Les députés britanniques ont fait leur rentrée ce mercredi 25 septembre à la mi-journée, dans une atmosphère électrique après l'arrêt historique de la Cour suprême. Mardi, celle-ci a annulé la décision controversée de Boris Johnson de suspendre le Parlement durant cinq semaines à l'approche du Brexit.
«Ce Parlement est mort ! Il ne devrait plus siéger ! Il n'a pas le droit moral de s'asseoir sur ces bancs verts !», s'est écrié l'attorney général Geoffrey Cox (le conseiller juridique du gouvernement). Celui-ci est dans une position inconfortable, après avoir assuré au gouvernement, avant la décision de la Cour suprême, que la suspension du Parlement annoncée fin août était légale, selon les informations de Sky News.
«Ce Parlement est une honte !», a poursuivi Geoffrey Cox, dans une furieuse diatribe contre les députés. Il a également violemment critiqué le fait que les parlementaires, «trop lâches», aient rejeté par deux fois l'organisation d'élections anticipées, appelées de ses vœux par Boris Johnson, qui ne dispose plus de majorité absolue au Parlement.
Bientôt Un nouveau vote sur des élections anticipées
Une façon de titiller les parlementaires, alors qu'une nouvelle motion pour la tenue d'un scrutin anticipé sera «bientôt» déposée, a annoncé l'attorney général. «Ce Parlement devrait avoir le courage d'affronter les électeurs, mais il ne le fera pas, parce que beaucoup d'entre eux [les députés] veulent réellement nous empêcher de quitter l'Union européenne», a-t-il accusé.
“This Parliament is a dead Parliament. It has no moral right to sit on these green benches… This Parliament is a disgrace.”
Attorney General Geoffrey Cox says “cowardly” MPs for not having “the courage to face the electorate” in a general election. pic.twitter.com/2NcQcgMEed— Channel 4 News (@Channel4News) September 25, 2019
Tout en appelant à la démission de Boris Johnson, le leader du parti travailliste, Jeremy Corbyn, refuse pour l'instant l'organisation d'élections législatives, tant que la possibilité d'un Brexit sans accord le 31 octobre n'est pas définivement écartée. Une motion de censure contre le gouvernement n'est pas non plus à l'ordre du jour.
Presque étranglé par la colère, le travailliste Barry Sheerman a répliqué en plein Parlement à Geoffrey Cox, en dénonçant la «manipulation cynique» du gouvernement pour tenter de faire taire le Parlement avant le Brexit, qu'il souhaite mettre en oeuvre à tout prix le 31 octobre, dans 36 jours, avec ou sans accord. «Parler de morale et de moralité est une honte !», s'est emporté le député de l'opposition.
The parliamentary mics topping out as Barry Sheerman screams at the attorney general pic.twitter.com/kukm6IjHah
— Oli Dugmore (@OliDugmore) September 25, 2019
Boris Johnson attendu dans l'après-midi
Par ailleurs, Geoffrey Cox a assuré que l'exécutif respecterait une loi votée dans l'urgence par les députés, avant la suspension, l'obligeant à demander un report du Brexit de trois mois si Boris Johnson ne trouve pas d'accord de sortie avec l'UE d'ici au 19 octobre (une date que les Libéraux-Démocrates veulent avancer). Et ce malgré les déclarations passées du Premier ministre, assurant qu'il préférait «être retrouvé mort au fond d’un trou» plutôt que de demander un nouveau délai (le troisième) à Bruxelles.
Le locataire du 10 Downing Street doit s'exprimer ce mercredi en fin d'après-midi au Parlement, selon sa porte-parole, au sujet de la décision de la Cour suprême, qui a porté un grave coup à son autorité, qualifiée de «coup d'Etat constitutionnel» par le ministre des Relations avec la Chambre des Communes, Jacob Rees-Mogg, selon les médias britanniques. Nul doute que le dirigeant conservateur devrait être confronté à un feu de questions et de critiques, au vu des premiers échanges extrêmement tendus entre les députés.