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Suède : victoire pour une musulmane qui avait refusé de serrer la main d'un employeur

La justice suédoise a condamné l'employeur à verser des indemnités à la jeune femme discriminée. La justice suédoise a condamné l'employeur à verser des indemnités à la jeune femme discriminée. [© JONATHAN NACKSTRAND / AFP]

La décision pourrait faire jurisprudence. Ecartée d'un entretien d'embauche après avoir refusé de serrer la main d'un employeur, une Suédoise de confession musulmane a été dédommagée par la justice pour discrimation.

Alors qu'elle s'apprêtait à candidater pour un poste de traductrice dans une entreprise à Uppsala, Farah Alhajeh, 24 ans, avait refusé, pour des convictions religieuses, de serrer la main tendue par l'employeur et avait préféré, en guise de salut, poser sa propre main sur son cœur. C'est alors que l'employeur avait coupé court à l'entretien, selon les informations de la BBC.

La justice suédoise a finalement donné raison à Farah Alhajeh. Si l'entreprise s'est défendue que, au nom de l'égalité hommes-femmes, une employée ne pouvait refuser de serrer la main d'un homme, la défense a argué que la jeune femme avait pour habitude de saluer les gens, hommes comme femmes, en posant sa main sur son cœur. Selon les juges, l'entreprise n'aurait pas dû exiger que le salut ne soit effectif que par une poignée de mains, car cela pouvait exclure certains musulmans pratiquants.

«Je crois en Dieu, ce qui est très rare en Suède... Et je devrais pouvoir le faire et que cela soit accepté du moment que je ne blesse personne», a déclaré Farah Alhajeh à la télévision publique suédoise SVT. «Dans mon pays, on ne peut pas traiter différemment les hommes et les femmes. Je respecte cela. C'est pourquoi je n'ai de contact physique ni avec les hommes ni avec les femmes. Je peux vivre selon les règles de ma religion tout en suivant celles du pays dans lequel je vis.»

Une décision inverse dans l'Hexagone

Reconnaissant ainsi la discrimination dont la candidate a fait l'objet, les prudhommes ont ordonné à l'employeur de lui verser près de 4.000 euros en contrepartie. «L'argent n'a jamais été important. Cela n'a aucune importance. Mais j'avais raison, c'est ça l'important pour moi. J'espère ainsi donner de l'espoir aux autres musulmans qui connaissent la même situation et estiment qu'il est inutile de continuer», a confié Farah Alhajeh.

Bien que le refus de serrer une main par conviction religieuse soit protégé par la Convention européenne des droits de l'homme, les Etats européens sont loin d'être unanimes sur la législation en la matière. En 2016, en Suisse, une école avait exempté deux enfants musulmans de serrer la main des professeurs hommes et femmes, après qu'ils aient refusé la poignée d'une enseignante – et l'affaire n'était jamais allée devant les tribunaux. Inversement, en avril dernier, en France, le Conseil d'État avait validé le rejet de la naturalisation d'une Algérienne qui avait refusé de serrer la main à un représentant de la préfecture lors de la cérémonie officielle.

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