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Liz Truss Première ministre du Royaume-Uni : mauvaise nouvelle pour la France ?

Les relations entre Liz Truss et Emmanuel Macron ne commencent pas sous les meilleurs augures. [JUSTIN TALLIS / AFP]

Les relations entre la France et le Royaume-Uni s'annoncent houleuses après l'élection par les conservateurs britanniques de Liz Truss au poste de Première ministre. Les deux pays ont pourtant de nombreux contentieux à régler.

Après l'imprévisible Boris Johnson, la pragmatique Liz Truss saura-t-elle apaiser les relations avec la France ? Ceux qui le pensaient ont vu leurs espoirs douchés en écoutant les récentes déclarations de la nouvelle Première ministre, désignée chef des conservateurs par ses pairs lundi et intronisée cheffe de gouvernement par la reine Elizabeth II ce mardi.

Quelques jours à peine avant sa victoire, la nouvelle locataire du 10 Downing Street bottait en touche quand une journaliste lui demandait si Emmanuel Macron était «un ami ou un ennemi», répondant qu'elle le jugerait «sur ses actes». Une esquive qui n'a pas été du goût du président français pour qui «on va vers de sérieux problèmes» si «on n'est pas capables, entre Français et Britanniques, de dire si on est amis ou ennemis».

Le président français a d'ailleurs un peu tardé avant d'adresser ses «félicitations» à Liz Truss. «Le peuple britannique est un peuple ami, la Nation britannique, notre alliée», a-t-il écrit dans la soirée de lundi sur Twitter, comme une réponse aux propos de la nouvelle dirigeante.

Pêche, immigrations, eaux usées...

Il faut dire qu'entre Paris et Londres, le passif diplomatique est chargé. Les contentieux se sont multipliés ces derniers mois, au premier rang desquels celui de l'immigration illégale. Le dossier reste explosif alors que le nombre de traversées illégales de la Manche vers l'Angleterre continue d'augmenter. Les tensions de novembre 2021, qui avaient culminé après la noyade de 27 migrants, n'ont pas permis de crever l'abcès.

«Le Royaume-Uni accuse la France d'être une passoire mais n'a pas toujours pas payé la somme qu'ils doivent à la France pour améliorer la lutte contre l'immigration illégale», pointe Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences-Po et spécialiste des questions européennes.

L'incident autour des licences de pêches, qui avait aussi enflammé les relations franco-britanniques l'automne dernier, semble lui clos. Mais les pêcheurs français pourraient de nouveau manifester leur colère après le rejet dans la Manche d'eaux usées non-traitées. Une «catastrophe écologique» dénoncée par Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France.

French bashing

Les piques lancées par Liz Truss à Emmanuel Macron sont aussi à replacer dans le contexte britannique, rappelle Patrick-Martin Genier. «Elle a été élue par les conservateurs les plus nationalistes, pour qui il est de bon ton de taper sur la France», souligne notre expert. Alors que les difficultés économiques s'accumulent au Royaume-Uni, «c'est plus facile de remettre la faute sur les autres, la France et l'Union européenne en tête».

Car en attaquant le président français, la nouvelle Première ministre vise aussi le leader européen. Le feuilleton du Brexit, négocié durement par Liz Truss quand elle occupait le siège de secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, n'est pas terminé. Le fragile équilibre trouvé par Londres et Bruxelles pourrait même être dynamité dans les tous prochains mois.

«Liz Truss a d'ores et déjà déposé à la Chambre des Communes un projet de loi remettant en cause l'accord commercial sur la frontière entre l'Irlande du Nord, qui fait partie du Royaume-Uni, et la République d'Irlande, membre de l'Union européenne», souligne Patrick-Genier. Un accord pourtant signé par Boris Johnson.

divergences sur l'Ukraine

Au chapitre géopolitique, l'entente n'est guère meilleure. Pour l'heure, les dirigeants britanniques semblent surtout vouloir démontrer que leur pays peut assumer son statut de puissance incontournable sur la scène internationale malgré le Brexit.

Mais sur le dossier ukrainien, le zèle des Britanniques à se poser en meilleurs alliés européens de l'Ukraine face à l'invasion russe agace la France, qui se retrouve bien seule à vouloir maintenir un canal de discussion avec Moscou.

La confiance entre les deux capitales n'est plus au beau fixe depuis le lancement de l'alliance Aukus. Ce partenariat noué entre l'Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni s'était soldé par l'annulation par Canberra d'un gigantesque contrat d'achat de 12 sous-marins français. Une cicatrice jamais totalement refermée.

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