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Un an de guerre en Ukraine : les conséquences du conflit sur votre quotidien

D'après la Commission européenne, le prix du litre de diesel était de 1,83 euro en France à la mi-février, soit l'une des factures les plus lourdes d’Europe. [GUILLAUME SOUVANT/AFP]

Alors que la guerre en l’Ukraine perdure depuis un an, les conséquences économiques pour le reste du monde se sont amplifiées. Les difficultés quotidiennes des Français se sont creusées sur des thématiques majeures comme l’énergie, l’alimentation ou encore le pouvoir d’achat.

Le Gaz

La France importe 99% de son gaz, dont 20% depuis la Russie. Avec la guerre en Ukraine, puis les nombreuses sanctions européennes imposées à Moscou et enfin l’embargo russe sur l’énergie, les tarifs de cette ressource ont grimpé en flèche en France depuis un an.

«Cela a poussé l’Etat à développer son approvisionnement en gaz liquide, ce qui suppose des installations portuaires adaptées pour recevoir du gaz liquéfié», relève l'économiste Philippe Crevel pour CNEWS. La France, qui cherche à s'affranchir de sa dépendance au gaz russe, s'est tournée vers cette énergie, dont les grands producteurs sont les Etats-Unis et le Qatar.

Face à la flambée des coûts, l’Etat français a décrété le gel des prix du gaz pour toute l’année 2022. Cet avantage devrait disparaître au 1er juillet prochain, conformément à la loi énergie-climat du 8 novembre 2019. Une mesure largement décriée en cette période de crise énergétique puisqu’elle devrait permettre aux opérateurs de faire payer plus cher les consommateurs, même si les cours du marché diminuent.

Grâce à la mise en place du bouclier tarifaire en France, la facture des bénéficiaires du tarif réglementé du gaz, qui aurait dû grimper de 122% depuis novembre 2021, n’a pas évolué en 2022. Au 1er janvier dernier, la hausse a été contenue à 15% jusqu’à la fin programmée du dispositif malgré les fortes tensions sur le marché énergétique liées à la guerre en Ukraine.

l'Électricité

Face aux tensions sur le marché mondial de l’électricité, le gouvernement a demandé aux Français de réduire leur consommation cet hiver, sous peine de connaître des coupures d’électricité. Ce mardi, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a assuré sur CNEWS que les particuliers ne seraient pas touchés par ces coupures d'ici à la fin de l'hiver «si nous continuons à être vigilants».

«Ce conflit a conduit Emmanuel Macron a accéléré ses décisions sur l’énergie nucléaire. Il a pour ambition de remettre l’énergie nucléaire comme solution à notre indépendance énergétique. Cela avait été le cas lors des deux précédents chocs pétroliers en 1965 et 1979. Sa décision de construire 6 centrales EPR d’ici à 2030 est évidemment une conséquence directe du conflit», analyse Philippe Crevel.

Le bouclier tarifaire, prolongé aussi pour l’électricité au 1er février 2023, a pour but de contenir la hausse des tarifs à 15% comme pour le gaz. Cette augmentation, de l’ordre de 4% en février 2022, aurait atteint 35% à la même période sans le bouclier tarifaire, selon EDF. Cette source a estimé que les prix de l’électricité auraient même doublé en février 2023 sans la reconduction de ce dispositif de l’Etat.

Pour rappel, 12 millions de ménages, soit les 40% des foyers les plus modestes, ont par ailleurs bénéficié d'un chèque-énergie de 100 à 200 euros en décembre 2022.

Selon Philippe Crevel, «les mesures prises par le gouvernement ont permis d’atténuer à peu près la moitié de l’inflation subie avec la hausse des prix de l’énergie». Une aide non négligeable pour les Français, surtout si on compare la situation chez nos voisins européens, dont les gouvernements ont été moins interventionnistes.

le Pétrole 

La France est dépendante à 99% des importations de pétrole brut pour sa production de produits pétroliers. Malgré une forte diminution depuis près d'un an, plus d'un quart des importations de gazole par l'Europe venait toujours de Russie début 2023, selon le site spécialisé S&P Global.

Le 5 février dernier, l’Union européenne a décidé un embargo immédiat visant à ne plus importer de produits pétroliers en provenance de Russie. Selon plusieurs spécialistes du marché pétrolier, cette mesure pourrait ainsi entraîner une hausse des prix à la pompe en France.

