle n’avait pas eu lieu au soir du premier tour de l’élection et au profit de l’adversaire de la candidate, Nicolas Sarkozy.

Une trahison juteuse pour Eric Besson qui deviendra par la suite le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale du vainqueur et nouveau président Nicolas Sarkozy. Une nomination qui fera réagir le premier secrétaire du PS de l’époque, François Hollande. Réputé pour son humour, ce dernier qualifiera Eric Besson de «traître heureux».

Emmanuel Macron court-circuite François Hollande

La désertion de celui qui était alors ministre de l’Economie sera vécue par son ancienne famille politique (PS) comme une trahison. Emmanuel Macron annonce le 16 novembre 2016 son intention de se lancer dans la course à l’Elysée et court-circuite François Hollande, alors président. 

Lorsque l’on appartient à la famille politique du président sortant, il est d’usage d’attendre le désistement de ce dernier avant de se lancer à son tour dans la course. Un usage qu’Emmanuel Macron n’a pas respecté en quittant le parti socialiste pour créer En Marche et en annonçant sa candidature avant même que François Hollande ait pris sa décision. Le 1er décembre 2016, face à la division du PS, François Hollande annonce qu’il ne se représentera pas.

Manuel Valls lâche Benoît Hamon

Entre Paris et Barcelone, l’ancien Premier ministre de François Hollande s’est forgé une réputation d’opportuniste politique. Après la trahison d’Emmanuel Macron en 2016, Manuel Valls avait insisté sur l’importance de rester fidèle à François Hollande. Quelques mois plus tard, en 2017, l'ancien Premier ministre refusera de soutenir Benoît Hamon, candidat du PS, se ralliant à Emmanuel Macron.

Cependant, Manuel Valls ne voit pas son changement de camp comme une traîtrise. «Quelle est donc cette trahison qui consiste à rester fidèle à ses idées ?», répliquera-t-il.

Après un passage en Espagne, Manuel Valls est de retour en 2022 en France et apporte son soutien à deux candidats. Sur TV5Monde, il a déclaré le 20 janvier : «Je suis prêt à travailler avec Emmanuel Macron et Valérie Pécresse car il n’y a pas d’autres solutions que de rassembler les Français sur l’essentiel.» Une nouvelle déclaration d’allégeance multiple qui n’a pas manqué de faire réagir et de raviver l’étiquette qui lui colle à la peau.  

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités