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Emeutes en France : tout savoir sur Vincent Jeanbrun, maire de l'Haÿ-les-Roses, victime d'une attaque à la voiture-bélier

Le maire de L’Haÿ-les-Roses a été victime dune attaque à la voiture-bélier sur son domicile, dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet. [REUTERS/Yves Herman]

Ce week-end, la violence des émeutes après la mort du jeune Nahel a franchi un cap, avec une attaque à la voiture-bélier au domicile de Vincent Jeanbrun, le maire de L'Haÿ-les-Roses. Agé de 39 ans, l'édile a un parcours quasi-modèle en politique du côté des Républicains, et pourrait prétendre à de futures ambitions. Portrait.

«On ne lâchera pas, il est hors de question qu'on abandonne». Ce dimanche soir, les téléspectateurs du 20h de TF1 ont peut-être découvert un nouveau visage en politique, celui de Vincent Jeanbrun, le maire de L'Haÿ-les-Roses, qui a subi une tentative d'assassinat lors d'une attaque à la voiture-bélier dans son pavillon familial dans la nuit du 1er au 2 juillet. S'il était alors à l'Hôtel de ville, sa femme et ses enfants étaient présent à leur domicile.

A 39 ans, Vincent Jeanbrun est élu depuis maintenant neuf ans sur cette commune de plus de 30.000 habitants du Val-de-Marne. Originaire d'un milieu modeste et fort d'un bagage politique déjà très solide, il est une figure forte quoique discrète de la droite.

C'est à l'orée de sa majorité que la conscience politique de Vincent Jeanbrun s'est officiellement éveillée. Plus précisément, lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2002, voyant Jean-Marie Le Pen accéder au second tour. En 2014, il racontait au Parisien : «J'ai organisé une grande marche blanche qui a réuni plus de 1.000 personnes. Quand j'ai vu tout ce monde, ça m'a donné des frissons». Symbole fort, le jour de sa majorité, le 5 mai 2002, Jacques Chirac est réélu avec plus de 82% des voix. Il est devenu adhérent à l'UMP en 2004.

A l'origine, son milieu social ne le prédestinait pas nécessairement à s'orienter vers la droite républicaine. Vincent Jeanbrun a grandi dans la cité des Tours Marrons à L'Haÿ-les-Roses, dans un HLM. Enfant de ce chef-lieu du Val-de-Marne, il y a obtenu son brevet des collèges puis son bac. Son père est chauffeur livreur tandis que sa mère, mère au foyer, voyait en lui un fonctionnaire de l'Etat, déjà au service de la population. Pourtant, c'est vers le marketing qu'il s'est d'abord orienté, en intégrant l'école de commerce d'Evry.

Soutien de Valérie Pécresse

Très engagé dans ses années étudiantes, il s'est rapproché de Roger Karoutchi, alors sénateur et conseiller régional d'Île-de-France dans la circonscription des Hauts-de-Seine. Celui-ci a vu en lui un beau potentiel et lui a permis de gravir les échelons pour entamer une carrière politique.

Après avoir été directeur d'une association d'insertion professionnelle, il se présente pour la première fois aux élections cantonales de 2011 à Nanterre (Hauts-de-Seine), sous l'étiquette UMP. Il est toutefois balayé par ses concurrents, terminant seulement à la 5e place au premier tour, avec 7,08% des suffrages exprimés. Par modestie ou nostalgie, le jeune militant revient à L'Haÿ-les-Roses puis devient attaché parlementaire de Valérie Pécresse.

Sans garder un souvenir traumatique de sa première défaite, il s'est lancé le défi de prendre la mairie, un bastion historique de la gauche, lors des élections municipales de 2014. Misant sur sa jeunesse et son passif proche des classes populaires, il profite également des déboires judiciaires de l'ancien maire Patrick Sève, condamné à trois ans de prison avec sursis pour favoritisme et soustraction de fonds publics. Il est ainsi élu à seulement 29 ans et promet d'être «un maire à plein temps, pas un cumulard». Les L'Haÿssiens lui ont redonné leur confiance en 2020, avec 54% des voix dès le premier tour.

Échec aux législatives et accusations de favoritisme

Un parcours quasi parfait qui a été entaché en 2021 par une plainte de l'association Anticor pour «favoritisme, détournement de biens publics, prise illégale d’intérêts et trafic d’influence» concernant des «montages financiers liés à deux importantes opérations immobilières menées à L’Haÿ-les-Roses», «Cœur de ville» et «Locarno», entre 2014 et 2017.

L'organisme de lutte contre la corruption reproche à Vincent Jeanbrun d'avoir stoppé un projet d'aménagement avec l'entreprise Valophis au profit de Citallios, alors même que le maire entretenait des «liens étroits» avec son directeur, Vincent Franchi, également aux Républicains. Cette plainte pour délit de favoritisme n'a pas été concluante auprès du PNF, alors Anticor l'a réitérée avec constitution de partie civile, début 2022. Le maire a quant à lui évoqué une «instrumentalisation de la justice» visant à affaiblir Valérie Pécresse pour l'élection présidentielle de 2022.

Sa carrière est entachée d'un nouvel échec en 2022, lorsqu'il s'est présenté aux élections législatives dans la 7e circonscription du Val-de-Marne. Il a terminé troisième derrière la députée LFI Rachel Keke et l'ancienne ministre des Sports, Roxana Maracineanu, avec 18,32% des suffrages.

Mais ce coup d'arrêt a été très bref. Récemment élu à la tête des LR, Eric Ciotti l'a nommé porte-parole du parti. «Les Républicains prouvent qu’ils ont à cœur de refaire de la droite un parti qui porte une voix singulière, une parole moderne, en phase avec les grands enjeux d’aujourd’hui et de demain : l’innovation, l’environnement, la liberté d’entreprendre», déclarait l'intéressé dans un communiqué.

Suite à cette terrible affaire d'attaque à la voiture-bélier, le parquet de Créteil a ouvert une enquête pour tentative d'assassinat. Vincent Jeanbrun, qui a affirmé qu'il «ne reculerai pas», pourrait ainsi revenir sur une promesse tenue en 2014. Il déclarait alors : «Je ferai maximum deux mandats». Cette récente médiatisation, bien que causée par un triste événement, pourrait lui ouvrir quelques horizons à partir de 2026.

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