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Incendies en Gironde : sentinelle des feux, ravitailleurs des pompiers... les chasseurs mobilisés

Les chasseurs surveillent qu’il n’y ait pas de nouveaux incendies.[THIBAUD MORITZ / AFP]

Depuis le 12 juillet dernier, les flammes embrasent les forêts de pins de Gironde. Face à la catastrophe, les chasseurs de la région se sont mobilisés pour venir en aide aux pompiers dans leur mission et limiter les dégâts au maximum.

Vigie des feux 24 heures sur 24, ravitaillement des pompiers durant leur combat contre les flammes ou encore accueil des animaux… Les chasseurs des Landes se sont pleinement inscrits dans une démarche de solidarité et de lutte contre les feux, qui ravagent depuis près d’une semaine leur région et parfois leurs foyers.

Jacques de La Chapelle est médecin dans les Landes, mais il est aussi maître d’équipage de chasse à courre. Aujourd’hui, face à l’ampleur prise par le feu, il s’est mobilisé avec d’autres chasseurs. Il a détaillé, pour CNEWS, les actions menées.

«De mémoire, il n’y a pas gens dans la Lande qui aient vécu un merdier pareil» raconte-t-il avant de poursuivre, «au départ du feu, on s’est dit les Canadair vont arriver et puis ils n’étaient pas là et ensuite ils n’ont pas réussi à le canaliser, donc c’est une vraie catastrophe.»

Une catastrophe qui force à la mobilisation. «Il y a beaucoup de chasseurs en Gironde et ils sont actifs auprès des pompiers et de la DFCI (Défense de la forêt contre l’incendie) que cela soit pour la surveillance des feux, l’intendance auprès des pompiers ou encore l’accueil des animaux de chasse» explique Jacque de La Chapelle.

Surveillance des départs de feux 

Parmi les actions des chasseurs face aux flammes, la surveillance des départs de feux. Une fois que le brasier est éteint par les soldats du feu, les chasseurs se positionnent en vigie pour surveiller tout nouveau départ de feu.

«Il y a beaucoup de chasseurs et de locaux qui viennent avec leurs tracteurs et des citernes d’eau et ils surveillent. S’il y a un feu qui repart, ils peuvent l’éteindre sans avoir à mobiliser les pompiers. On se relaie pour surveiller jour et nuit les zones à risques et éviter que les feux ne repartent là où les pompiers les avaient déjà maîtrisé» a précisé Jacques de La Chapelle.

Autre poste de mobilisation des chasseurs, l’élargissement des pistes forestières pour permettre un plus rapide accès pour les pompiers mais également le doublement du nombre de pare-feu.

«La préfète a fait doubler les pare-feu, abattre les pins le long de la route et ensuite retourner la terre pour que lorsque le feu arrive à ces endroits, ils soient plus facilement stoppé.»

Pour ce faire, certains chasseurs, qui sont également agriculteurs, participent à retourner les routes grâce à leur tracteur pour que la terre bloque mieux la propagation des flammes. Une action complémentaire de celle de bulldozer qui retourne de plus grandes parcelles. 

Ravitaillement des pompiers sur le terrain 

C'est un poste d'aide qui peut sembler plus anodin mais qui revête une grande importance : la participation au ravitaillement des pompiers sur le terrain. Les chasseurs contribuent à l’intendance des soldats du feu. Ils leur apportent de quoi se désaltérer et se nourrir directement sur le terrain.

«Un soir», s'est souvenu Jacques de La Chapelle, «nous leur avons organisé un dîner avec des grillades préparer à l’aide d’une plancha.» Une façon simple de les remercier et par la même occasion de leur redonner des forces pour combattre l’immense incendie qui a déjà ravagé quelque 20.000 hectares de terrain.

Un énorme élan de solidarité 

C’est l’énorme élan de solidarité entre les habitants de la région qui a le plus marqué Jacques de La Chapelle.

«Les gens se sont organisés pour accueillir les animaux de chasse qui devaient être mis à l’abri du feu» a-t-il expliqué avant de prendre son exemple personnel «lundi matin, on nous a dit qu’il fallait déplacer les animaux. J’ai 70 chiens (de chasse) et 5 chevaux. À 9h30 j’ai commencé à appeler pour les confier à 13 h ils étaient tous déjà partis de la maison.»

Le monde du cheval aussi s’est montré solidaire, «les écuries de l'hippodrome de La Teste ont dû être évacuées. J’ai des amis qui font de l’élevage et qui ont de grandes écuries qui en ont accueilli une partie. Il y a toujours eu une grande solidarité entre les veneurs (es chasseurs à courre, NDLR) et le monde des courses»

Mais la solidarité ne s’arrête pas aux animaux de chasse, «certaines personnes ont accueilli des moutons et autres chez eux.»

Une catastrophe environnementale

Cependant, si le feu n’a pas épargné la flore, il en va de même pour la faune. Jacques de La Chapelle a estimé qu’aucun bilan de la mortalité animale n’était pour le moment envisageable, mais il est certain que de nombreux animaux sauvages ont péri brûlés.

«Lors de la surveillance des feux, on a vu des animaux complètement perdus et affolés, des trucs atroces» témoigne Jacques de La Chapelle avec émotion.

C’est pour les animaux considérés comme appartenant à la catégorie des petits gibiers, c’est-à-dire les oiseaux ou encore les lièvres et autres petits mammifères terrestres que le bilan sera plus dur. Les grands animaux comme les chevreuils, les sangliers ou bien encore les cerfs peuvent rapidement effectuer de grandes distances, ce qui leur permet de changer fréquemment de territoire.

«Ils reviendront plus vite lorsque le feu sera maîtrisé» a expliqué le chasseur mais pour «le lièvre par exemple, on va voir ce que ça va donner, s’il y en a beaucoup qui sont morts ils mettront plus de temps à revenir sur le secteur.»

Les forêts des Landes ne sont pas les seules à être ravagées par le feu. Dans le Finistère 1.400 hectares ont déjà brûlé et l'incendie est encore en cours. 

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