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De nouveaux détails glaçants sur le meurtre de Jamal Khashoggi révélés

Le journaliste saoudien critique du régime Jamal Khashoggi a été assassiné le 2 octobre 2018 dans le consulat de son pays à Istanbul. Le journaliste saoudien critique du régime Jamal Khashoggi a été assassiné le 2 octobre 2018 dans le consulat de son pays à Istanbul. [Yasin AKGUL / AFP]

Le quotidien turc Daily Sabah a dévoilé mardi 10 septembre le contenu d'un enregistrement sonore, donnant de nouveaux détails glaçants sur les circonstances du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, assassiné le 2 octobre 2018 dans le consulat de son pays à Istanbul.

On entend notamment dans cet enregistrement, digne d'un thriller, obtenu par les services de renseignements turcs, une conversation entre deux hommes, Maher Mutreb, membre de l'équipe de 15 agents chargée de tuer Jamal Khashoggi, et Salah Al-Tubaigy, médecin légiste travaillant pour le ministère saoudien de l'Intérieur, avant l'arrivée du journaliste critique du régime saoudien au consulat.

«Est-ce que ce sera possible de mettre le corps dans le sac ?», demande Mutreb. «Non. Trop lourd, trop grand aussi», lui répond Al-Tubaigy. «En fait, j'ai toujours travaillé sur des cadavres. Je sais comment les couper. Je n'ai jamais travaillé sur un corps chaud, mais je devrais y arriver facilement», poursuit-il. «Je mets normalement mes écouteurs et écoute de la musique lorsque je coupe des cadavres. En même temps, je sirote mon café et je fume.»

 

A la fin de la discussion, Mutreb demande si «l'animal à sacrifier» est arrivé. A 13h14, un membre du commando de «nettoyeurs» répond par l'affirmative. A son arrivée, Jamal Khashoggi est accueilli par une personne qu'il connaît, au vu de sa réaction. Il est invité à monter au bureau du consul, situé au deuxième étage, avant de devenir d'un coup suspicieux. Il est alors tiré par le bras. «Laissez-moi partir», lance-t-il.

étouffé avec un sac plastique

Mutreb lui affirme que lui et son équipe sont là pour le raccompagner en Arabie saoudite, sur ordre d'Interpol. Mutreb et un autre homme demandent à Khashoggi d'envoyer un texto à son fils, et de lui dire «Je suis à Istanbul. Ne t'inquiète pas si tu ne peux pas me joindre». Mais le journaliste refuse. Celui-ci remarque alors une serviette dans la pièce, et demande : «Allez-vous me droguer ?» «Nous allons vous endormir», répond Al-Tubaigy.

Avant de perdre connaissance, les derniers mots de Jamal Khashoggi seront : «Ne laissez pas ma bouche fermée. Je fais de l'asthme. Si vous ne le faites pas, vous allez m'étouffer.» Le journaliste, qui collaborait notamment avec le Washington Post et résidait aux Etats-Unis, ne s'attend alors pas à être assassiné.

Un sac plastique est mis sur sa tête. Des bruits de suffocation se font entendre pendant quelques minutes, avant que le démembrement de Jamal Khashoggi ne commence. De l'entrée du journaliste dans le consulat à la fin de cette atroce opération, cela aura duré en tout et pour tout une demi-heure. Depuis, les restes de Jamal Khashoggi n'ont jamais été retrouvés.

Le prince héritier saoudien impliqué ?

Certains détails du meurtre, révélés par le Daily Sabah, figuraient déjà dans un rapport de l'ONU sur l'affaire Khashoggi publié en juin dernier. Dans celui-ci, la rapporteure spéciale des Nations unies, Agnès Callamard, affirme qu'il existe «des éléments de preuves crédibles» pour incriminer des hauts responsables saoudiens, «y compris [le] prince héritier» Mohamed Ben Salmane, dit «MBS».

Après avoir changé de version plusieurs fois, Ryad a admis que Jamal Khashoggi avait bien été tué par des agents saoudiens au cours d'une bagarre qui aurait mal tourné, au cours d'une «opération non-autorisée», niant l'implication de MBS. Le procès - non-public - de 11 personnes impliquées dans l'assassinat est en cours en Arabie saoudite. Cinq d'entre eux risquent la peine de mort.

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