D'après les données de la Commission européenne, confirmées par le ministère de l'économie, le prix du litre de diesel était de 1,83 euro dans l'Hexagone à la mi-février, soit l'une des factures les plus lourdes d’Europe. Selon l’Insee, la facture liée à l’approvisionnement de gazole en France a déjà grimpé de plus de 30 % entre janvier 2022 et janvier 2023.

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Afin d’aider les automobilistes, le gouvernement a annoncé le 13 février dernier le prolongement de l’indemnité carburant de 100 euros jusqu’à la fin du mois de mars. Ce mardi, Emmanuel Macron a évoqué, lors d’un déplacement à Rungis, l’ambition de son gouvernement d’inciter les entreprises à faire «un petit geste diesel».

l'Alimentation 

En janvier 2023, l'indice des prix à la consommation en France a augmenté de 6% sur un an, selon l'estimation provisoire fournie par l’Insee. A titre de comparaison, il avait seulement progressé de 0,5% en une année en janvier 2022. Dans le détail, entre février et septembre 2022, la part de la contribution de l’alimentation dans la hausse décrite a grimpé de 0,5 point à 2 points.

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D’après l’Insee, les tarifs des céréales ont augmenté de 23,3% en France entre janvier 2022 et janvier 2023. Sur la même période, les produits de la mer ont subi une hausse des prix de 22,2% sur notre territoire, suivis par le sucre avec 13,4%.

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Avec la guerre sur son territoire, l’Ukraine a perdu une grande partie de ses capacités agricoles. Considérée comme une grande productrice de blé, de tournesol et de maïs, cette nation a vu sa production agricole être divisée par deux depuis le début du conflit. Elle a perdu un quart de sa surface cultivable, faisant baisser de 40% sa production de céréales l’an dernier. Le conflit a eu pour conséquence directe de faire flamber le cours des matières premières sur les marchés mondiaux.

Pour remédier à cette situation, l’ONU, avec l’appui de la Turquie, est parvenue à faire signer aux deux pays en guerre un accord sur un corridor maritime. Ce dernier a permis de sortir plus de 20 millions de tonnes de produits agricoles des ports ukrainiens depuis le 1er août, selon l’AFP. Toutefois, le renouvellement de l’accord, prévu le 18 mars prochain, paraît compromis avec l’enlisement des relations diplomatiques entre l’Ukraine et la Russie. Une décision qui affecterait à coup sûr la vie quotidienne des Français.

l'Inflation et le pouvoir d’achat

«Rapidement après l’intervention russe en Ukraine, l’Etat français a mis en place le bouclier tarifaire puis les ristournes. Sur l’ensemble de l’année 2022, cela représente plus de 45 milliards d’euros de soutien au pouvoir d’achat des ménages et des aides aux entreprises (…) La diminution du pouvoir d’achat se situe autour de 2% des revenus», détaille Philippe Crevel.

«C’est un préjudice pour les ménages mais il est relativement modeste par rapport au choc économique subi. C’est inférieur aux baisses du pouvoir d’achat enregistrées dans la plupart des autres pays. Ceci est lié aux mesures de ristournes et au fait que l’inflation en France a été plus faible que chez nos voisins. Le maximum a été autour de 6-7%, quand l’inflation a dépassé 10% au sein de la zone euro», explique l'économiste.

Quelles sont les perspectives économiques ?

Alors que l’issue de la guerre en Ukraine est toujours aussi incertaine, les conséquences économiques sur le reste du monde ont pris de l’ampleur au fil des mois. En France, la volonté affichée par l’exécutif de tendre vers une plus grande rigueur budgétaire dans un avenir proche pourrait aggraver les difficultés économiques rencontrées au quotidien par les Français.

«Dans les prochains mois, le pari du gouvernement est assez clair. Bruno Le Maire l’a répété ce lundi matin. L’État vise une décrue de l’inflation pendant le printemps et le début de l’été 2023, permettant de réduire le coût pour les finances publiques. La France, comme les autres pays européens, doit essayer de sortir de plus de trois ans de politiques publiques fortement déficitaires», a analysé Philippe Crevel pour CNEWS.

Cette volonté gouvernementale de mettre fin à la politique de «quoiqu’il en coûte» au profit d’une plus grande rigueur budgétaire pourrait peser lourd sur la vie quotidienne des Français. Cette dernière a été largement préservée jusqu’à maintenant par une succession de mesures visant à alléger l’impact économique du conflit. Elle pourrait être beaucoup plus dure dans les prochains mois en cas d’enlisement de la guerre en Ukraine.

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