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Coronavirus : Donald Trump veut s'imposer face aux gouverneurs

Les gouverneurs font de l'ombre au président Les gouverneurs font de l'ombre au président[JIM WATSON / AFP]

Rarement un briefing sur le coronavirus aura été aussi violent aux Etats-Unis depuis le début de l'épidémie. Assailli de questions par les journalistes, Donald Trump s'est emporté à plusieurs reprises pour afficher son autorité, alors que les décideurs locaux semblent gagner en popularité face à lui.

Gavin Newsom et Andrew Cuomo. Ces deux seuls noms représentent l'exact opposé du pensionnaire de la Maison Blanche. Respectivement gouverneurs de Californie et de New York, les deux élus ont gagné une stature nationale pendant l'épidémie, grâce à une gestion et surtout une communication saluée par le public. Rassurant et utilisant les faits, Andrew Cuomo a même gagné le respect d'une partie des républicains et proches de Trump

Cette concurrence semble agacer le président, qui a martelé avoir une «autorité totale», notamment pour rouvrir l'économie des Etats confinés. «Les gouverneurs le savent», a-t-il assuré. «Certains dans les Fake News Media disent que c'est la décision des gouverneurs d'ouvrir les Etats, pas celle du président et du gouvernement fédéral. Soyons clair, cela est incorrect. Il s'agit d'une décision du président, pour un tas de bonnes raisons», a ensuite tweeté le chef d'Etat. Sauf que les concernés ne semblent pas d'accord, et cela pourrait engendrer une grande bataille politique lorsque le déconfinement sera à l'ordre du jour. 

En effet, «ces ordres exécutifs sont des ordres exécutifs de l'Etat, donc c'est à l'Etat et au gouverneur de les suspendre», a expliqué Chris Sununu, gouverneur républicain du New Hampshire sur CNN. Au même média, Andrew Cuomo a été moins poli en assurant que «vous ne devenez pas roi grâce à un état d'urgence». Pour rappel, les gouvernements fédérés jouissent ainsi d'une grande autonomie dans le pays.

Cette tension entre élus locaux et la Maison Blanche n'est pas nouvelle, puisque nombreux sont les Etats qui attendaient une réponse fédérale au début de l'épidémie, comme un confinement national. Ce dernier n'est jamais venu. Les décisions ont donc été prises par les gouverneurs. Certains se sont d'ailleurs alliés entre voisins pour se coordonner, comme les Etats de New York, New Jersey, Connecticut, Pennsylvanie, Delaware et Rhode Island. 

Direction la Cour suprême ? 

Mais alors qui a véritablement raison ? Plutôt les gouverneurs si l'on écoute Julien Boudon, doyen de la faculté de droit de Reims et auteur de «Le droit et la balance. Etude de droit constitutionnel américain». «Donald Trump a laissé la main aux Etats dans le début de la crise quand il s'agissait de fermer l'économie, il n'est donc pas forcément justifié d'intervenir pour la rouvrir, explique le spécialiste. De plus, la compétence de la santé publique relève plutôt des Etats fédérés. Il faudrait donc invoquer des grands principes comme l'économie en crise qui inquiète les Américain, grâce à la clause de commerce.»

Mais même dans ce dernier scénario, ce n'est pas si simple pour le président. Si les Etats ne sont pas d'accord, une bataille juridique débutera, et pourrait se régler à la Cour suprême. Cette dernière, quand bien même à majorité conservatrice, ne trancherait pas forcément en faveur de la Maison Blanche. «Sur les questions de fédéralisme, les juges démocrates risquent de vouloir freiner Donald Trump, et les républicains peuvent être sensibles à l'autonomie des Etats», assure Julien Boudon. Si les tensions en arrivaient là, avec une victoire pour les gouverneurs, le camouflet serait très important pour le président. Sa volonté d'asseoir son autorité «totale» pourrait donc être plus risquée qu'il n'y paraît. 

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